Edito de l’évêque> « Discerner les chemins que notre Eglise diocésaine doit emprunter dans le temps qui est le nôtre. »
Nous voilà au terme de la période estivale. Initiatives culturelles à Avignon avec un festival qui semble avoir repris son rythme habituel et est venu comme réveiller le visage de notre ville. Chorégies à Orange, Choralies à Vaison la Romaine, mais également bien des initiatives et festivités qui ont animé nos communes au fil de l’été. Le Vaucluse a retrouvé ses vacanciers, avec toute la particularité de cette période pour celles et ceux qui se préoccupent d’accueillir, et cela dans les meilleures conditions.
Ce temps a été aussi précieux, je l’espère pour chacune et chacune d’entre nous. Quelle que soit la forme prise, j’espère qu’il a pu être un moment de recul où l’on peut considérer autrement les rythmes de l’année, les responsabilités ou les charges qui sont les nôtres, situer l’essentiel de tout ce qui peut venir l’encombrer dans le quotidien.
L’année reprend donc pour chacun personnellement, pour les lieux où nous vivons et investissons, en famille, dans le travail ou la vie associative, pour nous également, dans la vie ecclésiale. Je souhaite à chacun de reprendre tout cela non pas comme à la suite d’une parenthèse, et parce qu’il le faut, mais comme une période qui s’ouvre, régénérée par ce que cet espace estival a permis de recul, de rencontres nouvelles, de discernement peut-être.
Septembre est aussi la période où des personnes en responsabilité se renouvellent. C’est vrai sur le plan civil. Le Vaucluse accueille une nouvelle Préfète. Pour notre vie ecclésiale, un certain nombre de prêtres sont nommés à des postes nouveaux. Les communautés qu’ils quittent ont su leur exprimer leur gratitude. Celles qui les accueillent sauront aussi leur manifester la bienvenue par la manière de les recevoir comme ‘envoyés’ et de leur permettre peu à peu de prendre la mesure de la mission nouvelle qui leur est confiée. Je veux redire une nouvelle fois à chacun ma reconnaissance pour leur réponse et leur disponibilité. Pour ma part, après l’année d’accompagnement qu’on accepté de vivre auprès de moi comme vicaires généraux, les pères Pascal Molemb Emock et Jean Marie Gérard, qui savent ma gratitude, j’accueille le père Charles-Bernard Savoldelli comme vicaire général pour poursuivre cette mission de proximité et de soutien de la charge qui est la mienne ; un nouveau conseil épiscopal se recompose avec lequel nous allons prendre le temps de trois jours de travail au tout début de ce mois1.
Portons les uns et les autres dans l’attention et la prière. La mission des prêtres ou des membres de ce conseil est importante. Elle participe à la fonction de gouvernement de l’Eglise dont l’évêque a particulièrement la charge, mais qu’il ne peut assumer sans le soutien de bien des collaborateurs. Il en va de même pour les prêtres qui reçoivent la charge de curé. Nous avons à chercher avec eux la manière la plus juste de vivre cette responsabilité avec des baptisés membres de la communauté chrétienne. En ce sens, nous aurons à chercher au fil de cette année, comment associer plus de laïcs baptisés à l’animation de nos communautés.
Notre premier rendez vous commun important est le dimanche 16 octobre où le diocèse est invité à se rassembler à Cavaillon pour un temps de lancement de l’année enraciné dans la joyeuse célébration de la canonisation toute récente de Saint César de Bus le 15 mai dernier à Rome, et orientée vers la réflexion que nous avons à vivre cette année pour discerner les chemins que notre Eglise diocésaine doit emprunter dans le temps qui est le nôtre, et la place que tous baptisés, laïcs, religieux et religieuses, diacres et prêtres nous avons à prendre pour participer à sa vie et à sa mission.
Je vous invite tous à noter cette invitation et à vous attacher à y prendre part. Ce temps que je souhaite temps d’Eglise pour toutes les communautés de notre diocèse, devrait nous permettre de préciser la réflexion à vivre au fil de l’année qui vient, dans le prolongement du temps synodal que nous avons vécu, et inviter chacun à y prendre sa part.
Après ce mois d’août, marqué par la célébration de l’Assomption de Marie, demandons-lui de nous soutenir dans l’attention aux appels que le Seigneur nous adresse et la disponibilité confiante pour lui donner réponse.
Belle année pastorale à chacun.
+ François Fonlupt
Archevêque d’Avignon
1 Pour conseiller l’évêque, il est désormais composé du père Charles-Bernard Savoldelli, de Mlle Isabel Velasco, de Mr Bernard Mussotte diacre, et des pères Olivier Dalmet et Denis Le Pivain.
Paroisses en créations > Art et témoignage : vive la Création !
En cette rentrée, temps propice à un nouvel élan grâce au repos des vacances, je souhaitais vous partager un beau témoignage, celui d’une œuvre parlant de la beauté de la Création et par là, de la bonté du Créateur envers nous, qu’Il a placé dans sa Création. Il existe de nombreuses manières de témoigner de l’Amour de Dieu, de fêter la joie de l’Incarnation, de célébrer son Nom, de Le remercier pour ses dons : certains ont composé de la musique, d’autres ont commandé des ostensoirs magnifiques, d’autres encore des peintures didactiques, créé des jardins miroirs du Paradis (sûrement), … Dans nos paroisses, les idées qui germent sont parfois, dans l’élan, transformées en projets puis réalisées. Et voilà un nouvel outil pour annoncer la Bonne Nouvelle.
