Nous venons de célébrer Noël, d’accueillir au creux de la nuit de notre terre cette présence discrète et puissante qui vient apporter lumière et vigueur à nos existences. Cette fête aura été vécue diversement, un peu à la manière des santons de nos crèches : pour certains sans être vraiment concernés par l’événement particulier ou sans chercher à s’y rallier ; pour d’autres en se rapprochant des familles, de celles et ceux que nous aimons et aussi de ceux qui peuvent être plus démunis dans la nuit de notre temps ; pour d’autres encore, en accueillant dans la liturgie l’aujourd’hui de l’annonce de cette Bonne Nouvelle qui rejoint notre terre et qui est joie offerte pour tous les hommes, pour tous les peuples.
Il nous faut maintenant entrer dans l’enfouissement de ce que nous venons d’accueillir pour le recevoir plus en vérité dans nos existences, avec d’autres.
La liturgie toujours nous accompagne et nous entraîne.
Elle nous donne de méditer sur le lien familial vécu entre Marie, Joseph et l’enfant. Un lien d’attention et aussi d’espace possible, où la relation entre chacun s’ajuste et où Jésus invite à vivre cela en référence au Père. Il est Celui qui vient enraciner, éclairer, situer toute relation familiale en lien avec Celui qu’il révèlera comme le Père.
Elle nous fait creuser cette manifestation de la Vie qui vient du Père et qui est pour tous.
Elle nous assure de la présence de l’Enfant, au cœur de notre monde, jusque dans les situations où la violence, la cruauté semblent l’emporter.
Elle nous invite à percevoir l’inouï de ce don qui nous est fait, non pas réservé à quelques-uns, à ceux qui l’attendaient, mais offert plus largement à tous ceux qui le cherchent, pour leur plus grande joie.
Une nouvelle fois, la célébration de la venue au milieu de nous de Celui qui se fait chair, qui se fait frère, nous appelle à élargir notre cœur à la mesure de celui de notre Dieu.
Cette annonce nous offre une paix possible au cœur de nos vies et de nos liens.
Elle nous dit la beauté et la dignité de chaque être vivant.
Elle appelle le respect attendu pour chacun.
Cela vient entraîner des déplacements, des conversions :
D’abord nous laisser rejoindre, toucher, transformer par Celui qui nous dit sa présence proche. Reconnaître que je nous n’avons pas l’exclusivité d’une telle nouvelle, qu’elle est toujours pour d’autres, pour tous.
Percevoir qu’il nous est donné de l’accueillir et de la recevoir de bien d’autres autour de nous, et parfois, de certains dont nous ne l’attendrions pas.
Eprouver qu’elle nous dépasse et nous déborde, nous invitant à la rencontre des frères pour accueillir Celui qui nous rejoint et marche avec nous.
2022 est ce temps qui nous est offert pour laisser en nous se creuser l’espace de cette présence. De quoi sera faite cette année ? Nous savons les inquiétudes pour la santé des uns et des autres ; nous connaissons les enjeux et les exigences pour que quiconque, là où il est, puisse trouver place ; nous savons aussi les attentes de chacun pour une vie plus belle, plus digne, plus en relation avec d’autres. Cette année, pour notre pays, sera une année d’élection(s) avec ce que cette période apporte de clivages, de postures, d’arguments… Chrétiens, citoyens, puissions-nous au cœur de ces mois, garder le souci d’un bien qui soit pour tous, et l’attention à tout ce qui peut venir servir une relation fraternelle. Soucieux, moins de sauvegarder des intérêts, que de favoriser une juste place pour chacun. Gardant la préoccupation que notre vie ensemble nous tourne également vers plus grand.
Laissons se prolonger la méditation du temps de Noël.
Que la venue de l’Enfant nous ouvre à une vie avec d’autres où chacun ait sa place.
+François FONLUPT
Archevêque d’Avignon