Quelques jours se sont déjà écoulés depuis la belle célébration diocésaine que nous avons pu vivre en la Cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras. Cet édifice, le plus vaste du diocèse, n’était pas assez grand pour accueillir tous ceux et celles qui ont souhaité répondre à l’invitation. Mais heureusement le soleil, dont la présence quasi constante m’étonne chaque jour, a permis aussi à bon nombre de participer à l’extérieur, sur le parvis. Merci à chacun pour sa présence, merci encore à celles et ceux, nombreux, qui ont permis la réalisation de ce bel événement.
Comme je l’ai exprimé, ce temps était à situer en complément de celui de mon installation le 11 juillet à la Métropole Notre-Dame-des-Doms. Il importait pour les uns et les autres qu’une rencontre se vive, pour le peuple de Dieu qui accueillait son pasteur, pour l’évêque que je suis, découvrant la variété de l’assemblée dans la diversité des générations, des lieux, des sensibilités, des engagements. Une cathédrale ou une Eglise prend toute sa signification quand elle est emplie de la présence des baptisés dans la diversité de leur réponse au don du Christ. La cathédrale de Carpentras exprimait toute sa beauté en accueillant une large représentation des communautés de notre diocèse.
Cela est très important. Je rends grâce pour ce moment où il m’a et nous a été donné de mieux percevoir l’Eglise que nous sommes, en nous laissant rassembler par le Seigneur. Puisse ce temps nous permettre de ne jamais nous penser seuls dans la diversité des engagements et des services qui sont les nôtres.
Au cœur de cette célébration, nous avons également marqué l’entrée de notre diocèse en synode, à l’invitation du Pape François. Comme tous les diocèses du monde, nous avons accueilli son appel à nous mettre en route pour « marcher ensemble » et nous interroger sur notre manière d’être Eglise.
Pour une Eglise synodale, communion - participation - mission
Cette démarche longue peut nous laisser quelque peu perplexes ! Que peut vouloir dire : vivre un synode sur la synodalité ? Quel en est le sujet réel ? Nous le découvrirons je l’espère peu à peu. Il s’agit de regarder ce que nous vivons, de nous demander de quelle manière nous laissons place à chacun, au sein de nos communautés, de nos groupes, mais aussi plus largement dans la relation aux personnes, aux autres croyants, à la société ; de quelle manière réelle nous « marchons ensemble » ? Nous savons l’insistance du Pape François pour nous dire que le chemin de la synodalité est celui que notre Eglise doit emprunter aujourd’hui. Des moyens vont nous être partagés pour affiner notre regard sur notre manière de marcher ensemble et nous demander ainsi, peu à peu, quel(s) pas supplémentaire(s) nous pouvons faire dans ce cheminement commun.
Cette réflexion se vit en chaque diocèse, elle s’élargira ensuite à l’Eglise en France, aux Eglises qui sont en Europe et en chaque continent, et viendra nourrir la réflexion des délégués qui constitueront l’assemblée synodale à Rome en octobre 2023.
Une double chance donc : regarder et interroger ce que nous vivons au sein de notre Eglise locale, et le situer largement au cœur de la vie de toutes les Eglises diocésaines.
Prions l’Esprit Saint, qu’il nous éclaire, nous donne de trouver en lui notre unité et d’avancer ensemble pour exprimer le visage d’Eglise qu’Il nous invite à être au cœur de notre temps *[*1].
Les jours de novembre qui sont là, nous invitent à tourner notre regard vers l’Eglise du ciel où nous précèdent tous ceux et celles qui ont lavé leurs robes dans le sang de l’Agneau *[*2]. Ils sont aussi les jours où se rassemblent à Lourdes, nombreux, les collégiens du diocèse. Je me réjouis de découvrir leur réponse à cette belle initiative et demande à Marie que ces journées proches d’elle soient pour ces jeunes et ceux qui les accompagnent un temps heureux qui soutienne et consolide leur foi de jeunes croyants.
J’espère les rejoindre pour célébrer avec eux, car en ces mêmes jours, évêques, nous vivrons notre habituelle assemblée de novembre, à Lourdes également. Ce temps va être particulièrement important. Pour nous retrouver d’abord - cela fait maintenant deux années que nous avons dû inventer d’autres formes de travail entre nous -, mais également pour mûrir les décisions importantes que nous avons à préciser et à prendre en réponse au rapport de la CIASE et aux recommandations qui nous sont faites pour poursuivre l’engagement de toute l’Eglise à lutter contre toute forme d’abus en son sein. Nous continuerons aussi le travail si important sur l’écologie, nous attachant à nous rendre plus attentifs à « la clameur des pauvres et à la clameur de la terre ». La tâche est importante. Je recommande ces jours à la prière de chacun. Que le Seigneur nous donne la lucidité et le courage nécessaires pour ouvrir des chemins nouveaux.
La solennité de la Toussaint nous donne de contempler ce qu’accomplit l’amour de notre Dieu quand il ouvre pour nous des chemins de sainteté. Elle nous donne de méditer sur ce lien mystérieux qui nous relie les uns aux autres, plus fort et plus profond que ce qui peut nous séparer ou nous opposer. « Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. »*[*3]
Au cœur même de la rudesse des jours, que le Seigneur nous donne de goûter à cette joie qu’il nous promet. « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » *[*4]
+François FONLUPT
Archevêque d’Avignon
[1] Cf Nous pouvons prier avec la prière à l’Esprit Saint pour une assemblée ecclésiale adsumus : https://www.synod.va/content/dam/synod/document/common/adsumus/FR-ADSUMUS.pdf (retour)
[2] Ap 7,14, Première lecture du jour de la Toussaint (retour)
[3] 1 Jn 3,1 Deuxième lecture du jour de la Toussaint (retour)
[4] Mt 5,1-12 Evangile du jour de la Toussaint (retour)