Un projet inattendu, aux fruits lumineux.
L’outil présenté ici est un parfait contre-exemple, car le chemin emprunté est particulièrement inhabituel mais le résultat obtenu est une joie pour les yeux (Dieu est grand et il est bon). En effet, il ne s’agit pas d’une commande passée par une paroisse à un artiste de son choix (et pourtant, il y aurait de quoi faire dans chacune de nos paroisses !) mais au contraire d’un projet lancé et porté par une municipalité, celle du joli village de Suzette. L’église paroissiale, petit bijou roman posé tout contre la vue sur le plus beau pays du monde, ne possédait pas de vitraux. Des travaux de réfection de l’église sont prévus, qui se révèlent compatibles avec un projet de création, notamment sur la question de l’aération et de la sécurité. Mme le Maire et son équipe municipale passent alors commande à une artiste peintre habitant le village. Le projet a été soutenu par la Fondation du Patrimoine et la Mission Bern, permettant d’alléger le coût financier supporté par le propriétaire.
La Commission Diocésaine d’Art Sacré et M. le Curé de Notre-Dame des Dentelles ont eu la joie de visiter l’atelier de l’artiste, Bénédicte Plumey, en cours de réalisation des maquettes, qui servent de bases à la création des vitraux par le maître verrier (Christophe Berthier à Grenoble). Le temps de la recherche et du dessin s’est déployé sur plus d’une année. Bénédicte Plumey a pris le temps justement, de s’imprégner du lieu, d’y goûter les effets de lumière selon les saisons et les heures, d’en apprécier l’environnement dont elle a extrait les matériaux de base : simples, fleurs des champs, lilas d’Espagne, aubépine, rosiers, pervenche, genêt, figuier. Son choix s’est porté sur 7 couleurs correspondant symboliquement aux 7 dons de l’Esprit Saint, dans une palette de tons évoquant la douceur, la tendresse et l’Espérance : bleus lumineux, rose à l’or, opaline blanche, et détail des dessins à la grisaille… Nous n’imaginons pas le travail de création depuis le croquis jusqu’à la traduction de la maquette finale en vitrail !
L’Esprit Saint donc, dans l’oculus, un vitrail de l’Annonciation dans la chapelle de la Vierge, un vitrail du baptême du Christ, dans des tons bleus pour la lumière du nord, un vitrail de la pêche miraculeuse au sud (mon favori) car l’église est dédiée à Saint Jacques et Saint Philippe, les éclats de couleur des lancettes du chœur.
Les photographies présentées ici ne vous donnent qu’une idée de la qualité du travail. Comme pour tous les vitraux, il faut aller voir sur site ! Je vous partage donc ce beau projet, témoignage d’une Foi vivante et joyeuse, pour tous ceux qui entreront dans cette église.
Marie-Anne Molle
(photographies Bénédicte Plumey, sauf oculus)
Portrait> Sur les pas de Marie-Madeleine
Mireille, accompagnée d’une douzaine de personnes, a marché, pendant une semaine, entre les Saintes-Maries-de-la-Mer et Marseille, avec l’association des Chemins des Saints et des Saintes de Provence.
Ce nouveau chemin s’appelle : Sur les pas de Marie-Madeleine.
« On sait que la famille de Béthanie est arrivée en Provence à la suite des persécutions contre les chrétiens en 43.
Ils ont été mis dans un bateau sans voile ni gouvernail, comme les Romains faisaient à l’époque pour perdre et se débarrasser des gens. Et grâce à des courants qui partent de Palestine, ils sont arrivés aux Saintes-Maries-de-la-mer. La famille de Béthanie, ce sont de grands amis de Jésus dont on parle dans les Evangiles : Lazare, Marthe et Marie-Madeleine. Il y avait aussi Sarah leur servante. Ils sont venus à plusieurs bateaux, probablement à des périodes un peu différentes ; Marie Salomé et Marie Jacobé ont également accosté.
En arrivant aux Saintes Maries, ils établissent une petite communauté chrétienne. Mais tous n’y sont pas restés. Sainte Marthe est partie vers Tarascon où elle a tué la Tarasque, probablement un crocodile apporté par les Romains.
Marie-Madeleine ira jusqu’à la Sainte-Baume, en passant par Marseille où elle a évangélisé les personnes qui arrivaient par bateau sur les quais de la Major.
Quant à Lazare leur frère, il a été le premier évêque de Marseille. C’est à partir de là que la Gaule a été christianisée ! »
« La première étape faisait 30 km, donc ce fut difficile pour commencer, avec en plus les moustiques en Camargue ! Les étapes suivantes étaient plus courtes. Aux Salins-de-Giraud, nous avons visité une vieille église orthodoxe qui avait été implantée pour les nombreux ouvriers qui travaillaient aux Salins.
Le lendemain, à l’aube nous avons traversé le Rhône par le bac de Barcarin, dans une brume absolument extraordinaire. Nous sommes ensuite arrivés à Fos, non du côté industriel mais en pleine nature avec des canaux bordés de magnifiques iris jaunes. Nous avons été très bien accueillis par le prêtre de Fos.
