31 décembre 2021


Edito de l’évêque> Laissons Noël se déployer

Nous venons de célébrer Noël, d’accueillir au creux de la nuit de notre terre cette présence discrète et puissante qui vient apporter lumière et vigueur à nos existences. Cette fête aura été vécue diversement, un peu à la manière des santons de nos crèches : pour certains sans être vraiment concernés par l’événement particulier ou sans chercher à s’y rallier ; pour d’autres en se rapprochant des familles, de celles et ceux que nous aimons et aussi de ceux qui peuvent être plus démunis dans la nuit de notre temps ; pour d’autres encore, en accueillant dans la liturgie l’aujourd’hui de l’annonce de cette Bonne Nouvelle qui rejoint notre terre et qui est joie offerte pour tous les hommes, pour tous les peuples.

Il nous faut maintenant entrer dans l’enfouissement de ce que nous venons d’accueillir pour le recevoir plus en vérité dans nos existences, avec d’autres.

La liturgie toujours nous accompagne et nous entraîne.

Elle nous donne de méditer sur le lien familial vécu entre Marie, Joseph et l’enfant. Un lien d’attention et aussi d’espace possible, où la relation entre chacun s’ajuste et où Jésus invite à vivre cela en référence au Père. Il est Celui qui vient enraciner, éclairer, situer toute relation familiale en lien avec Celui qu’il révèlera comme le Père.

Elle nous fait creuser cette manifestation de la Vie qui vient du Père et qui est pour tous.

Elle nous assure de la présence de l’Enfant, au cœur de notre monde, jusque dans les situations où la violence, la cruauté semblent l’emporter.

Elle nous invite à percevoir l’inouï de ce don qui nous est fait, non pas réservé à quelques-uns, à ceux qui l’attendaient, mais offert plus largement à tous ceux qui le cherchent, pour leur plus grande joie.

 

Une nouvelle fois, la célébration de la venue au milieu de nous de Celui qui se fait chair, qui se fait frère, nous appelle à élargir notre cœur à la mesure de celui de notre Dieu.

Cette annonce nous offre une paix possible au cœur de nos vies et de nos liens.

Elle nous dit la beauté et la dignité de chaque être vivant.

Elle appelle le respect attendu pour chacun.

Cela vient entraîner des déplacements, des conversions :

D’abord nous laisser rejoindre, toucher, transformer par Celui qui nous dit sa présence proche. Reconnaître que je nous n’avons pas l’exclusivité d’une telle nouvelle, qu’elle est toujours pour d’autres, pour tous.

Percevoir qu’il nous est donné de l’accueillir et de la recevoir de bien d’autres autour de nous, et parfois, de certains dont nous ne l’attendrions pas.

Eprouver qu’elle nous dépasse et nous déborde, nous invitant à la rencontre des frères pour accueillir Celui qui nous rejoint et marche avec nous.

 

2022 est ce temps qui nous est offert pour laisser en nous se creuser l’espace de cette présence. De quoi sera faite cette année ? Nous savons les inquiétudes pour la santé des uns et des autres ; nous connaissons les enjeux et les exigences pour que quiconque, là où il est, puisse trouver place ; nous savons aussi les attentes de chacun pour une vie plus belle, plus digne, plus en relation avec d’autres. Cette année, pour notre pays, sera une année d’élection(s) avec ce que cette période apporte de clivages, de postures, d’arguments… Chrétiens, citoyens, puissions-nous au cœur de ces mois, garder le souci d’un bien qui soit pour tous, et l’attention à tout ce qui peut venir servir une relation fraternelle. Soucieux, moins de sauvegarder des intérêts, que de favoriser une juste place pour chacun. Gardant la préoccupation que notre vie ensemble nous tourne également vers plus grand.

Laissons se prolonger la méditation du temps de Noël.
Que la venue de l’Enfant nous ouvre à une vie avec d’autres où chacun ait sa place.

+François FONLUPT
Archevêque d’Avignon

Paroisses en créations > Vers 2022, en prière et en action !

