Et si nous passions au vert, Label église verte, paroisse verte, Pour un Christ vert 1 ? La couleur verte semble être à la mode alors que nous venons de revêtir le violet du temps de Carême ! Est-ce effectivement un effet de mode qui aurait donc une durée de vie limitée ? Est-ce un reflet sans consistance d’aspirations que nous ne prenons pas la peine de mettre en œuvre ? Ou, pour reprendre les mots du Père Brugidou - venu donner deux conférences sur la question de l’écologie intégrale à nos prêtres pour leur session de formation -, ne serait-ce pas plutôt la teinte dont devraient se colorer nos actions quotidiennes ?
Car l’écologie intégrale ne peut pas être une simple activité de plus, un bénévolat supplémentaire, encore un nouveau projet à mener de front. La teinture n’est pas une pièce de tissu à raccrocher au patchwork de nos journées, c’est une coloration inédite qui touche tous les fils de la trame, sans leur faire perdre le motif qu’ils forment. Si nous nous arrêtons aux questions matérielles et de protection de la nature, nous n’aurons fait qu’une part du chemin, nécessaire mais incomplète sans Dieu et l’Homme. Si nous déplaçons la question de l’écologie intégrale hors du champ quotidien de nos vies, nous passons à côté du projet de Dieu qui a fait le ciel et la terre et toutes choses, et nous a placé au milieu de sa Création pour que nous en soyons des intendants, pour que nous y participions : en prenant soin de la flore et des animaux qu’il a créé, en aimant les frères qu’il y a placés en même temps que nous. Quelle juste place leur donnons-nous aujourd’hui ? La vie chrétienne est déjà écologie intégrale si nous vivons de notre baptême, si nous plaçons notre espérance dans le Salut et la Paix apportés par le Christ : l’accueil des plus pauvres et du migrant est fraternité, le refus de la surconsommation est chasteté, l’action associée à la prière est témoignage de foi.
Et l’écologie intégrale en paroisse ?
En nous mettant en marche à la suite du Christ, encore plus en ce temps de Carême, pourquoi ne pas relire son quotidien sous le filtre de l’écologie intégrale ? Dans leur livre « Comment sauver la planète à domicile, L’art de vivre selon Laudato Sì », Adeline et Alexis Voizard donnent des pistes pour les familles et la vie quotidienne. Les thèmes sont transposables en paroisse, qui a elle aussi vocation à être un lieu de la contemplation, lieu de la bénédiction, un lieu où goûter au beau, etc. Les questions pratiques s’y retrouvent aussi bien que chez nous : trier ses déchets, refuser le plastique, réduire sa consommation d’énergie… Et les autres aussi : quid de l’accueil, du rapport à l’argent, de la beauté comme reflet de Dieu ?
Pour les paroisses désireuses d’initier leur conversion écologique, Marie-Hélène Lafage a écrit un petit guide nommé « Laudato Sì en actes ». Efficace et précis, il donne des repères pour savoir d’où l’on vient et où l’on va, présente des initiatives existantes qui donnent envie de s’y mettre, et fournit une méthode déjà éprouvée depuis plusieurs années pour créer un groupe de réflexion en paroisse, ressources à l’appui.
Il est aussi possible de se joindre au Label Eglise Verte, à l’instar de la paroisse Saint-Ruf dans le diocèse, et de 500 autres sites religieux (paroisses chrétiennes, communautés, écoles catholiques, …) en France. Le site propose une grille de diagnostic pour faire un point complet sur une paroisse : énergie, consommables, mais aussi solidarité et pastorale.
La Conférence des Evêques de France a créé un site/magazine (toutestlié.catholique.fr) pour nous guider sur le chemin de l’écologie intégrale, en 4 thématiques : constater, enraciner, comprendre et agir.
C’est en effet en apprenant à mieux connaître et aimer la Création, que nous apprendrons aussi à la protéger et à la transmettre. Et cette conversion fera de nous des témoins de l’amour de Dieu pour toute sa Création.
Marie-Anne Molle
1 Jean et Hélène Bastaire chez Salvatore, 2009.