Ensuite nous sommes partis pour Martigues, puis nous avons fait la Côte bleue, absolument magnifique, et nous sommes ainsi arrivés à Marseille par l’Estaque. Je garde le souvenir émerveillé de cette nature magnifique, et tout ce bord de mer merveilleux ! Et tout au long du chemin, de nombreuses chapelles Sainte-Madeleine sont des indices du passage de famille de Béthanie. »
Mireille aime à raconter aussi l’accueil chaleureux dans les paroisses, notamment à Martigues ou aux Aygalades, dans les quartiers nord de Marseille.
Un autre souvenir marquant : Mgr Dufour a rejoint la marche à partir de Martigues, et dans l’après-midi, il a lancé la prière du chapelet, dans un paysage de bord de mer :
« On avalait des kilomètres avec l’impression d’être portés ! »
Ce chemin est nouveau et la région va prendre les choses en mains, car elle sent que cela peut être très porteur d’un point de vue économique. Les prévisions annoncent en effet 100000 marcheurs-pèlerins dans les 3 ans qui viennent, donc la région va faire de gros efforts pour baliser le chemin, organiser des gîtes, des points d’eau, des sanitaires.
L’année prochaine, le chemin se poursuivra de Marseille jusqu’à Saint-Maximin.
Pour Marthe, il y aura aussi un chemin qui partira des Saintes-Maries-de-la-Mer jusqu’à Tarascon, sans doute en 2024.
Donc plusieurs années de marche offerte pour tous, sur les pas des Saints et des Saintes de Provence !
Résumé d’un entretien avec Martine Racine pour l’émission « Pourquoi le taire » sur RCF Vaucluse,
par Sylvie Testud
Le livre du mois> Mourir vivant, de Philippe de Maistre
Ce « mourir vivant » de Philippe de Maistre fait écho au « vivre en mortel » de Christian de Cacqueray précédemment présenté… tant il est vrai que la mort et la vie sont indissociables. L’objectif de ce livre est justement de rappeler qu’il ne faut pas plus chasser la mort de la vie que la vie de la mort . Pour relever ce défi, deux exigences s’imposent :
« permettre au mourant de vivre, premièrement jusqu’au bout, et deuxièmement dans toutes les dimensions de son être : corps, âme, esprit. »
Toute la vie consiste à purifier l’Éros pour qu’il se mue peu à peu en Agape, autrement dit à apprendre à se détacher de son égo et du désir de se satisfaire soi-même, pour se rendre pauvre, et enrichir au contraire ceux qu’on aime.
Si l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur [doit] se renouvelle[r] de jour en jour… nous rappelle Saint Paul. C’est l’objectif de toute une vie… Et la mort reste le moment privilégié d’ouverture du cœur et l’épreuve de vérité qui met à nu.
Mais le passage reste douloureux… d’une part à cause de ce combat ultime contre l’ego, mais aussi par le phénomène de désintégration de l’être : l’âme - sorte d’interface entre le corps et l’esprit - est d’un côté, lâchée peu à peu par le corps, et de l’autre, doit se laisser conduire par l’esprit dans la contemplation obscure ( dont parle Jean de La Croix ) vers le repos éternel.
Il faut donc avoir un infini respect de ces derniers instants où le Kaïros (le moment favorable) s’introduit dans le Chronos pour le bousculer et le dépasser.
Lorsqu’on ne peut pas ajouter du temps à la vie, il est toujours possible d’ajouter de la vie au temps
Ce Kaïros est l’espace nécessaire à l’éclosion d’une autre vie.
L’euthanasie, prônée par ceux qui pensent que la fin de vie n’a aucun sens, serait en fait comme un avortement de cette nouvelle naissance.
La douleur physique doit bien sûr être combattue et le corps soigné comme un bien précieux.
Le christianisme, religion de l’incarnation par excellence - Dieu lui-même ayant pris un corps - a en effet toujours considéré le corps comme étant infiniment digne, car promis à la résurrection.
C’est pour cela que l’Eglise a constamment combattu les hérésies gnostiques ou manichéennes qui méprisaient le corps comme étant soit prison de l’âme, soit siège du mal.
Être aux petits soins est par conséquent ce qui reste à faire quand il n’y a plus rien à faire, le toucher étant souvent le dernier langage du corps qui mène au cœur, le dernier langage de l’amour… amour dont tout être humain a soif, intensément.
Il y a en effet au fond de chacun une blessure d’amour cachée qui, au-delà de l’affectif, est proprement spirituelle. Par conséquent, l’accompagnement médical et psychologique, s’ils sont indispensables, sont insuffisants.
Le réconfort ultime ne peut être que spirituel, le remède à cette blessure ontologique ne peut être que divin.
Ainsi, il est bon de prier autour du mourant, de lui proposer les sacrements, signes de la miséricorde de Dieu.
Cela dit, Dieu laisse à l’homme le redoutable privilège de sa liberté jusqu’au bout…
Et selon le mot de CS Lewis : "en somme il y a deux sortes de gens, ceux qui disent à Dieu que Ta Volonté soit faite et ceux auxquels finalement Dieu dit que ta volonté soit faite."