Une rencontre pas si fortuite, lors d’un repas partagé à la paroisse d’Entraigues, m’a donné envie de vous présenter mes vœux pour cette nouvelle année avec la Fraternité Franciscaine séculière Frère Jacqueline, d’Avignon. Rattachées à la grande famille de Saint François, les fraternités séculières rassemblent des laïques désireux de suivre le Christ en se mettant dans les pas de Saint François. Il me semble que leur engagement est une version illustrée, un exemple concret d’une pratique de l’écologie intégrale dans la vie quotidienne : placer Dieu au centre de sa vie pour qu’elle y soit ajustée, accueillir son Frère, louer la Création ; une pratique qui n’a pas besoin de se dire « écologique » et qui est plus que cela.

« Ils s’efforceront […] d’être les témoins actifs de la mission de l’Eglise parmi les hommes, annonçant le Christ par la vie et la parole »

Avec foi et discernement, chacun des membres des fraternités donne une couleur particulière à sa vie de baptisé en choisissant de suivre l’exemple de Saint François. C’est s’engager d’une manière singulière, à la façon de Saint François, mais sur ce même chemin de tout baptisé, qui mène à la Vérité et à la Vie. Je vous souhaite une nouvelle année illuminée par nos Saints (joie pour Saint César de Bus, originaire de Cavaillon et canonisé le 15 mai 2022 !) : qu’ils éclairent votre parcours de foi, inspirent votre charité et vous guident vers le Père !

« Jésus fut le véritable adorateur du Père : à son exemple, ils feront de la prière et de la contemplation l’âme de leur vie et de leur agir »

Les Fraternités vivent une vie fraternelle régulière en se retrouvant une fois par mois pour un temps de partage, de prière et d’enseignement. L’étude de la Parole et des enseignements franciscains (Zundel par exemple), le partage des bonheurs et des peines, la prière commune, sont autant de ressourcements qui nourrissent cette vie fraternelle ; qui à son tour rejaillira sur la vie quotidienne, dans l’accueil du Frère, dans la louange de la Création, dans l’espérance. Je vous souhaite une nouvelle année gourmande en nourriture spirituelle et fortifiée par la prière !

« Ils accueilleront d’un cœur humble tout homme comme un don du Seigneur. Le sens de la fraternité les disposera à considérer avec joie comme leurs égaux tous les hommes [...] Avec tous les hommes de bonne volonté, ils sont appelés à construire un monde plus fraternel »

Par leur engagement dans la Fraternité, et comme cet engagement se déploie aussi en paroisse, en Eglise, ou plus largement auprès des plus petits, les membres des Fraternités répondent déjà aux appels de nos Papes. Paul VI dans Populorum progressio « L’idéal à poursuivre […] : la considération accrue de la dignité d’autrui, l’orientation vers l’esprit de pauvreté, la coopération au bien commun, la volonté de paix » ; Benoît XVI dans Caritas in veritate « La dégradation de l’environnement est étroitement liée à la culture qui façonne la communauté humaine : quand l’écologie humaine est respectée dans la société, l’écologie proprement dite en tire aussi avantage » ; François dans Laudato Si’ « [les chrétiens] ont besoin d’une conversion écologique, qui implique de laisser jaillir toutes les conséquences de leur rencontre avec Jésus Christ sur les relations avec le monde qui les entoure ». Je vous souhaite une nouvelle année riche d’échanges et de découvertes par vos engagements et vos missions, une année remplie de fraternité et de joie !

Marie-Anne MOLLE

 

Les citations en titres sont tirées du site des Fraternités franciscaines.

Pour plus de renseignements, contacter M. Rogier, correspondant local des Fraternités franciscaines : 06 60 37 48 27 – misterpam42@gmail.com

Portrait> Quand les cloches nous appellent !

Emilie, jeune Avignonnaise, a été baptisée à l’église de Saint-Ruf à Pâques 2021… grâce aux cloches de l’église Saint Agricol !
Ce raccourci peut paraître audacieux si on n’explique pas un peu cet appel singulier !

De son enfance, Émilie se souvient surtout d’une grand-mère maternelle qui l’a bercée dans la foi alors que du côté paternel, la religion était plutôt regardée avec défiance.
Plus tard, à l’adolescence, quelques scandales familiaux bouleversent la jeune fille.

