Lieux de vie quotidienne
Le Pape François a souligné dans Laudato Si (LS) l’importance du cadre de nos existences, indissociable de notre qualité de vie humaine. « [Il] influe sur notre manière de voir la vie, de sentir et d’agir » (LS 147). Notre environnement, c’est-à-dire ce qui nous entoure de tous côtés, façonne nos identités tout en étant un lieu de créativité et de générosité propice à un épanouissement de nos relations et de notre propre dignité. Depuis notre chambre jusqu’à notre quartier, nous avons la capacité d’agir pour favoriser une écologie de la vie quotidienne, au bénéfice de tous nos frères, voisins, étrangers et touristes, amis de passage et habitants de notre rue. Cette attention portée au(x) lieu(x) que nous habitons, par les vertus que nous pouvons y pratiquer, témoigne de notre foi, de notre espérance et de notre charité. En effet, si nous ne pouvons modifier un environnement désordonné, précaire ou détérioré, c’est notre pratique au quotidien des vertus communes qui portera du fruit : affabilité, discrétion, bonhomie, franchise, loyauté, gratitude, prévenance, urbanité, mesure, placidité, constance, générosité.
« La vie sociale positive et bénéfique des habitants répand une lumière sur un environnement apparemment défavorable » (LS 148).
Chez soi
Jésus s’adresse à chacun de nous quand il dit à Zachée « il me faut aujourd’hui demeurer chez toi » (Luc 19, 1-10). D’une manière d’abord très simple et pratique, accueillir chez soi le Christ, c’est lui faire une place dans notre maison : sur nos murs, dans un coin prière, à la table pour le bénédicité. C’est le signe d’une croix au-dessus de notre porte ou la trace à la craie de la bénédiction annuelle, c’est le rameau sur l’icône et l’image du Sacré-Cœur.
Avons-nous invité le Seigneur à demeurer chez nous en lui préparant une place ? La saison est aux fleurs nouvelles : en placer trois devant une icône est déjà une prière.
Notre relation à Dieu passe aussi par notre relation aux autres. Sommes-nous capables d’accueillir l’inattendu, qui se pointe justement au moment où nous sommes parvenus à nous poser pour ouvrir un bon livre ? Car placer une icône dans son coin prière est une première étape relativement facile. Mais savoir accueillir dans la joie son Frère, être physiquement présent qui prend de la place et créé du remous, demande un plus grand abandon à Dieu. C’est un exercice pratique des vertus qui met en lumière les liens étroits entre notre relation à Dieu et aux autres.
De nouveau notre cadre de vie influe sur notre agir. Mon intérieur domestique peut être une barrière à l’accueil d’un hôte, si j’estime n’en avoir pas assez pris soin pour pouvoir recevoir, sans pour autant essayer d’y remédier. A l’inverse, une maison-musée, figée et intouchable, me laisse-t-elle la liberté de recevoir sans crainte pour mes possessions matérielles ?
De même, quel signe de l’accueil donnons-nous dans nos paroisses ? Nos intérieurs paroissiaux sont-ils le reflet de l’accueil chrétien, qui cherche à recevoir chacun comme nous recevrions le Christ s’il frappait à notre porte ? Entre rafraîchissement des murs, remplacement du mobilier obsolète, accrochage des tableaux oubliés ou d’œuvres nouvelles (l’art et le beau participent aussi à la conversion des âmes), inscription d’un signe religieux sur nos façades, nous ne manquons pas de chantiers pour fabriquer un écrin ajusté à la générosité, la discrétion, la mesure et la prévenance, pour reprendre les vertus communes, que travaillent à pratiquer nos bénévoles paroissiaux chargés de l’accueil.
Qu’ils en soient remerciés !
Marie-Anne Molle