Le mois de saint Joseph - mars 1873
La chronique de Monsieur le chanoine Bruyère dans la dernière livraison du Bulletin diocésain de mars 1873 est consacrée à la dévotion à saint Joseph, évoquant « notre profonde vénération pour l’époux de la Reine des Vierges ».
« Il n’est aucun sanctuaire, à lui dédié, que de pieuses mains n’aient orné de guirlandes ; pas d’autel si pauvre qui n’ai étincelé de lumières et sur lequel les fleurs printanières n’aient étalé leurs couleurs variées et exhalé leur suave parfum… l’amour et la reconnaissance ont redit avec enthousiasme les grâces obtenues par son entremise ».
Il contemple et médite sur la place de saint Joseph au sein de la Sainte-Famille, glorifiant « sa tendre sollicitude pour le dépôt qui lui a été confié, (…) son empressement à prendre le fils de Dieu dans ses bras et à fuir à travers les montagnes et les vastes déserts la fureur d’Hérode ». « Nul doute, ajoute-t’il, que du haut de son séjour de gloire, saint Joseph ne porte une prédilection particulière à l’enfant chrétien, devenu par la grâce frère de Jésus et héritier du royaume céleste. Il continue la tendresse, la sollicitude, les soins qu’il avait pour Celui dont l’enfant sage est la plus vive et la plus touchante image ».
Décès de Monsieur l’abbé Joseph Esclangon 27 février 1923
Joseph Esclangon est né à l’Isle-sur-la-Sorgue en 1856. A Sainte-Garde, où il fit ses études, il se fit remarquer par ses grandes qualités de piété. Il poursuivit ses études au Grand-Séminaire, où s’affermirent ses fortes études, sa vive piété et sa régularité parfaite. Il fut ordonné prêtre en 1881 et « reçut dans ses mains, saintes et vénérables déjà, le calice que lui léguait son grand-oncle, l’abbé Bertet, ancien curé de Séguret, mort à Gadagne ».
Il fit un bref passage comme vicaire à Pernes, mais des problèmes de santé l’ont contraint au repos, aussi « il prit le chemin de Sainte Garde pour s’y refaire sous la paternelle administration de M. Bernard, dont le nom évoque toujours avec émotion l’image même de la bonté, sans faiblesse ». Il fut dans cette maison, professeur, maître de chœur et économe.
Il fut ensuite curé de Saumane, de Sablet puis de Caderousse, où il se montra toujours « un curé exemplaire ». A Caderousse, à nouveau repris par sa faible santé, il ne fit qu’un bref passage, et rejoignit Carpentras pour être aumônier du Carmel.
« La mort s’avançait lentement mais impitoyablement, terrassant le corps d’abord, puis les facultés de l’âme, et supprimant même à peu près toute conscience. Mais Dieu qui voulut associer son fidèle Ministre au Mystère de la Croix d’une façon toute particulière avait député auprès du malade un ange qui fut son second Ange Gardien. Par sa bonté souriante et son inlassable dévouement, Mlle Gabrielle Esclangon prolongea certainement les jours d’un frère que tant d’épreuves lui rendaient encore plus cher ».
« Que du haut du ciel, le cher abbé veille sur le diocèse et qu’il y suscite les prêtres fait à son image ! »
Décès de Monsieur le chanoine Gustave-Michel Ripert, 13 mars 1923
Né à Lumière le 21 septembre 1855, « tout prêt du sanctuaire où il devait plus tard devenir supérieur des chapelains », il est mort subitement à l’hôpital Saint-Joseph, à Lyon. « Ses confrères, auxquels il ne sut jamais rien refuser de son ministère et de ses forces, les si nombreuses paroisses qu’il évangélisa, les pèlerins de Notre-Dame de Lumière qu’il accueillait toujours si aimablement, déplorent une mort qui fait un si grand vide dans les rangs du clergé diocésain ».
Ordonné prêtre le 7 juin 1879 avec huit autres confrères, il est d’abord nommé vicaire à Cavaillon. En 1884, il entre à Saint-Sulpice, où il ne restera pas, mais enseignera au Petit-Séminaire de Sainte-Garde. En 1886, il est nommé vicaire à Saint-Didier, puis recteur à Lapalud en 1899. En 1904, il est curé de Pernes où il restera jusqu’en 1910, date à laquelle il deviendra supérieur des chapelains de Notre-Dame-de-Lumière. Entre-temps, il est nommé chanoine honoraire du Vénérable Chapitre de Notre-Dame-des-Doms en 1907. En 1917, il est transféré curé-doyen de Bollène jusqu’à son décès le 13 mars 1923.