« Je me sentais mal dans ma peau, et je me suis éloignée de la religion à ce moment-là, un peu par rébellion. Je commençais à m’épanouir dans le monde culturel du théâtre, mais la spiritualité dans ce milieu-là est mieux perçue si on cherche des croyances un peu orientales ou autres que chrétiennes. En tout cas, je pensais à cette époque que c’était incompatible.
Mais le milieu du théâtre est un peu ingrat : on cherche de la reconnaissance car on est toujours en quête d’amour. Et moi, malgré tout, j’avais toujours un vide, y compris sentimentalement, je n’étais jamais vraiment heureuse et je ne cessais de geindre et de vouloir attirer l’attention. »

Novembre 2015 : après les attentats du Bataclan, un climat morose de remise en question s’empare d’Émilie qui ne va pas bien.


« Et un dimanche matin, j’ai été littéralement réveillée par les cloches de l’église de mon quartier.

Ces cloches m’ont appelée, poussée à aller à l’église. Les cloches résonnaient et surtout, j’avais ce sentiment qu’on allait me parler, que ça allait régler des choses chez moi. Je ne savais pas à quoi m’attendre, j’ai couru, en pleurs, et je me suis retrouvée sur les bancs d’une église alors que je n’y étais pas retournée depuis 20 ans. Je ne savais pas pourquoi, mais j’étais poussée par quelque chose qui était plus fort que ma propre volonté. »
Émilie suit la messe, même si elle ne comprend pas tout, et surtout, elle se sent à sa place, même si beaucoup de questions fusent en elle, y compris la question de Dieu.
Elle continue à aller à la messe « un peu en cachette », achète une Bible, et pendant cinq ans, elle va se documenter, rencontrer des personnes, sans parler autour d’elle de ce qu’elle pressent comme une conversion. Étant très cartésienne, et passionnée du ciel, elle éprouve le besoin d’avoir des preuves.
Elle rencontre ensuite un groupe de jeunes professionnels à la paroisse Saint-Ruf, et cette année-là le groupe étudie, avec le Père Milan, les sacrements… dont le baptême !


« Pourquoi t’en priver » ? lui dit alors le Père Milan

S’ensuit une formation d’un an et demi avec d’abord un parcours Alpha, puis le catéchuménat, et le baptême a lieu à Pâques 2021 !
«  C’est absolument extraordinaire : ma foi a grandi au milieu de cette communauté de Saint-Ruf très active. La Vigile pascale a été grandiose, entourée de mon papa et de ma maman, avec ce baptême par immersion qui se pratique à Saint-Ruf.

C’est la première fois de ma vie que je me suis sentie complètement remplie. Il n’y a rien de plus beau que cet amour parfait. Dieu nous tient la main et nous ressort de l’eau et on renaît vraiment !

Pour Émilie, le baptême est « le début de tout » !

Merci Émilie, d’avoir répondu à l’appel des cloches !

Résumé d’un entretien avec Martine Racine pour l’émission « Pourquoi le taire » sur RCF Vaucluse,
par Sylvie TESTUD

Le livre du mois> Le chemin des estives, de Charles Wright

Après avoir fréquenté les cabinets ministériels, les maisons d’édition et les rédactions de journaux, l’idée m’est venue de loucher du côté religieux. Il me semblait que la vie d’un mortel ne consiste pas seulement à produire et à consommer. Je trouvais que se vouer à la recherche de l’absolu n’était pas moins noble que faire carrière dans le conseil ou la com’.
Et puis j’avais le vague pressentiment que la soif qui me tourmentait, rien ni personne ne pourrait l’étancher, si ce n’est l’eau vive et fraîche que le Christ donne à la Samaritaine… »

Voilà comment notre auteur, postulant chez les jésuites après sa conversion, se retrouve pendant plusieurs semaines d’été sur les chemins de la France profonde, sorti des radars, sans portable ni carte bancaire, à mendier son pain… mis à nu et abandonné à la seule Providence .

