Je lisais récemment un petit livre de bonnes nouvelles racontant les initiatives de quidams motivés, habitants de France et de Navarre, qui se sont lancés dans un projet pour changer un bout du monde, un premier, on verra pour la suite qui ne tardera pas à arriver, assez rapidement, invitée par l’enthousiasme et les convictions des porteurs de projets.
Il y en a pour tous : des initiatives locales mais à différentes échelles, plus ou moins impactantes, plus ou moins collaboratives, toutes enrichissantes. Le lecteur retrouve les grands thèmes de Laudato Sì : nourriture, éducation, consommation, dialogue, finances, etc. et s’enthousiasme à la suite de ces porteurs de projets qui étaient en quête de sens, et qui, plutôt que d’aller le chercher dans une quête virtuelle, des séances de ressourcement intérieur et des achats compensatoires, ont fait des choix, pris la mesure et le bon poids, et se sont lancés dans l’aventure.
Mais le lecteur chrétien reste sur sa faim. Ce n’est pas encore entier, plein, parfait ; et je ne parle pas là des ajustements nécessaires à tout projet, non, nous ne sommes pas comblés parce qu’il manque une part, la plus grande, la part décisive, celle de notre rapport à Dieu. Toutes ces initiatives sont belles, elles ont le goût de la charité, mais… il manque le sel.
L’écologie manque de sel, pour l’unifier et en révéler les saveurs, si elle retire de l’équation le Créateur de toutes choses. Sa place nous remet à la nôtre. D’abord, nous ne sauverons pas le monde, Jésus s’en est déjà occupé, nous serons plutôt sauvés d’un orgueil démesuré et déplacé. Ensuite, nous ne porterons pas tout à la mesure de nos bras humains, parce que s’il n’y a que nous, même avec un peu de nature et beaucoup de technologie, nous n’irons pas loin.
Il ne faut donc pas oublier le sel, puis ajouter un peu de poivre.
Le sel de l’existence est essentiellement dans le poivre qu’on y met. Alphonse Allais
Car tout est possible, et il y a tellement à faire ! Nous pouvons reprendre un à un les grands thèmes de Laudato Sì, l’urgence est partout. Nous sommes le sel de la terre, apportons-y aussi du poivre. Notons au passage que le poivre peut être plus ou moins fruité, plus ou moins intense, et que cette diversité, si chère au bon Dieu (il n’y a qu’à voir le genre humain) est une grande richesse. Notre beau Diocèse est un territoire idéal pour saler et poivrer l’existence : richesse du patrimoine religieux et des communautés vivantes, diversité des paysages entre plaine de la Durance et Ventoux, inégalités sociales, grandes précarités et tourisme, culture et nature… Et les initiatives fleurissent discrètement mais sûrement : décryptage de Laudato Sì dans la revue paroissiale d’Apt, biens immobiliers confiés à Habitat et Humanisme par des propriétaires privés, jardins partagés (j’y reviendrai dans un prochain article) n’en sont qu’un exemple, auxquels peuvent s’ajouter de nombreux projets, pourvu que nous restions ajustés à Dieu ! Alors nous serons véritablement le sel de la terre.
Marie-Anne Molle