* L’homme vu par les Pères de l’Eglise :
Corps = Soma -> 5 sens ; il ouvre sur les réalités physiques
Âme = Psyché -> sensibilité, imagination, intelligence, mémoire, volonté ; elle ouvre sur les réalités psychiques, intelligibles . Elle est le principe vital et unifiant du corps. Elle est l’interface entre le corps et l’esprit.
Esprit = Pneuma -> il est ouverture - au-delà du monde physique ou psychique - sur le monde spirituel. Il est accessible par la contemplation
NB : les termes âme et esprit sont souvent confondus, l’âme - ou cœur - étant souvent désignée comme le lieu de l’expérience mystique.
Enseignement catholique > Le mystère de la présence : Un enjeu synodal pour l’Enseignement catholique ?
Mme Véronique Mathieu est professeure d’histoire-géo à la retraite, et bénévole au service du Parcours de Formation spécifique proposé par la Direction Diocésaine de l’Enseignement Catholique d’Avignon. Elle nous livre ici ses réflexions sur l’esprit qui a inspiré ce parcours.
En octobre 2020, au cœur de la pandémie, le pape François a re-lancé le thème de l’évènement mondial initialement prévu à Rome en mai, dont l’intitulé était « Reconstruire le pacte éducatif mondial ».
La parole du Magistère vient confirmer et nourrir la formation spécifique au caractère propre de l’Enseignement catholique mise en œuvre pour les futurs maîtres du diocèse d’Avignon depuis quelques années (Bloc-Notes, mai 2020 : "Former sur les chemins de l’Esprit Saint ?", p.11)
Une formation entre foi et culture pour une transmission du vivant
Dans son message vidéo du 15 octobre, après avoir constaté « que ce qui est en crise, c’est notre façon de percevoir la réalité et d’entrer en relation entre nous », le pape souligne « que l’éducation est l’une des voies les plus efficaces pour humaniser le monde et l’histoire », ajoutant qu’il nous faut « avoir le courage de générer des processus qui assument consciemment la fragmentation existante et les contradictions que de fait nous portons en nous ».
L’exercice du discernement est au cœur des processus et ce terme n’est pas neutre car il ouvre largement le champ du vivant.
Le métier de maître porte la responsabilité de l’instruction. Instruire, c’est permettre aux alvéoles de l’intelligence de s’ouvrir et de manifester le contenu de ce qui est comme enfermé dans l’être. C’est une tâche enthousiasmante mais difficile dans laquelle les processus créatifs peuvent s’épuiser en fonctionnements mortifères.
Dans leur responsabilité professionnelle de transmission, il est essentiel que les maîtres connaissent tout ce qui est le formulable de leur métier, mais pour ce qui est de l’informulable, s’il est moins présent, peut-être que les élèves souffriront, ou qu’ils attendront, ou qu’ils iront le chercher ailleurs…
Le terreau de la formation proposée a été et demeure le désir du souffle de cet informulable tel qu’il peut s’inscrire dans une subsidiarité authentique pour aider à l’émergence dans le diocèse d’Avignon de ces « processus créatifs et transformants en collaboration avec la société civile » auxquels le Saint-Père appelle ; il ajoute que dans le processus, « un point de référence est la doctrine sociale qui, inspirée des enseignements de la Révélation et de l’humanisme chrétien, se présente comme une base solide et une source vive pour trouver les voies à parcourir dans la situation d’urgence actuelle ».
Au numéro 219 de Fratelli tutti, le pape François précise qu’« un pacte réaliste et inclusif doit être aussi un pacte culturel ». « Une foi qui ne devient pas culture est une foi qui n’est pas pleinement accueillie, entièrement pensée et fidèlement vécue » (Conseil Pontifical de la Culture). L’acception du mot culture comme la manière d’habiter, de vivre les relations et de construire une histoire est largement explicitée par le Concile Vatican II au numéro 53 de Gaudium et Spes. Ainsi, ce qui est en jeu est un être-au-monde, expression de notre présence de vivant.
Si l’école catholique est un lieu d’appartenance à la mission ecclésiale, le réel des nombreux acteurs de la vie des établissements catholiques du diocèse n’est pas « à côté » d’une société caractérisée aujourd’hui par une composition multiculturelle et multireligieuse.
Que peut alors signifier y exercer une profession de maître ?
Dans les promesses de ce réel, quelle base solide pour que les maîtres en exercice dans l’Enseignement catholique puissent déployer, personnellement et ensemble, leurs chemins comme portes d’entrée pour leurs élèves dans leurs propres voies ? Et quelle source vive pour nourrir une interrogation en profondeur de cet être-au-monde manifesté dans une culture ?
Le petit d’homme a besoin d’entrer en vérité dans la question du sens pour grandir et avancer sur son chemin, mais dans quelle réalité de chair et d’os ce sens peut-il s’inscrire ?
Une formation à un métier de la présence
Année après année, le réel des participants à la Formation spécifique proposée par la DDEC d’Avignon (intervenants et futurs maîtres) a proposé un chemin de formation à un métier qui est par excellence celui de la présence.
Mystère qui est le trésor de la foi catholique, laquelle nous dit que « Le Christ Jésus … est présent de multiples manières à son Église », « mais au plus haut point sous les espèces eucharistiques » et que « cette présence, on la nomme ‘réelle’, non à titre exclusif, comme si les autres présences n’étaient pas ‘réelles’, mais par excellence parce qu’elle est substantielle, et que par elle le Christ, Dieu et homme, se rend présent tout entier » … Substantielle au sens de subtenere - se tenir en dessous.
