L’auteur présente ici un ensemble de chroniques parues dans différents journaux tels que La Croix ou La Vie entre 2016 et 2020, répartis en trois parties, chacune consacrée à un Roi Mage qui, suivant l’étoile, guide le lecteur vers la Promesse : « Je serai Celui qui sera toujours là ».
Le prologue introduit ces textes courts, méditations philosophiques ou spirituelles, billets d’humour ou d’humeur, en faisant le constat de la soudaine éclipse de notre humanité, soulignant les errances de notre société que cette pandémie a révélées... errances principalement dues à cette illusion dérisoire de tout maîtriser, qui a hélas toujours engendré des dérives totalitaires... Au nouvel ordre moral succède donc aujourd’hui l’ordre sanitaire :
Ainsi la santé a damé le pion à la sainteté, le sanitaire au salutaire...
En fait, à l’origine de tout pouvoir, il y a la tentation de retourner l’ordre contre la vie. Or, comme le souligne Saint Exupery, la vie crée l’ordre, mais l’ordre ne crée pas la vie.
Mais l’auteur nous rassure : tout ordre qui racornit la vie qu’il prétend protéger est déjà condamné.
Car le souffle de l’Esprit, s’il est invisible et discret (il est dans le murmure du vent), est invincible.
En effet, la résistance au mal est toujours clandestine, mais elle permet de faire tomber peu à peu dans le for intérieur des personnes l’adhésion aux idéologies.
Mais Jésus nous dit « sans moi, vous ne pouvez rien faire ». Cette force de l’Esprit, nous l’obtiendrons uniquement si nous consentons à nous abandonner et à prier.
Car la prière commence justement là... lorsque nous cessons d’être puissants.
Prier, c’est donc exprimer son désir, mais se déprendre des moyens de sa satisfaction : que Ta volonté soit faite ! Prier, c’est donner à Dieu le temps de nous combler : c’est prendre son bien en patience.
La Bible nous dit qu’au temps du déluge « on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait... » Le nouveau fléau qu’est cette pandémie ne résonne-t-il pas aussi comme un avertissement ? N’est-il pas pour nous l’occasion de nous recentrer sur « les biens essentiels » ?
Dans l’encyclique Laudato Si, le pape François nous rappelle la vertu de frugalité - l’usage pauvre des biens -, qui permet non seulement de servir la justice, mais également de nous libérer du superflu et des attaches de ce monde.
Là encore, il nous est demandé de nous abandonner : « cherchez le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît »
Si nous savions le don de Dieu, ce serait déjà l’éternité
Tout arriverait par surcroît : ce jour ne serait plus une chose à réussir à affronter, mais un présent a accueillir.
Nous vivons dans le temps, mais l’éternité est déjà dans cet instant, vécu dans la perspective du Royaume.
Enfin, l’auteur s’interroge : la religion chrétienne est-elle la plus vraie ? en tous cas la plus ample, répond-il ; en effet, son génie propre est d’embrasser toute l’expérience humaine. Peut-être parce que Dieu se révèle comme un Père qui veut associer ses enfants à l’édification de son Royaume...? Pourtant, sans nous, Il aurait été plus efficace !
Sauf que la mesure de l’action divine n’est pas l’efficacité, mais l’amour.
Claudine DUPORT