Durant ces derniers mois, nous nous sommes montrés capables de mesure _jolie vertu qui appelle la sobriété, la tempérance, la modération, la retenue ; peut-être sur des habitudes quotidiennes, peut-être sur des extra que nous pratiquons régulièrement, en tout sur des modes de vies que nous n’avions pas forcément l’intention de changer.
Et si nous n’avons pas été mesurés en toutes choses, nous avons toutefois accompli de nombreux sacrifices, consentis en premier lieu et par élan du cœur pour la santé de nos proches (pour la nôtre aussi bien sûr). Mais nous avons également accepté de pratiquer cette mesure forcée pour protéger la santé de grands inconnus que nous ne rencontrerons peut-être plus ou jamais.
Étaient-ce là les prémices de la conscience nécessaire d’un « avenir partagé par tous » comme le Pape François l’appelle de ses vœux dans Laudato Sì ?
Mesurons-nous notre force ?
Comment avons-nous réussi à assimiler cette rupture dans nos modes de vie, à nous « fixer des limites pour éviter la souffrance et la détérioration de ce qui nous entoure »1, si vite, alors que nous peinons à adopter de nouvelles habitudes qui seraient moins dangereuses pour nous-même, nos proches et la Création ? Si nous sommes capables d’un tel élan de générosité pour sauver des vies qui nous sont étrangères, qu’est ce qui nous retient d’initier des changements de pratique pour la sauvegarde de tous, de nos enfants mais aussi de notre prochain ? Qu’ils touchent notre consommation, nos modes de déplacements, nos loisirs, notre hygiène, ces changements nécessaires et attendus sont même moins radicaux que ceux que nous venons de vivre ! Souvent plus économiques, plus qualitatifs que nos pratiques habituelles, ils prennent en compte « l’impact que chaque action et chaque décision personnelle provoquent hors de [nous]-même »2.
Nous vivons dans un monde pollué (200kg de déchets arrivent chaque seconde dans l’océan 3), nocif (nous ingérons l’équivalent d’une carte de crédit de plastique par semaine 4), poussé à l’uniformisation (75% de la biodiversité des cultures a été perdue entre 1900 et 2000 5), mais avec quelle force nous reculons devant des solutions qui sont « de nouveaux chemins vers la vraie liberté »6 ! Choisissons la vie !
Marie-Anne Molle
1- Pape François, Laudato Si, 6-208
2 - id
3 - Programme ONU pour l’environnement, cité dans Famille presque zéro déchet par J. Pichon et B. Moret
4 - Isabelle Autissier, présidente WWF, citée dans LaCroix Hebdo n°41577 p36
5 - ONU pour l’alimentation et l’agriculture, citée dans CCFD courrier donateurs mai 2020
6 - Pape François, Laudato Si, 6-205