Si Pierre parle pour lui-même d’un appel ancien, pour Isabelle c’est l’appel du Pape François à partir aux périphéries qui l’a incitée à rejoindre les équipes de l’association.
Ils laissent alors leur vie confortable pour se retrouver avec une valise, dans un petit appartement de cité.
"Partir avec rien était pour moi source d’une véritable liberté intérieure. Ceci dit, l’arrivée a été un peu dure ; et dans la cage d’escalier, j’avoue que j’ai versé quelques larmes en me demandant ce qu’on faisait là ! A ce moment-là un adorable garçon d’origine africaine a sauté sur le palier en disant : « Le Rocher ! » en nous montrant du doigt. Il avait tout de suite compris qu’on prenait l’appartement des volontaires précédents . Alors que je répondais par l’affirmative, avec un immense sourire il a répliqué : Alors là, on va jouer ! - car une des activités du Rocher est de faire jouer les enfants en bas des immeubles pour leur donner des points de repère. Ce sourire et cette joie ont apaisé beaucoup d’appréhensions."
« La mission du Rocher c’est vraiment de vivre avec...
c’est-à-dire : on ne part pas avec un projet tout fait d’activités, mais on vit au rythme des habitants. On est là jour et nuit, comme des voisins, et donc on fait du porte à porte pour se présenter, pour tisser des liens avec les gens du quartier. Et c’est à partir de ces liens qu’on va créer, qu’on pourra ensuite, dans un second temps, ensemble, monter des projets. »
En tant que professeur retraitée, Isabelle, naturellement, aide le soir les enfants aux devoirs. Pierre s’occupe d’accompagnement vers l’emploi des jeunes.
Et puis, après ce temps d’accueil réciproque, et de liens tissés en profondeur, il y a les activités proposées par le Rocher : sorties en journées pour les mamans, atelier théâtre pour les jeunes, des camps d’été, l’accueil de familles issues de l’immigration dans des familles françaises etc...
Au Mureaux, Isabelle et Pierre disent tout d’abord avoir été très touchés par l’accueil de toutes ces familles, avec cette impression extraordinaire d’avoir souvent été accueillis comme des envoyés de Dieu. Touchés aussi, ils l’ont été par la densité des drames, les épreuves terribles qui leur ont été confiées, par la violence, qu’elle soit conjugale, sur les enfants ou dans la rue. "Vers ceux-là aussi on va à la rencontre, et j’ai vraiment appris à voir en face de moi, la personne blessée et non pas le délinquant.
Je m’aperçois que dans tout être humain, il y a toujours une lumière, quelquefois bien enfouie dans les ténèbres, mais elle est là, car on est tous créés à l’image de Dieu. Il faut toujours aller chercher du côté de l’étincelle."
Isabelle et Pierre ont écrit Oser la rencontre, pour raconter ces cinq ans avec leurs joies, leurs difficultés, mais surtout pour témoigner de toutes les belles rencontres, source de grand enrichissement !
Résumé d’un entretien avec Martine Racine pour l’émission « Pourquoi le taire » sur RCF Vaucluse,
par Sylvie Testud