Et c’est tout naturellement qu’il rejoint ses frères d’âmes, notamment Charles de Foucauld et Arthur Rimbaud, ces vagabonds célestes, dans sa quête vers la source intarissable.

L’imitation de Jésus Christ, son livre de chevet, lui inspire également de profondes réflexions sur la véritable liberté qu’il expérimente par ce dénuement et le décentrement de lui même.

Il apprend également à se mettre à l’écoute des gens qu’il rencontre et découvre dans cette diagonale du vide, cette France oubliée, une nouvelle misère, l’acédie, cette maladie de l’âme qui les prive d’espérance et de toute joie spirituelle.

Pourquoi, se demande t-il alors, les églises ont-elles cessé un jour d’être des torches pour réchauffer les cœurs ? Pourquoi le christianisme est-il devenu une langue morte dont les mots usés ne parlent plus à nos contemporains ?

J’aimerais tellement dire à Henry que la religion qu’il a rejetée n’est pas le christianisme mais sa caricature ! Que suivre les pas du Galiléen ne consiste pas à s’enliser dans les ornières dogmatiques ni à s’adonner à une passion triste. Que le christianisme enfin, n’est pas une morale ou une idéologie, mais une voie de transformation de l’être, une doctrine de l’éveil, un chemin de liberté.. »

Dommage que l’auteur s’arrête au conditionnel !

En effet si on suit passionnément son récit, parsemé de magnifiques descriptions de paysages et de profondes réflexions, on regrette néanmoins que son parcours initiatique ne débouche sur une authentique vocation chrétienne centrée sur la mission qui se révèle tellement urgente dans cette société aphasique sur les questions existentielles…

Une vocation centrée sur l’amour, finalement, qui nécessiterait de renoncer à son indépendance, à laquelle l’auteur semble encore trop attaché. On se prend alors à espérer une suite !

Claudine DUPORT

Enseignement catholique > A la découverte de l’Apel

Je suis arrivée dans le Vaucluse il y a un peu plus de douze ans. Ayant très envie de rencontrer d’autres parents et de participer à la vie de l’établissement, j’ai très rapidement rejoint l’Apel de l’établissement de mes enfants. J’ai alors découvert le mouvement des Apel.

Qu’est-ce que l’Apel ?

Avec plus de 977 000 adhérents, l’Apel est la plus importante association nationale de parents d’élèves et la seule reconnue dans le Statut de l’Enseignement catholique.

La première Apel a été créée il y a plus de 90 ans. Aujourd’hui, l’Apel est présente dans 6500 établissements, et ce sont des milliers de bénévoles qui collaborent activement aux projets éducatifs des établissements.

Les Apel d’établissement sont regroupées au sein des Apel départementales, elles-mêmes regroupées au sein des Apel académiques, elles-mêmes regroupées au sein de l’Apel nationale.

Les actions de l’Apel

L’Apel mène différentes actions pour défendre les intérêts des parents et les soutenir dans l’éducation de leurs enfants.

  • L’Apel défend la liberté de l’enseignement et le libre choix de l’école.
  • L’Apel représente tous les parents au sein des établissements comme auprès des responsables de l’Institution scolaire et des pouvoirs publics.
  • L’Apel participe au débat éducatif national : elle est en contact avec les représentants des pouvoirs publics au sein du gouvernement, du parlement, des conseils régionaux ou départementaux, de la commune… Les Apel organisent des conférences-débats, des colloques dans les régions. Tous les deux ans se tient le congrès national de l’Apel.
  • L’Apel s’implique dans la vie des établissements scolaires : elle participe à l’animation de la vie de l’établissement (accueil des nouveaux parents, carnaval, kermesse, etc..), siège au conseil d’établissement, aux conseils de classe, conseil de discipline, conseil d’administration de l’organisme de gestion…
  • L’Apel soutient les parents dans leur tâche éducative. Elle répond aux interrogations des parents en matière de scolarité et d’éducation, au travers des différents services qu’elle leur offre.