Présence eucharistique que Saint Irénée de Lyon, récemment déclaré Docteur de l’Église - avec le titre de Docteur de l’unité, éclaire comme source vive : « Notre manière de penser s’accorde avec l’Eucharistie, et l’Eucharistie en retour confirme notre manière de penser ».
Mais qu’est-ce que la présence ?
Le poète et critique Roger Munier écrit : « Je dirai d’abord que c’est aujourd’hui ce qui nous manque le plus. Dans un monde objectivé, placé comme le nôtre sous l’emprise croissante de l’artifice, la présence n’a pour ainsi dire plus de lieu », avant de poursuivre : « Le sens n’a pas, comme d’aucuns le croient déserté le monde : il fait seulement corps avec lui. Il l’épouse en son épaisseur. Il est sa propre épaisseur transmuée … Ainsi la présence éprouvée vient irradier ce qu’elle assume, fermant le cercle du fini, lui donnant par instant, oui, ne fût-ce que par instants, comme un poids d’éternité ».
Chemin paradoxal d’inconfort et de don que celui de la pandémie qui nous a plongés, personnellement et ensemble, dans l’interrogation du mystère de l’incarnation pour vivre la présence comme une base solide.
Progressivement, tous les enseignements théoriques de la formation (anthropologie, christologie et ecclésiologie) se sont inscrits dans un dialogue entre foi et raison et ont été nourris par des ateliers proposant des entrées liées au monde de l’art.
Stefan Sweig explique lors d’une conférence en 1939 que « de tous les mystères du monde, celui de la création ayant toujours été le plus mystérieux, nations et religions furent unanimes à relier le processus créateur à l’idée du divin » et qu’ « il existe un domaine dans lequel il est parfois donné d’en faire l’expérience : celui de l’art ».
Le mystère de la création artistique, traversé par les recherches de beauté, a une expérience avancée et réflexive des processus. Les langages artistiques peuvent traduire, de manière visible, un invisible existant et vivant qui regarde l’homme lui-même ; l’homme attentif est alors plongé dans le mystère du vivant où l’Esprit Saint peut déployer sa présence d’Alliance dans les chemins des hommes pour préparer le chemin du Seigneur.
Pas de création artistique sans désir et sans humilité ... artiste ou regardeur, on perd et on gagne ... et finalement s’ouvre un chemin d’humanité dans lequel la grâce à l’œuvre nourrit un « terrain » où peut advenir le vivant et dont la lecture peut fonder un agir créatif.
Créativité à laquelle le pape François encourage sans cesse et que Karol Wojtyla éclairait déjà ainsi en octobre 1940 : « En ce qui concerne cette flamme qui s’est allumée en moi, je crois qu’elle dépend étroitement de l’action d’une force suprême. Je sens que ce n’est pas un artisanat, c’est un élan. Je ne veux pas l’appeler directement l’œuvre de la grâce. D’ailleurs, tout est l’œuvre de la grâce, tout peut être l’œuvre de la grâce. Seulement il faut savoir, et avant tout il faut vouloir, collaborer avec cette grâce. La parabole des talents nous l’enseigne. Or je crois qu’il faut répondre à la grâce par l’humilité. Alors dans cette dimension la lutte pour défendre la poésie deviendra la lutte pour défendre l’humilité ».
Il y a 100 ans dans le diocèse> Autrefois dans le diocèse d’Avignon - juillet 1972
Figure de prêtre : Monsieur le chanoine Antoine GAILLARD (1898-1972)
Le 28 juillet 1972 s’achevait à Lyon, le pèlerinage du chanoine Antoine Gaillard.
Un auvergnat à Avignon
Il est né à Clermont-Ferrand le 18 avril 1898.
Alors que ses parents demeurent à Clermont-Ferrand (15, rue Saint-Joseph), il entre au Grand-Séminaire d’Avignon en 1915, avec les abbés Meffre, Robert et Roque. Le 24 mars 1917, il est incorporé au diocèse d’Avignon et reçoit la tonsure.
Ordonné prêtre le 17 décembre 1921, il fut nommé vicaire de Monsieur l’abbé Chabrol à l’Isle-sur-la-Sorgue en 1922, puis en 1924 à Notre-Dame-d’Orange de Monsieur le chanoine Méritan, enfin à Saint-Agricol de Monsieur le chanoine Bertrand.
Sous-directeur des Œuvres en 1937, il fut nommé curé de Caromb en 1940, puis curé-doyen de Saint-Pierre dans Avignon en 1944.
Étant pourvu d’un doctorat en Droit canonique, il fut d’abord vice-official, membre du Conseil puis official en 1958. En 1965, il fut nommé vice-archiprêtre et coadjuteur de Monsieur le chanoine Bérard, à Saint-Agricol, et lui succéda en 1966.
En 1944, il fut créé chanoine honoraire du vénérable Chapitre de Notre-Dame-des-Doms.
Le chanoine Arlaud, son ami et confident
Le chanoine Arlaud, son ami et confident, écrivit un article qui fut largement cité dans la livraison de septembre du Bulletin Religieux du Diocèse d’Avignon. Si ses paroles nous en apprennent beaucoup sur la figure du chanoine Gaillard, par son style et ses propos choisis, elles en disent autant sur leur auteur, autre figure marquante du clergé avignonnais sur laquelle nous reviendrons sans doute.