Il fut inhumé « là-haut sous les pins, à l’ombre du rocher de Saint-Michel, dans la chapelle même consacrée au glorieux archange » à Lumière.
Ministère presbytéral dans le Peuple de Dieu, session sacerdotale à Vénasque, 1-2 mars 1973
Cette session fut préparée pendant dix mois par le Conseil Presbytéral « recueillant les échos du diocèse », précisant les « objectifs et méthode de travail ». Cet évènement était attendu ! Si le bulletin du diocèse du mois de mars 1973 donne de larges extraits des trois conférences qui furent données, mais « l’apport actif des sessionnistes dans les carrefours et au cours de l’assemblée générale » apparaît moins directement, pour autant ces 26 pages – notamment les orientations données par l’archevêque en conclusion - rendent un vibrant témoignage synodal qui a été fait.
Les conférences qui viennent éclairer et nourrir la réflexion des participants, sont données par Mgr Bouchex, consacré évêque le 19 mars 1972, et qui était alors évêque-auxiliaire d’Aix-et-Arles. La première conférence veut situer et identifier les ministères dans la vie actuelle de l’Église. Pour bien les comprendre, l’évêque a d’abord parlé de l’Église et de sa mission : « Que Dieu, le Père de Jésus-Christ, soit glorifié, c’est-à-dire reconnu, nommé, célébré comme Celui qui est la source et aussi le terme du sens que nous cherchons pour notre vie, du sens que les hommes cherchent pour leur vie ». Cette mission est vécue et portée par une diversité légitime de communautés qui vivent et témoignent, demeurant attentives aux besoins et aux attentes de leurs frères. Les ministères sont des services, mais tous les services ne sont pas des ministères, et Mgr Bouchex donne quelques traits qui permettent de discerner les ministères, et il en distingue trois catégories, en lien avec l’Église : les ministères reconnus, institués et ordonnés.
Il s’attarde alors sur les ministères ordonnés dans la variété des ministères et dans les communautés. Si les ministères ordonnés prennent leur place parmi d’autres, il ne s’agit ni de dévaloriser les premiers, ni d’utiliser ou de réduire les seconds, chacun a sa place dans un esprit de communion. Et la première condition est « que nous retrouvions sans cesse à sa source le service irremplaçable que nous avons à vivre », la deuxième est de comprendre la diversité des ministères comme une richesse et un enrichissement.
Il approfondit sa réflexion sur « notre ministère » pour le mieux comprendre et découvrir à nouveau « le service irremplaçable qu’il doit rendre au milieu des autres ministères ». Il insiste sur la compétence nécessaire pour accomplir ce ministère indispensable, parce qu’il s’agit « de maintenir le lien au Jésus de l’Histoire dont les Apôtres sont témoins, et c’est de maintenir le lien au Christ toujours vivant ». Ce ministère appelle de chacun une fidélité personnelle au Christ de qui la mission est reçue par l’Église. Il est difficile de rendre en quelques mots toute la richesse de l’enseignement de Mgr Bouchex sur la beauté et le contenu de la mission des ministres ordonnés.
Il évoque ensuite quelques conditions « à mettre en œuvre à propos de ces ministères et de notre ministère parmi les ministères » : nous sommes tous nécessaires ; apprendre à vivre et à vérifier ce que nous vivons ; apprendre à travailler dans l’unité ; partager nos réussites ; vivre avec un esprit d’initiative, voir ce qui a de la valeur, ce qu’il faut améliorer en lien avec les autres fidèles du Christ.
Les orientations données par Mgr Polge, archevêque d’Avignon, ressortent des réflexions en carrefours : reconnaître et découvrir les chrétiens effectivement engagés ; appeler toujours plus ; aller au plus profond de nos responsabilités. Pour cela « la formation humaine, doctrinale, spirituelle, est essentielle pour ne pas décourager, compromettre l’effort actuel et pour lui donner toute son efficacité évangélique ». Il engage à une démarche synodale qui n’en a pas le nom, à « penser avec » les religieux et les laïcs.
Il conclue « la collaboration des religieuses et des laïcs, loin de mettre en cause notre ministère de prêtres, lui redonnera un sens renouvelé. Loin de rendre inutiles ou moins importantes nos rencontres sacerdotales, elle les suppose et exige plus que jamais. C’est là, qu’entre prêtres, partageant nos réussites comme nos échecs, nous nous aiderons à vérifier la qualité de notre présence, de notre travail avec les autres, les fondements de notre foi, de notre vie, de notre ministère indispensable ».
Abbé Bruno Gerthoux
Archiviste