Seigneur, avec toi nous irons au désert.

1er mars 2023

Le chemin du Carême est celui que nous avons commencé à emprunter depuis le mercredi des cendres, accueillant cette invitation à revenir vers le Seigneur, à nous laisser réconcilier, façonner par la justice même de Dieu.

Nous en avons vécu une première étape ce dimanche avec nos communautés rassemblées, et particulièrement à Avignon, à l’Église du Sacré-Cœur, où j’ai célébré l’appel décisif des catéchumènes à recevoir les sacrements de l’Initiation Chrétienne, le baptême, la confirmation et l’eucharistie, au cours des prochaines fêtes pascales.

Le temps du Carême est avant tout celui des catéchumènes. Ces hommes et ces femmes qui se sont laissés rencontrer par le Seigneur, se sont mis en route, à tâtons, souvent dans l’obscurité, et ont marché, accompagnés par des chrétiens, des prêtres de leur communauté, pour mesurer l’amour que le Seigneur leur porte et l’appel qu’il adresse à leur vie.

Ils étaient quarante à se rassembler, d’âge, de lieux, d’horizons divers, étonnés sans doute eux-mêmes de ne pas être seuls, et recevant ce que Dieu manifeste à l’histoire de chacun comme un écho à leur propre expérience.

C’est un long chemin qui les a conduits à ce jour. Celui de leur vie, de leur histoire, de leurs joies, de leurs souffrances. Chemin traversé par la conscience d’un manque, d’un vide. Des appels les ont rejoints au cœur de moments forts : la naissance d’un enfant, le deuil d’un parent, d’un frère, un accident de la vie. Des rencontres également les ont interpellés, avec des hommes et des femmes dont la manière de vivre ‘en croyant’ leur faisait signe, les appelait.

Durant le temps du catéchuménat, ils ont accueilli la Parole, celle que nous recevons en communauté comme dans le secret de notre prière. Ils ont reçu la promesse d’un Dieu qui met en nous son souffle de vie. Ils ont marché avec des croyants. Ils se sont attachés à accueillir, à reconnaitre, à laisser se déployer en eux ce souffle, à ne pas passer à côté de la vie.

Laissons s’exprimer quelques-uns d’entre eux :

« Je ramène chez moi le Nouveau Testament et découvre la prière du Notre Père. Je l’ai apprise et j’essayais de la réciter souvent dans mon coin. »

« Le Seigneur s’est fait connaître à moi. J’ai su qu’il était là pour moi, que je n’étais plus seul, que j’étais aimé plus que tout au monde. »

« La foi s’est immiscée en moi très lentement… je n’ai fait aucun effort pour aller chercher cette foi qui était et demeure un grand mystère. »

« J’ai découvert dans l’intimité des célébrations dominicales, la présence physique du Christ. »

 

Cela a engagé pour eux un chemin avec d’autres, ils ont été accueillis dans nos communautés et continueront à l’être au cours de ces dimanches à venir où ils célèbreront les scrutins.

« J’ai découvert la vie en paroisse… La réaction de la communauté a été formidable, bienveillante, vivant cela pour elle comme une grâce de Dieu. »

Nous le comprenions mieux alors, en accueillant la parole du jour : « L’homme ne vit pas seulement de pain. » Et pour ne pas se laisser prendre totalement par les préoccupations et les aspirations du quotidien, il peut puiser dans le trésor de la Parole et des sacrements qui nous relient à Celui qui vient nous offrir la Vie, et la Vie en abondance.

Nous percevions ce qui a été heureux et précieux sur le chemin de chacun : la rencontre d’autres, la présence de chrétiens, la Parole. Cela les a mis en route et les a changés… parce que la rencontre en profondeur avec ce Dieu Amour nous change et nous comble.

C’est sur ce chemin qu’ils sont appelés aujourd’hui de manière décisive. Et ce sont eux qui viennent nous interpeller et nous entraîner à poursuivre notre chemin de croyants. A continuer à nous laisser convertir. Ils entraînent les ‘vieux croyants’ que nous sommes et les communautés que nous formons à nous laisser renouveler par l’amour que le Seigneur nous manifeste.

Avec eux, prenons ce chemin du Carême. Il nous sera donné de retrouver l’amour que le Seigneur porte à chacun, l’appel qu’il lui adresse, le don qu’il lui fait dans la passion la mort et la résurrection de son Fils.

En marchant les uns avec les autres, que ce temps nous renouvelle et nous tourne plus en vérité vers le Seigneur et vers nos frères.

Seigneur, avec toi nous irons au désert,
Poussés comme toi par l’Esprit ;
Et nous fêterons notre Pâque au désert :
Nous vivrons le désert avec toi.

+ François Fonlupt
Archevêque d’Avignon