Paul Arlaud
Au service de l’Église
« Avant d’aimer et de servir l’Église, il la faut évidemment connaître et ne prétendre jamais qu’on la connaît assez. Comme tout prêtre instruit, le chanoine Gaillard n’ignorait point l’identité foncière et mystérieuse de l’Église, corps mystique du Christ, mère des âmes, sacrement du salut, au rôle irremplaçable dans l’humanité. »
« De cette même Église, les structures visibles lui étaient singulièrement familières. La Curie romaine et ses dicastères, le Sacré-Collège et ses cardinaux, le Saint-Siège : sa diplomatie, ses efforts pour l’unité, la justice et la paix, ses initiatives charitables, etc. Quant aux évêques de France, auxiliaires et coadjuteurs y compris, il pouvait les énumérer sans broncher, avec moult détails à l’appui. Il est bien certain qu’à son poste d’official, son érudition en droit canonique, la lecture des revues documentées, lui facilitaient cette information aussi précieuse qu’abondante ».
Un comtadin d’adoption
« Un comtadin de vieille souche n’est pas plus attaché à notre terre de Haute-Provence que ne l’était ce fils de l’Auvergne. Directeur des Œuvres… il parcourt le diocèse en tous sens, visite les aumôniers d’Action Catholique, les prêtres de paroisse, s’intéresse, pour les résoudre avec eux, à leurs questions tant d’ordre spirituel que matériel, à leur santé, à leurs soucis, à leurs projets. »
Infatigable curé
« Il maintient ce qui peut et doit être maintenu ; il met tout en œuvre pour organiser l’apostolat auprès des jeunes foyers, pour animer la liturgie dominicale, les réunions inter-paroissiales. Comme un bon scribe, il sait unir le neuf à l’ancien ; comme un bon pasteur, il prend soin de tout le troupeau et cherche à ramener la brebis éloignée ou perdue ». Malgré toutes ses charges et responsabilités, il savait garder du temps pour l’étude et la recherche historique, notamment la période pontificale, « convaincu que les pontifes avignonnais ont bien servi l’Église et l’humanité, qu’ils ont bâti du sérieux, du solide, de l’impérissable »
Abbé Bruno Gerthoux
Archiviste
Nouvelle évangélisation> Quoi de neuf pour cette rentrée ?
Le Congrès mission retourne à Paris !
Vous n’y échapperez pas : je vais vous parler du Congrès Mission !
Cette année - en version centralisée -, il se tiendra à Paris du 30 septembre au 2 octobre.
L’an prochain, retour à la formule « province ».
Mais au fait, où souhaiteriez-vous vivre le Congrès Mission 2023 ?
Dans quelles villes sera-t-il le plus pertinent de monter le Congrès Mission en 2023 ?Donnez vos réponses ICI
Pourquoi y aller ?
Reprendre de l’élan pour insuffler une énergie nouvelle autour de nous, paroisse, communauté, sphère professionnelle.
Découvrir et se nourrir des initiatives des autres. Et elle sont nombreuses !
Comment y aller ?
Seul, avec sa communauté, son curé, son conseil paroissial.
En train, parce que d’Avignon, Paris n’est pas loin : TGV 2h40 ou TER (moins cher).
Comment cela se passe-t-il ?
Bien, soyez-en sûrs !
250 ateliers : des acteurs de terrain vous transmettent des outils pour monter des projets missionnaires en paroisse, au travail, en famille, dans l’espace public, etc. Une opportunité d’échanger sur des initiatives concrètes.
40 tables rondes : Des intervenants spécialistes d’un sujet, échangent en profondeur pour vous aider à trouver votre vocation missionnaire.
Le village : des associations, des communautés ou des mouvements chrétiens vous présentent leurs initiatives missionnaires pour vous encourager dans vos projets, en susciter de nouveaux, ou vous embarquer avec eux !
Prière et mission : Les sacrements (eucharistie, confession) et la prière (lectio divina, adoration, louange) sont le fil rouge du week-end et nous envoient en mission : durant tout le week-end, vous pouvez notamment expérimenter l’évangélisation de rue.
Les plénières : Des temps tous ensemble, pour entrer dans le week-end le vendredi soir, et être envoyé à la fin le dimanche après-midi !
Et plus dans le détail :
Le Père René-Luc, fondateur de l’école Cap Missio (dans le diocèse de Montpellier, qui propose à 12 jeunes de 18 à 26 ans de prendre une année de césure pour fortifier leur foi et faire des missions) s’adressera aux lycéens rassemblés pour la journée des lycéens.
Nathanaël et Katia Gay, fondateurs du Village Saint-Joseph, témoigneront de la complémentarité du couple dans la mission.
Bruno de Chateauvieux Membre du Service Catholique des Funérailles, partagera son expérience missionnaire dans son travail lors d’une table ronde.
Vous aurez aussi l’occasion d’écouter Fabrice Hadjadj autour de tables rondes, philosophe, écrivain, dramaturge et (entre autre) membre du Conseil Pontifical pour les Laïcs. Sa critique de la modernité nourrit de vraies réflexions autour de l’annonce de l’Evangile dans notre monde d’aujourd’hui.
et tant d’autres...