Les services apportés par l’Apel

  • Le magazine Famille et éducation : il propose tous les deux mois aux parents abonnés des informations et des conseils sur la scolarité et les grandes questions éducatives.
  • Le Service Information et Conseil aux Familles (ICF) : présent dans la plupart des régions et des départements, c’est un service gratuit proposé par l’Apel pour accompagner les parents. Il intervient dans les domaines :
    • de l’orientation et du rapprochement entre école et monde professionnel. Il informe les parents des enjeux de l’orientation pour accompagner leurs enfants dans leurs choix d’orientation. Des conférences sur l’orientation, des webinaires sur Parcoursup sont proposés aux parents.
    • de l’accueil/inclusion des élèves à besoins éducatifs particuliers. Il accompagne les parents dans leurs démarches et sensibilise tous les parents à l’accueil de la diversité.
  • Le réseau d’animation pastorale : il participe à la dimension évangélique de l’enseignement catholique et propose d’accompagner les parents dans leur spiritualité ou leur intériorité. Il propose tous les ans, à Noël, un concours de crèches et un calendrier de l’Avent. A Pâques, il édite un livret de Carême destiné aux familles qui a pour objectif de les aider à cheminer ensemble vers Pâques.
  • Les Rencontres parents-école : elles permettent aux différents membres de la communauté éducative, le temps d’une soirée, de se rencontrer pour débattre d’un sujet éducatif.
  • La plateforme téléphonique Apel Service : 01 46 90 09 60.
    Elle réunit une équipe de spécialistes (psychologues, éducateurs spécialisés, conseillers scolaires, etc) pour répondre à toutes les questions que les parents se posent. L’anonymat et la confidentialité sont garantis.
    Du lundi au vendredi de 9h à 18h et le mardi de 14h à 19h.
  • Le site www.apel.fr

 

Les équipes des Apel d’établissement recrutent chaque année de nouveaux bénévoles pour soutenir leurs actions au service de la communauté éducative.

L’Apel encourage tous les parents à s’engager, de façon ponctuelle ou pérenne : elle a besoin de toutes les compétences !

Sabrina DE LUCA
Présidente Apel départementale de Vaucluse

Il y a 100 ans dans le diocèse> Autrefois dans le diocèse d’Avignon, en janvier 1922

Le temps de la Sainte-Enfance -1922

Un article de la livraison de janvier de la Semaine Religieuse du Diocèse d’Avignon, rappelle les bienfaits et grâces d’une pratique de piété : « Au Grand Séminaire, où l’on vit de la noble tradition du XVIIe siècle, tradition des Bérulle, des Olier, des Condren, si dévots au mystère de Jésus Enfant, l’on pratiquait fidèlement jadis le culte de la Sainte-Enfance, et aujourd’hui rien n’a péri de cette piété naïve et si réconfortante ».

L’usage, au Grand Séminaire, était de venir auprès de la crèche après la classe du soir, pour contempler ce « gracieux rappel du plus doux des mystères chrétiens, (…) prédication sans paroles de l’amour divin stabula jacentis, cathedra docentis » selon les paroles de saint Augustin. « A cette école, ils apprenaient la valeur du silence, de l’existence de pauvreté, d’obéissance, de don de soi, à laquelle la vocation les obligera ».

Décès du pape Benoit XV, 22 janvier 1922

Monseigneur l’Archevêque rend hommage au pape Benoit XV décédé le 22 janvier 1922, alors que « la Chrétienté est en deuil », d’autant qu’après 7 ans, le pape a été rappelé à Dieu brusquement : « rien ne pouvait nous surprendre davantage ; et rien, donc ne pouvait nous causer une plus grande douleur ».

L’Archevêque loue ses qualités humaines et spirituelle : « ce fut une grande âme, l’âme d’un vrai Chef de l’Eglise ». Benoit XV, même si personne ne pensait à sa mort, avait lui-même affirmé voire prophétisé que son pontificat serait de courte durée. « Aussi, semblait-il se presser d’en remplir les jours : il travaillait, travaillait… ».

Monseigneur Latty souligne ce que l’Eglise et la France en particulier, lui doivent : « la réconciliation du gouvernement de notre pays avec le Saint-Siège ». Par là, il aura préparé le statut légal qui doit « régler la situation matérielle du culte et du clergé catholique de la France...il y mettait le capital de ses efforts, de ses sollicitudes, et aussi ses joies ; et il en espérait des effets décisifs pour le bien de la France et la diffusion de la foi dans les pays de Mission ».

