Nous n’avons pu rester indifférents aux situations lourdes qui ont impacté notre terre. Car, s’il y a eu les Jeux Olympiques, il y a eu également bien des souffrances et des drames dont il dépend de nous de ne pas les ignorer et de les porter, chacun à notre manière : Haïti, une nouvelle fois éprouvé dans sa chair ; des incendies préoccupants en bien des lieux, jusque proches de nous ; des alertes de plus en plus vives sur le plan climatique ; des flambées de violence en tant de lieux là encore proches ou plus lointains ; la victoire des talibans en Afghanistan et ses conséquences violentes… Et comment oublier le combat de longue haleine contre la Covid 19 et les ajustements continuels à intégrer dans notre manière de vivre et d’être en relation.
C’est au cœur de cette terre, de ce qui la façonne, et avec celles et ceux qui y vivent, que nous avons à accueillir l’Evangile comme une Bonne Nouvelle pour aujourd’hui, en vivre, et en témoigner.
Le 11 juillet dernier, j’ai été installé dans la charge qui m’est confiée de pasteur de l’Eglise qui est en Vaucluse. Vous m’avez accueilli en la Métropole Notre-Dame-des-Doms, et il nous a été donné de vivre ensemble un beau temps d’Eglise, avec le peuple de Dieu représenté, autant qu’il était possible, en ses laïcs, celles et ceux avec qui je partage des liens humains, l’Eglise de Rodez qui m’accompagnait dans ce passage, les prêtres du presbyterium, les diacres, les religieuses et religieux et de nombreux frères évêques signifiant par leur présence le fait que notre Eglise ne peut se penser de manière isolée, mais qu’elle n’existe qu’en relation de communion avec toutes. Il nous était ainsi signifié, au cœur de la liturgie, le mystère de ce que nous sommes comme Eglise : ce petit peuple que Dieu rassemble dans le Christ, qu’Il accompagne et soutient de sa Parole et des dons qu’Il lui fait par les sacrements et qu’Il appelle à vivre d’une relation d’amour et de communion qui l’anime et le déborde. C’est pour servir cela que les ministères nous sont donnés, et, de manière centrale, celui de l’évêque. Au milieu de vous, j’ai été appelé à cette mission ; c’est désormais avec chacune et chacun d’entre vous que nous avons à en déployer tous les aspects.
Les limites du rassemblement de ce jour n’ont pas permis d’en faire une véritable fête diocésaine. Aussi je souhaite vraiment que l’assemblée programmée le 17 octobre à Carpentras nous donne de manifester un visage encore plus large de notre Eglise et d’entrer ensemble dans la mission renouvelée qui nous est confiée.
Cette journée du 17 octobre sera également le jour de l’ouverture de la démarche synodale initiée par la Pape François et qui conduira toutes nos Eglises vers l’Assemblée générale du synode des évêques à Rome, en octobre 2023 : « Pour une Église synodale : communion, participation et mission ». « Le chemin de la synodalité est le chemin que Dieu attend de l’Église du troisième millénaire. »*[*1] nous dit clairement l’évêque de Rome. Nous nous attacherons à nous mettre en route ensemble pour commencer à l’emprunter.
Depuis le 13 juillet, l’été aura été pour moi l’occasion de vivre bien des rencontres avec des personnes, et parmi elles des prêtres (je souhaite pouvoir rencontrer chacun d’eux personnellement dans le courant de cette année), des communautés religieuses, quelques lieux importants de notre vie ecclésiale. J’ai pu rejoindre chacun des deux pélés VTT qui se sont déroulés en juillet et en août. J’ai été heureux d’accompagner et de présider le pèlerinage diocésain à Lourdes qui a pu se vivre, conduit par l’Hospitalité. Les échanges avec les uns et les autres, les premiers déplacements me font commencer à percevoir la richesse et la variété de notre vie ecclésiale et des personnes qui lui donnent visage. Ce temps est nécessaire, et il sera encore long pour que je devienne peu à peu le pasteur du peuple que nous sommes. Merci de l’hospitalité de chacun, du temps et de l’espace que nous pouvons nous offrir.
Le 13 septembre, au retour d’une semaine de séjour à Rome en ‘visite ad limina’ - au seuil des basiliques des apôtres - avec les évêques des provinces de Marseille, Montpellier et Toulouse, nous vivrons une journée de rencontre avec les prêtres et les diacres du diocèse. Ce temps sera important pour un échange plus approfondi entre nous et nous préciser la manière de servir l’Eglise d’Avignon. J’invite vraiment chaque prêtre et diacre à y participer et confie ce jour à la prière de tous. Que nous puissions vivre une rencontre heureuse et féconde pour le ministère qui est le nôtre. Que l’Esprit Saint nous éclaire et nous entraîne.
Ces jours ont été aussi l’occasion de premiers contacts avec la réalité avignonnaise, une approche du temps du Festival, la rencontre d’élus et de personnes en responsabilité, autant de liens importants à instaurer et à nourrir pour que nous soyons véritablement insérés au sein de celles et ceux avec qui nous vivons en Vaucluse.
Je voudrais souhaiter à chacune et à chacun un beau temps de rentrée. Bien sûr, il nous faut repartir, reprendre des habitudes parfois contraignantes, un rythme qui appelle de l’énergie pour chaque jour, affronter des difficultés ou des situations lourdes… Mais c’est au cœur de ce quotidien qu’il nous est donné d’accueillir la ‘Bonne Nouvelle d’une bonté radicale’ qui éclaire nos vies et nous appelle à servir nos frères. Puissions-nous avancer ensemble, confiants, dans l’accueil de ce don.
+François FONLUPT
Archevêque d’Avignon
[1] Cf Discours du Saint-Père François lors de la commémoration du 50e anniversaire de l’institution du Synode des Évêques, 17 octobre 2015