La frénésie de cette période de rentrée, bientôt achevée avec le mois de septembre, nous a poussés à la course. C’est un petit condensé de décisions, abonnements, inscriptions, achats, nouvelles responsabilités, et nouveaux devoirs de classe ; chacun devant nous apporter une plus grande satisfaction que l’an passé (c’est moins flagrant pour les devoirs de classe). Ils concourent surtout à nous garder bien occupés. Qu’est-ce que je laisse au bord du chemin quand je ne cesse d’avancer tête baissée au quotidien ? Le chemin lui-même et ceux qui l’arpentent avec moi ? La présence de ce Souffle qui rafraîchit et qui repose ? Si je prends la peine, ou plutôt la joie, de lever les yeux, alors je verrai avec plus de netteté la Création qui m’entoure. Mes proches et ceux qui le sont moins, comme le grand paysage et le jardin devant chez moi. Ils sont les lieux où Dieu se donne à voir, les témoins du Créateur 1. Comme il est doux de voir se refléter l’amour de Dieu quand nous observons le monde ! La contemplation conduit à l’émerveillement, et l’émerveillement devant sa Création conduit au Créateur.
Saint François d’Assise aurait demandé à l’amandier : « Frère, parle-moi de Dieu ! », et l’amandier a fleuri.
« Levez les yeux et regardez »
La réalité de ce que je regarde pour y chercher Dieu nous demande parfois un ajustement de l’œil, car le grand paysage a pu être uniformisé à outrance, stérilisé ou pollué ; car ceux qui arpentent le chemin avec moi ne correspondent pas toujours à mes attentes. Il serait illusoire de nier l’empreinte de l’Homme sur la Création voulue par Dieu. Et ce serait manquer de Charité, passer en aveugle à côté de l’autre, que de ne pas ajuster notre œil à l’amour que Dieu porte à chacun de nous. Le regard de Jésus s’est posé avec amour sur les plus petits d’entre nous, sur les blés des champs, sur les oiseaux du ciel, et tous « sont maintenant remplis de sa présence lumineuse » 2. La contemplation de la Création dans sa diversité m’élève parce qu’elle me découvre Dieu dans son infinie Bonté et dans son magistral Humour ; et ce faisant, elle me relie à ce et à ceux qui m’entourent, enfants de Dieu et porteurs de sa Beauté.
Si je prends la joie de lever les yeux, alors je verrai Dieu.
1. Pour une écologie de l’espérance, Fabien Revol chez Les Altercathos, p.51-52
2. Laudato Sì, Pape François, VII-100