Encore un livre de piété au titre désuet et quelque peu rébarbatif me direz vous ?...il n’en est rien, car en réalité il s’agit de livrer au lecteur
Une précieuse clé de la paix intérieure
Car l’enjeu est bien là, dans un monde plus que jamais en proie au malaise d’une crise existentielle majeure. En effet, la quête de bonheur liée à la recherche du bien et de l’amour est le propre de l’homme, puisque créé à l’image de Dieu il est fait pour cela ...
Le péché originel ayant dénaturé cette quête et cette ressemblance, Dieu est venu le sauver, mais il ne peut le faire sans sa collaboration active, d’où la nécessité de ce combat spirituel.
Dieu qui t’a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi, nous rappelle Saint Augustin
Évidemment, Dieu ne nous abandonne pas dans ce combat, nous assurant de sa grâce...pourvu que nous la lui demandions et l’entretenions par la prière, les sacrements, l’écoute de sa Parole. Tous ces canaux de la grâce permette de « télécharger » Dieu dans notre âme Qui va pouvoir ainsi agir en nous. La vie théologale précède donc la vie morale, mais si notre vie est immorale, notre vie en Dieu va se perdre peu à peu... d’où l’appel incessant : « veillez et priez ».
Dans un combat il faut bien sûr connaître l’ennemi
et, en l’occurrence pour celui-ci, il y en a trois à combattre, deux extérieurs : le diable et le monde, et un intérieur : la chair, c’est à dire le Moi, l’amour propre.
En premier lieu, le Diable au cornes multiples : tentateur, séducteur, menteur, diviseur, essaie de nous faire croire qu’il n’existe pas ou, pire encore, qu’il est tout puissant...mais gardons toujours à l’esprit que
- contrairement à Dieu, il ne peut bénéficier de notre intériorité ...il reste à l’extérieur comme « un chien attaché qui aboie » selon le mot de Saint Louis-Marie Grignon de Montfort
- il est définitivement vaincu.
Autre ennemi à combattre : la Philautie, étymologiquement l’amour (démesuré ) de soi même. Cet amour propre, si puissant que, selon le mot de Saint François de Salles « il meurt un quart d’heure après nous », s’exprime par les passions de l’âme ; encore appelé d’un autre bon vieux mot qui sent son catéchisme : « péché capitaux », mais qui n’en offre pas moins une clé de lecture pour comprendre notre malheur intérieur...clé de lecture qui fait terriblement défaut à nos contemporains depuis le fameux « il est interdit d’interdire » et la confusion relativiste qui s’en est suivie.
Or, quand on fait le mal (même - et surtout - en l’appelant bien), il ne faut pas s’étonner d’être malheureux
La philautie, qui rend également aveugle sur soi-même (la fameuse poutre), se combat entre autres par
- la louange : se tourner vers Dieu permet de se décentrer de soi-même ;
- la chasteté, ou amour oblatif : aimer l’autre pour lui-même libère en effet de l’amour captatif qui cherche à s’approprier l’autre pour son profit.
Enfin, dernier ennemi : le monde...pas celui qui nous entoure, mais plus exactement « l’esprit du monde ».
Le premier moyen consiste à s’en détacher le plus possible, c’est-à-dire à se délester par l’ascèse de tous ces Trop : trop de bruit, trop de plaisir, trop de biens, etc...pour retrouver l’essentiel et permettre la vie intérieure.
Le deuxième est de se méfier du piège progressiste qui consiste à nous faire croire que le progrès sans limite et sans but est un bien, alors qu’il nous mène à une impasse , à un « sens interdit » (non-sens ou absurde).
De se méfier également de ce rêve prométhéen, que portent nos sociétés libertaires, de se substituer à Dieu. Car ne pas reconnaître les limites de notre nature humaine empêche justement la grâce d’agir en nous.
Ce combat est donc bien éloigné d’un combat d’arrière-garde ou d’un moralisme froid et sévère, mais il est, on l’a vu,
Une urgence de santé publique.
Ne craignons pas d’appeler à l’aide dans ce combat, la Vierge Marie, la première en chemin, pour nous guider vers cette paix et cette « joie que nul ne pourra nous ravir ».
Claudine Duport