Membres du Damascus Catholic Mission Campus , un lieu de formation au leadership chrétien (diocèse de Colombus, Ohio, Etats-Unis.) Aaron et Monica Richards accompagneront l’Ecole des Charismes qui se tiendra à Paris du jeudi 29 au dimanche 2 octobre.
Vendredi 30 septembre
Une journée rien que pour les femmes et les hommes engagés dans la vie consacrée.
La journée spéciale couples : le Congres Mission 2022 propose aux couples catholiques impliqués (ou voulant s’impliquer) dans la première annonce et l’ évangélisation de se mobiliser, se ressourcer et ensemble se réveiller.
La journée spéciale Prêtres est destinée avant tout à réjouir le cœur des prêtres. Il ne s’agit pas d’un séminaire de formation ou d’information, ni d’une retraite sacerdotale, mais d’une journée joyeuse d’amitié qui sera organisée dans un lieu inédit ! Une journée sur-mesure pour vous offrir des moments de détente, de partage, de repos et de joie ! Une journée pour partager sur vos vies de prêtre. Une journée qui continue de nourrir la fraternité sacerdotale !
Rendez-vous à la journée des Catéchistes : dans les ministères de la pastorale des 0-18 ans, nous nous retrouvons parfois démunis face aux enfants et aux jeunes. Comment « être » vraiment catéchiste pour que notre vie puisse transmettre, témoigner, annoncer, évangéliser, …
Nouveauté :
Pour que vous puissiez venir au Congrès Mission en famille, cette année des propositions missionnaires pour les enfants et les jeunes sont mises en place. Ce sera l’occasion de partager sa foi et d’expérimenter la joie de la mission.
Inscrivez-vous en famille, même avec vos enfants de 3 à 14 ans !
Patrimoine> Rochefort du Gard : Le couronnement de la Vierge
Dans un précédent Bloc-Notes, nous avions évoqué l’inauguration du Chemin de Croix de Rochefort-du-Gard. Ce même jour - le mardi 11 mai 1869 - arrivés au Golgotha, les pèlerins entrèrent dans le sanctuaire où l’Archevêque d’Avignon et l’évêque de Nîmes devaient couronner la Vierge et son fils, dont les statues sont placées sous un dôme de marbre au-dessus du maître autel :
Vous apprécierez sans aucun doute le charme suranné de la langue ecclésiastique du XIXe siècle - un heureux mélange un peu ampoulé, d’onctuosité, de courtoisie et de préciosité - à travers cette lettre circulaire de Mgr Plantier - archevêque de Nîmes - du 13 avril 1869 annonçant la cérémonie du Couronnement de la Vierge au sanctuaire de Rochefort pour le 11 mai 1869 :
« Les rosées qui descendaient de l’Hermon n’étaient ni plus abondantes, ni meilleures que celles qui tombent sur la colline habitée par Notre-Dame de Grâce. C’est un rocher désert, mais le souffle de Marie y fait éclore avec opulence des fleurs de bénédiction. Deux couronnes, une pour la Mère et l’autre pour le Fils, seront offertes par la générosité de MM. les curés d’Avignon et de Nîmes. Mgr l’archevêque d’Avignon, notre bien-aimé métropolitain, présidera la cérémonie et déposera sur les images bénies les deux diadèmes préparés pour elles. Nous serons heureux de l’assister dans cet acte auguste, comme le plus respectueux et le plus dévoué de ses suffragants. Par là nos deux diocèses, dont le Rhône est tout à la fois la frontière et le lien matériel, se confondront dans une seule et même fête de famille ; l’ancienne cité des Papes et la vieille cité des Antonins, baptisée par le Christ, décerneront de communs honneurs à leur commune mère… »
Et le Chanoine Petitalot, enchaîne dans une langue plus simple mais très enthousiaste, avec le récit de cette double cérémonie, l’inauguration du Chemin de Croix - que j’ai évoqué dans mon précédent article - et le couronnement de la statue de la Vierge et de son enfant sur l’autel du chœur, sujet de la présente chronique :
« Depuis 3 heures du matin jusqu’à 11 heures, les messes se succèdent sans interruption à tous les autels de la chapelle. À 7 heures, une messe de communion générale est célébrée par Monseigneur l’Évêque de Nîmes dans l’intérieur du sanctuaire, et Sa Grandeur distribue le pain des anges à une foule considérable...
... le cortège religieux, qui compte plus de trois cents prêtres réguliers ou séculiers, s’organise dans les cloîtres du monastère, et se met en marche dans l’ordre suivant :
À la suite de la croix marchent les Petits Frères de Marie, les Frères des Écoles chrétiennes et les prêtres sans habit de chœur. Après eux, viennent les RR. PP. Prémontrés sous la conduite du R. P. Edmond, leur digne prieur, les RR : PP. Maristes, gardiens du sanctuaire, ayant au milieu d’eux leur Supérieur Général, le T. R. P. Favre, et un de leurs provinciaux, le R. P. Germain, originaire du diocèse de Nîmes. Viennent ensuite tous les ecclésiastiques en habit de chœur. Nos seigneurs Dubreil, archevêque d’Avignon, Plantier, évêque de Nîmes ; Jordany, évêque de Fréjus et Toulon, et Elloy, de la Société de Marie, évêque de Tipaza in partibus, coadjuteur du Vicaire apostolique de l’Océanie centrale, ferment la marche, entourés de Ieurs porte-insignes et de leurs assistants.
