La période estivale est propice à la découverte. Nos vacances nous ont peut-être menés vers de nouveaux paysages, de nouvelles couleurs, une lumière différente de celle du quotidien. Ou bien avons-nous pris le temps de visiter des expositions, lieux et sites remarquables qui nous ont ouverts à d’autres cultures, à d’autres regards. Sans avoir plus, nous nous sommes enrichis par la pluralité des cultures des Hommes, et par la diversité de la Création. Il faut bien dire, sans chauvinisme aucun bien sûr, que la Création est particulièrement belle et variée en France !
Ainsi, s’imprégner de la beauté peut passer par la contemplation d’un paysage, par exemple une vue depuis les jardins de la chapelle d’Aubune à Beaumes de Venise. Mais aussi par la création (avec un petit c) de l’Homme : retournons-nous et admirons la chapelle et son clocher.
Les artistes, artisans et architectes sont les gardiens de la beauté du monde, disait Paul VI aux artistes, en clôture du Concile Vatican II.
« La beauté, comme la vérité, c’est ce qui met la joie au cœur des hommes, c’est ce fruit précieux qui résiste à l’usure du temps, qui unit les générations et les fait communier dans l’admiration. »
Recherchons-nous la beauté dans notre quotidien ? Pourquoi devrait-elle être réduite au temps suspendu des vacances ? Savons-nous éveiller notre curiosité et nourrir notre âme, par la recherche du beau, du vrai, du bon ? Dans nos maisons comme dans nos paroisses, où tant de tableaux, de vêtements liturgiques, d’ornements s’abîment et disparaissent. Pour retrouver le goût de la beauté, l’art sacré est une excellente école.
De la beauté à l’environnement, en passant par l’Autre
Cette recherche du beau est parfois délaissée au profit du pratique aux conditions de fabrication douteuses, de la possession supplémentaire mais inutile, du consommable-jetable. « Quand quelqu’un n’apprend pas à s’arrêter pour observer et pour évaluer ce qui est beau, il n’est pas étonnant que tout devienne pour lui objet d’usage et d’abus sans scrupules. » LS 215
Dans son discours aux artistes du 21 novembre 2009, Benoit XVI alertait sur la beauté dévoyée :
« Mais trop souvent la beauté qui est publicisée est illusoire et mensongère, superficielle et éblouissante jusqu’à l’étourdissement et, au lieu de faire sortir les hommes d’eux-mêmes et de les ouvrir à des horizons de véritable liberté, en les attirant vers le haut, elle les emprisonne en eux-mêmes et les rend encore plus esclaves, privés d’espérance et de joie. Il s’agit d’une beauté séduisante mais hypocrite, qui réveille le désir, la volonté de pouvoir, de possession, de domination sur l’autre et qui se transforme, bien vite, en son contraire, assumant les visages de l’obscénité, de la transgression ou de la provocation pour elle-même. En revanche, la beauté authentique ouvre le cœur humain à la nostalgie, au désir profond de connaître, d’aimer, d’aller vers l’Autre, vers ce qui est Au-delà de soi.
Si nous laissons la beauté nous toucher profondément, nous blesser, nous ouvrir les yeux, alors nous redécouvrons la joie de la vision, de la capacité de saisir le sens profond de notre existence, le Mystère dont nous faisons partie et auquel nous pouvons puiser la plénitude, le bonheur, la passion de l’engagement quotidien. »
Ainsi dans cette expérience de la beauté, il y a aussi la rencontre de l’Autre ; par la découverte d’une culture différente de la mienne, d’une identité originale qui me sort de mon cadre habituel. Et cette diversité des cultures « non seulement dans le sens des monuments du passé mais surtout dans son sens vivant, dynamique et participatif, (…) ne peut pas être exclue lorsqu’on repense la relation de l’être humain avec l’environnement. » LS143
Benoît XVI encore le souligne dans son discours aux artistes :
« Le monde dans lequel nous vivons risque de changer de visage à cause de l’œuvre qui n’est pas toujours sage de l’homme qui, au lieu d’en cultiver la beauté, exploite sans conscience les ressources de la planète au bénéfice d’un petit nombre et qui souvent en défigure les merveilles naturelles. »
Tout est lié. Et en cette période de rentrée, prolongeons l’émerveillement des vacances par la poursuite de notre recherche de la beauté, en nous affranchissant des goûts éphémères et sans valeur véritable, en choisissant d’enrichir notre être plutôt que notre avoir.
Marie-Anne MOLLE