Monsieur l’abbé Augustin Reboul 1859-10 janvier 1922

Vincent Augustin Reboul est né à Courthézon le 28 janvier 1859. Ils étaient 12 à être ordonnés prêtre le 19 mai 1883. Après son ordination, il fut successivement vicaire de Sarrians, de Pernes en 1885, d’Apt en 1889 et de Saint-Siffrein en 1896, avant d’être nommé recteur (curé) de Caromb en 1904.

Pour raisons de santé, il dût quitter sa charge 4 ans après. Il ne put reprendre une charge curiale qu’en 1919 comme recteur de la paroisse de Causans.

L’abbé Louis Camicas, dans le bulletin religieux, loue ses vertus « son esprit, cultivé, plein de la bonne doctrine, puisée aux meilleures sources, embelli de connaissance littéraire qu’une mémoire toujours fidèle lui rappelait opportunément, sa conversation, ses lettres surtout, étaient pleines de charmes. C’est pour cela que l’abbé Camicas le sollicitait régulièrement pour ses compositions poétiques à publier dans Le Bon Ange du Foyer, revue qu’il avait fondée, qui »gardera précieusement les compositions pieuses, doctes et originales d’un véritable poète".

Il s’était en particulier consacré à une œuvre qu’il laisse à demi achevée « celle de traduire en cantiques, l’évangile de tous les dimanches après la Pentecôte ». Précisément, dans la livraison n°7 de juillet 1921 de la revue, Le Bon Ange du Foyer en donne des exemples :

Le Pharisien et le Publicain

Refrain
Par l’orgueil l’homme se redresse,
Mais Dieu ne le regarde pas ;
Et l’humilité qui l’abaisse
Grandit son coeur même ici-bas.

1- Le Pharisien se recommande
Au Seigneur pour tout ce qu’il fait,
Mais Dieu rejette la demande,
De celui qui se croit parfait.

2- En se frappant la poitrine
le publicain se dit pécheur,
et déjà la grâce divine
lui rend la pureté du coeur.

3- Il faut ressembler à l’enfance
nous dit Jésus avec bonté :
c’est sans doute par l’innocence,
Mais aussi par l’humilité.

4- La grâce trouve une bannière
dans les pensées de orgueilleux.
Leur front est frappé du tonnerre,
parce qu’ils montent jusqu’aux cieux.

5- O mon Dieu loin de moi l’audace
de l’orgueil et ses châtiments :
Je veux gagner des flots de grâce
Par mes plus humbles sentiments.

6- Dans les humbles la grâce abonde
comme la pluie en nos vallons ;
car une humilité profonde
dans l’âme creuse des sillons !

7-Je veux, ô Fils de Dieu fait Homme
par le coeur me rendre humble et doux ;
Être grand dans votre royaume,
m’étant fait petit comme vous.

Il est décédé le 10 janvier 1922.

Abbé Bruno GERTHOUX
Archiviste

Nouvelle évangélisation> Être parrains pour les journées des fiancés de l’année ?

Vous avez le désir de transmettre aux jeunes le bonheur de s’engager dans le mariage chrétien, vous êtes prêts à vous rendre disponibles une journée dans votre année rien que pour eux ? Venez participer à la « journée des fiancés » dans le diocèse, nous avons besoin de vous !

Chaque année, ce sont plus de 500 couples qui se marient à l’Eglise dans notre diocèse. L’évêque les invite pour vivre une journée de témoignages, de partage, de célébration ensemble. Ils sont tous accompagnés vers ce sacrement par un prêtre ou un diacre ainsi que par une équipe de préparation au mariage dans leur secteur paroissial.

Cette journée est une opportunité pour nous rassembler autour de leur projet de mariage et leur apporter d’autres témoignages de couples chrétiens, heureux de vivre leur foi au coeur de leur couple et de leur famille.

