Les activités proposées par les forums associatifs qui ont fleuri tout le mois de septembre dans nos villes et villages, permettaient à chacun de choisir un lieu où s’épanouir cette année. Peut-être grâce à un peu de gouache, peut-être par une bonne dose d’effort et de sueur, peut-être en donnant de son temps bénévolement. Et si nous tentions quelque chose que nous n’avions pas prévu de faire, pour sortir de nos habitudes un brin soporifiques quand on les pratique depuis trop longtemps ? Pour sortir de la case dans laquelle nous nous sommes installés, et partir à la rencontre des merveilles que Dieu a placées dans nos vies ?
Cette ouverture à l’altérité et à la découverte, prélude à l’élargissement de notre être comme un nouveau manteau moins étriqué aux emmanchures, tourne court dans nos outils actuels d’échanges d’information. Que ce soit nos moteurs de recherche, dont le dominicain Eric Salobir dans La Croix l’Hebdo rappelle le fonctionnement par algorithme : la réponse proposée ne s’ajuste pas à la vérité mais s’assure d’être suffisamment référencée et connectée à d’autres sites. Le choix du plus grand groupe plutôt que celui de la vérité et de la raison.
Même principe réducteur pour nos réseaux sociaux dont les algorithmes nous proposent des contenus qui pourraient nous intéresser, selon la formule consacrée. Ce qui signifie : qui ont été sélectionnés selon nos dernières recherches et lectures, qui nous conforteront donc dans notre avis, notre certitude, notre opinion. Pas de trace d’avis divergents qui, sans nécessairement nous convaincre, nous pousseraient à mieux analyser, à confronter notre point de vue. C’est manquer la possibilité d’être remué, dérangé, comme on oxygène la terre en la retournant.
« Un nouveau style de vie est créé où l’on construit ce qu’on veut avoir devant soi ». Pape François, FT 49
Mais s’enfermer dans un schéma qui nous convient est illusoire et stérile. C’est laisser la peur de l’autre retenir en nous toute forme d’ouverture au monde réel, projet créateur de Dieu. « La peur nous prive du désir et de la capacité de rencontrer l’autre », alors « [qu’]une personne et un peuple ne sont féconds que s’ils savent de manière créative s’ouvrir aux autres » (Pape François FT 41).
Pas d’excuse ! Paul VI disait déjà dans Populorum progressio que « par le seul effort de son intelligence et de sa volonté, chaque homme peut grandir en humanité, valoir plus, être plus ». Mais surtout, que l’Homme, « doué d’intelligence et de liberté, est responsable de sa croissance, comme de son salut » !
En effet, quand l’homme déploie son humanité et élargit son être par l’usage de l’intelligence qui lui a été donnée, il est « l’artisan de ce que qu’il devient par ses choix de vie » .
Faire usage de l’intelligence qui nous a été donnée, c’est aussi s’ouvrir à Dieu, par notre rapport à sa Création, aux êtres et aux lois qui la composent.
Le programme du groupe de travail Écologie et Environnement de la Conférence des Évêques de France propose des pistes dans le chapitre Agir en chrétien pour la Création, pour cette recherche de la vérité et d’une réelle relation à Dieu, notamment :
- développer des formations
- célébrer Dieu créateur
- s’informer sur les questions environnementales
- ouvrir des lieux d’écoute et de dialogue
- être exemplaire dans nos choix
- inciter les chrétiens à s’engager dans la construction d’un « développement durable »
Car enfin, "comme la création toute entière est ordonnée à son créateur, la créature spirituelle est tenue d’orienter spontanément sa vie vers Dieu, vérité première et souverain bien. Aussi la croissance humaine constitue-t-elle comme un résumé de nos devoirs." Paul VI PP 16
Marie-Anne MOLLE