Le cortège entre dans la chapelle ; quatre religieux Prémontrés placent sur leurs épaules la statue miraculeuse ; deux curés, l’un de Nîmes et l’autre d’Avignon, portent devant elle, sur de riches coussins, les couronnes, offrandes de la piété généreuse de ces deux villes. L’Archevêque célébrant entonne l’Ave maris Stella, et on se rend processionnellement à l’estrade dressée sur le plateau de l’église. Impossible d’exprimer la religieuse impression dont fut saisie la foule, lorsque apparut au milieu d’elle l’image de Notre-Dame de Grâce revêtue de ses plus beaux ornements. Ce fut comme un frémissement de dévotion, si nous pouvons nous exprimer ainsi, qui parcourut tous les rangs et vibra dans tous les cœurs. Chacun, avec respect et amour, s’inclina devant l’image bénie au fur et à mesure qu’elle avançait vers le lieu où elle devait être déposée...
...Le moment solennel est arrivé, tous les regards sont fixés sur l’autel. Au chant du Regina cœli, le chant par excellence de l’allégresse et du triomphe, Monseigneur l’Archevêque (d’Avignon) dépose, au nom et par délégation expresse de Notre Saint-Père le Pape, sur la tête de l’Enfant-Dieu et de sa divine Mère, les couronnes qu’il vient de bénir. Ensuite, NN. Seigneurs les Évêques s’approchent de la miraculeuse Statue et imposent leurs mains sacrées sur les diadèmes. À cet instant la foule, ne se possédant plus, fait retentir les airs des cris mille fois répétés de Vive Marie ! Vive Pie IX !... »
Cette fête du Couronnement de la Vierge, qui se célèbre le 22 août soit une semaine après le 15 août de l’Assomption de la Vierge, prend son origine dans l’Apocalypse de saint Jean (12, 1-6) :
« Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête ; Elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l’enfantement. Puis un second signe apparut au ciel : un énorme Dragon rouge-feu, à sept têtes et dix cornes, chaque tête surmontée d’un diadème. Sa queue balaie le tiers des étoiles du ciel et les précipite sur la terre. En arrêt devant la Femme en travail, le Dragon s’apprête à dévorer son enfant aussitôt né. Or la femme mit au monde un enfant mâle, celui qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer ; et son enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son trône... tandis que la Femme s’enfuyait au désert, où Dieu lui a ménagé un refuge pour qu’elle y soit nourrie mille deux cent soixante jours... »
Au XIIIe siècle, le Pape Nicolas IV commande à Jacopo Torriti la splendide mosaïque du Couronnement de la Vierge pour la basilique Sainte-Marie-la-Majeure à Rome :
Ce fut un évènement artistique. Chacun dès lors, dans la Chrétienté, voulut rivaliser et posséder son propre couronnement...
D’autant qu’à la même époque, la Légende Dorée de Jacques de Voragine raconte ce couronnement dans un style très imagé qui va rendre ce thème extrêmement populaire :
… « ...vers la troisième heure de la nuit, Jésus arriva avec la légion des anges, la troupe des patriarches, l’armée des martyrs, les cohortes des confesseurs et les chœurs des vierges ; et toute cette troupe sainte, rangée devant le trône de Marie, se mit à chanter des cantiques de louanges. Puis Jésus dit : « Viens, mon élue, afin que je te place sur mon trône, car je désire t’avoir près de moi ! » Et Marie : « Seigneur, je suis prête ! » Et toute la troupe sainte chanta doucement les louanges de Marie. Après quoi Marie elle-même chanta : « Toutes les générations me proclameront bienheureuse, en raison du grand honneur que me fait Celui qui peut tout ! » Et le chef du chœur céleste entonna : « Viens du Liban, fiancée, pour être couronnée ! » Et Marie : « Me voici, je viens car il a été écrit de moi que je devais faire ta volonté, ô mon Dieu, parce que mon esprit exultait en toi ! » Et ainsi l’âme de Marie sortit de son corps, et s’envola dans le sein de son fils, affranchie de la douleur comme elle l’avait été de la souillure. Et Jésus dit aux apôtres : « Transportez le corps de la Vierge dans la vallée de Joséphat, déposez-le dans un monument que vous y trouverez, et attendez-moi là pendant trois jours ! » Et aussitôt le corps de Marie fut entouré de roses et de lys, symbole des martyrs, des anges, des confesseurs et des vierges. Et ainsi l’âme de Marie fut emportée joyeusement au ciel, où elle s’assit sur le trône de gloire à la droite de son fils. »
Au XIXe siècle, à la suite des apparitions de Lourdes et de la proclamation du dogme de l’Immaculé conception, les tableaux et les statues de la Vierge couronnée se multiplient jusque dans les plus petits villages comme on vient de le voir à Rochefort-du-Gard.
Pour le 15 août, j’étais à Étel, petit port de pêche de la côte bretonne : cette petite église paroissiale datant de la fin du XIXe siècle possède un vitrail du couronnement offert jadis par une famille du village :
Ouvrez l’oeil et le bon ! Je suis sûr que dans votre propre église, ou dans celles que vous avez visitées pour vos vacances, un tableau, une statue, un vitrail célèbre cette grand fête.