C’est aussi l’occasion pour chacun de s’enrichir de leurs parcours, de fêter leur engagement dans le mariage et de recevoir avec eux les grâces de cette journée  !

Pour les accueillir, chaque couple-parrain accompagnera un petit groupe de 4 couples de fiancés tout au long de la journée.

Cette année, la journée des fiancés aura lieu le dimanche 13 mars 2022 au sein de l’établissement Champfleury.

Si les conditions sanitaires ne permettent pas une rencontre physique, nous adapterons le programme.

Le formulaire ci-dessous vous permet de vous inscrire en tant que parrains afin de confirmer si vous serez disponibles pour nous aider dans cette mission auprès des fiancés de l’année.

Nous vous proposons aussi une demi-journée le samedi 26 février 2022 de 9h à 12h à la maison diocésaine d’Avignon :

  • Pour ceux qui n’ont jamais été parrains : nous vous préciserons ce que nous attendons de vous afin de vous préparer à cette responsabilité, répondre à vos questions, et prier ensemble pour ces journées des fiancés.
  • Pour ceux qui ont déjà été parrains, nous pourrons échanger sur vos expériences précédentes, chercher à résoudre les difficultés, debriefer ensemble sur les attentes des jeunes couples et leurs retours après ces journées.

Les prêtres sont les bienvenus à cette rencontre pour comprendre comment sont conçues les Journées des Fiancés, comment elles sont animées, dans quel objectif et comment articuler ce moment spécifique avec le parcours de préparation au mariage de leur secteur.

Merci pour votre disponibilité ; n’hésitez pas à nous contacter si vous désirez de plus amples renseignements.

L’équipe responsable des Journées des Fiancés
avec le service de la nouvelle évangélisation

Formulaire d’inscription

Patrimoine> La chapelle Saint-Michel-de-Anesca ? Descendez ce ravin à pic !

En quittant Monieux vers le sud, par la départementale, vous croiserez le GR9 et il ne vous restera plus qu’à descendre à travers les épineux... 140 mètres de garrigue quasi verticaux pour arriver au fond des Gorges de la Nesque : non sportifs, âmes sensibles, jeunes enfants, seniors rouillés, arthritiques et bancroches, prenez cet autre chemin : après le plan d’eau de Monieux, suivez la Nesque… qui vous y mènera aussi, plus facilement, mais sans le délicieux frisson de l’aventure.
Belle promenade, mais où va-t-on ? 
Rendre visite à saint Michel qui nous attend depuis le XIIe siècle dans sa chapelle d’Anesca – de la Nesque, en français contemporain. Au fond de cette gorge très étroite, dépaysement garanti, les siècles n’y sont pas descendus, c’est vous qui avez remonté le temps. Levez les yeux vers les parois à pic. Trois longues et profondes fissures de la roche, que les préhistoriens appellent des abris sous roche, et qui furent occupés par nos lointains ancêtres néandertaliens qui venaient y mitonner leurs burgers de rhinocéros laineux :

Aujourd’hui, si vous êtes sportif, une échelle en bois vous permettra d’accéder au premier abri, et pour les plus audacieux, une corde – si du moins elle n’a pas été volée ou coupée depuis ma venue – vous permettra de grimper sur l’abri du haut par un puits d’accès impressionnant que les eaux ont jadis foré à travers la roche épaisse.

Sur l’abri du bas nous attend ce que nous sommes venus chercher : la chapelle de saint Michel. Saint Michel, l’archange des hauteurs et l’archange des profondeurs, celui qui, perché sur les nuées célestes, pèsera les sombres profondeurs de nos âmes sur les plateaux de sa balance au jour du jugement… en donnant, je l’espère le nécessaire petit coup de pouce qui fera pencher le bon plateau du bon côté. En passant, je lui demande en douce, mine de rien, de ne surtout pas oublier pour moi ce décisif petit coup de pouce...

Cette chapelle occupe toute la fissure de la falaise, fermée par un mur de grand appareil de pierres de taille, bien régulières et superbement ajustées… pas besoin de toit, juste une simple génoise pour dévier la pluie qui ruisselle ici depuis le haut de la Gorge 150 mètres au-dessus.

