C’est parce qu’ici, trois tableaux, le vitrail, la statue, tout évoque l’attente, la naissance, la famille, l’enfance, l’éducation. Toute naissance commence par une longue attente : à gauche, le grand tableau représente le Prophète Daniel, celui de l’exil à Babylone. L’ange Gabriel lui montre le Ciel en pointant du doigt un phylactère déroulé par deux
angelots. Daniel regarde, abritant d’une main ses yeux du soleil. Sur le bandeau, le zoom de l’appareil de photo permet de déchiffrer deux mots : « Hebdom. 62… » Ces 62 semaines se réfèrent au Livre de Daniel où est prophétisée la naissance du Messie : Daniel 9.25 « Sache et comprends ! Depuis l’instant où fut donné l’ordre de rebâtir Jérusalem jusqu’à l’avènement d’un messie, un chef, il y aura sept semaines. Pendant soixante-deux semaines, on rebâtira les places et les remparts, mais ce sera dans la détresse des temps. » Il s’agit de semaines d’années… 434 de nos années… un très long temps d’attente symbolique pour la naissance du Messie.
Sur le tableau d’à côté, nous retrouvons l’Ange Gabriel avec Tobie revenu chez son père en compagnie de sa jeune épouse Sarah qui joue avec son petit chien. Le jeune homme applique le fiel du poisson sur les yeux du père aveugle pour le guérir… Cette histoire, souligne Michel Berger, est « un manuel de la piété filiale et d’amour conjugal pour marcher courageusement dans les épreuves de la vie… »
Au centre de la chapelle, la statue d’une grand-mère - sainte Anne, vieille dame debout montrant un livre ouvert… sans doute l’évangile apocryphe de Jacques qui raconte la naissance merveilleuse de sa fille Marie : « Anne, le Seigneur Dieu a exaucé ta prière. Tu concevras et tu enfanteras, et on parlera de ta postérité dans le monde entier. » Un vitrail éclaire la chapelle. Registre inférieur, sainte Anne apprend à lire à sa fille Marie, registre supérieur, saint Joseph travaille sur son établi, l’Enfant Jésus joue avec une petite croix, jouet sans doute fabriqué par Joseph, Marie file sa laine… scènes de vie familiale simples et douces…
Dernier tableau : Jésus dans la synagogue, ayant faussé compagnie à ses parents, souligne de son doigt levé un point de doctrine aux docteurs de la Loi qui l’écoutent subjugués… « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » (Luc 2-49)
Très bon choix que cette chapelle, il ne reste plus qu’à y loger la crèche, déjà mentionnée dans la Bible chez le Prophète Isaïe : « le bœuf connaît son possesseur et l’âne, la crèche de son maître. » (Is. 1. 3)
François-Marie LEGOEUIL