Sur la façade, une porte dont la clé de voûte s’orne d’une croix de consécration et d’une date gravée : 27 d’août 1643… date d’une restauration par leur propriétaire, les moines de Montmajour :

Sur le côté, deux fenêtres grillées – sans doute plus récentes, surmontées d’une longue croix et de la trace encastrée d’un toit à double pente : restes d’une dépendance, d’une sacristie ou d’un logement dont témoigne à gauche, la ruine d’un mur en pierres plus grossières, percé d’une porte. Souvenir sans doute des ermites qui occupèrent les lieux au XVIIIe et même encore au XIXe siècle : 

Entrons. Une courte nef, dotée d’une paroi en pierres de taille pour habiller la roche nue de la grotte… une simple et délicieuse petite abside… un autel, empilement récent de pierres grossièrement cimentées, témoigne du traditionnel pèlerinage du 29 septembre pour la fête de l’archange qui perdurera jusqu’en 1939… C’était jadis dans le monde agricole une date importante : la fin des moissons et souvent celle du ban des vendanges, la date aussi où les paysans payaient les fermages, où les baux se signaient : 

Au-dessus de l’autel, une niche avec une statue du saint ayant perdu la tête et la lance dans le torrent des siècles, un chapelet passé autour de son bras, don d’un passant pratiquant et compatissant. 
Au-dessus de la statue, une inscription en capitales noires : « QUIS UT DEUS » Celui qui est comme Dieu… Ceci nous rappelle que le nom de Michel – Mi-Ka-El- signifie en hébreu « qui est comme Dieu » :

Michel fait partie d’un trio : Gabriel qui signifie en hébreu Puissance de Dieu ; c’est lui qui annonça à Marie qu’elle allait concevoir le Messie et qui prévint Zacharie que sa femme stérile allait enfanter Jean-Baptiste ; et enfin Raphaël qui signifie « Dieu Guérit » ; c’est lui que l’on retrouve dans l’histoire de la guérison de Tobie. 

Tous les noms de ces archanges se terminent en « el » qui en Hébreux signifie Dieu. Si les catholiques et les juifs ne retiennent que ces trois-là, la Bible en mentionne sept dans le Livre d’Énoch, livre qui n’est retenu canoniquement que par les Éthiopiens, mais ni par les chrétiens ni par les juifs. En plus des trois ci-dessus, les Éthiopiens retiennent donc : Uriel, Raguel, Sariel et Jérémiel… tous ce terminant également en « el »...

Sur le mur de droite, des guirlandes florales d’un ocre éteint témoignent d’un décor roman :

on devine la silhouette de l’archange effacée par les ans… une date : 1785, nouvelle restauration, un siècle et demi après la précédente : 

Vous avez descendu la gorge à pic, vous avez exploré les deux abris sous roche et passé à travers le puits d’angoisse, vous avez invoqué Michel dans son oratoire, il vous reste à remonter l’à-pic vertigineux ou alors, pourquoi pas ? suivre la berge gauche de la Nesque le long du GR9. Au départ, 7 pitons métalliques vous permettront d’escalader une paroi à pic pour vous mettre sur ce sentier. 

Avant de partir pour cette nouvelle aventure, si vous êtes un provençal à l’âme un peu félibre, n’oubliez pas de réciter les vers de Mistral dédiés à ces gorges, qui ont été traduits en un français vernaculaire totalement inapte à la prosodie : 

« Cette Nesque s’engouffre 
dans une gorge
 anfractueuse et sombre ;
et vient ensuite un point où le roc brusquement 

et incroyablement se cabre ...

C’est du Rocher du Cire qu’il s’agit :

Ni chat, ni chèvre, ni satyre,

Je vous en réponds bien, 
jamais n’y grimperont ! »
 

Et avant de reprendre votre promenade, en pensant à la multitude de générations d’ermites qui se sont succédé ici durant tant de siècles, vivant d’eau claire du ruisseau et de racines bouillies, reprenez leur invocation :

« Nous nous réfugions avec confiance
à l’ombre de vos saintes ailes,
ô Michel, esprit céleste ! »

François-Marie Legœuil