31 décembre 2020


Edito de l’évêque> “Si vous ne redevenez pas comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu”

Depuis la nuit de Noël, je ne cesse de contempler le petit enfant emmailloté et couché dans une mangeoire. Pourquoi le Fils de Dieu a-t-il voulu venir ainsi au milieu de nous et se présenter comme un petit enfant totalement vulnérable, totalement dépendant et de plus couché dans une mangeoire, pourquoi un tel lieu pour le Fils de Dieu en personne ? Cela est certainement lourd de sens pour nous tous, aujourd’hui encore ! En même temps, il nous dira des années plus tard : “Si vous ne redevenez pas comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu !” Et il s’agit pour lui d’une certitude absolue.

De son côté, un ange a bien dit aux bergers : « Je vous annonce une bonne nouvelle qui sera une grande joie pour tout le peuple : “Il vous est né aujourd’hui dans la ville de David un Sauveur qui est le Christ Seigneur” », mais il a ajouté aussitôt comme signe de la venue de ce Sauveur et Seigneur : « Vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et de fait, les bergers qui se sont immédiatement rendus à Bethléem pour voir ce qu’il en était, ont bien trouvé “Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans une mangeoire”. Pour confirmer tout cela, Jésus lui-même nous a dit : “Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie !”

Mais tout cela intéresse-t-il vraiment nos contemporains ? Non, pas vraiment, et encore je n’ose pas écrire que la plupart des gens s’en moquent allègrement. Leur souci, dès que le confinement fut levé, a été d’envahir magasins et hypermarchés pour acheter et consommer, se rattraper dans une frénésie sans retenue. Le consumérisme était redevenu roi ! Et la pandémie oubliée le temps du réveillon, de la dinde et de la bûche. Pour le nouvel an, heureusement, le couvre-feu a été rétabli, mais pourrons-nous échapper à un troisième confinement ?

Personnellement, dès le soir de Noël, je suis partie chez les Petites Sœurs de l’Agneau près de Fanjeaux, et là, dans la solitude d’un ermitage au fond des bois, je continue à contempler le nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ! Comme la sainte Vierge, je garde dans mon cœur tous ces événements, toutes ces paroles, et je les médite dans le silence.

Loin du vacarme de notre monde, la nuit s’illumine et la lumière devient pour moi évidente : le Fils bien-aimé du Père s’est présenté à nous comme un petit enfant, pour nous dire et redire : votre vocation est infiniment plus grande que tout ce que vous pourriez imaginer ou rêver, votre vocation est de devenir en moi les enfants bien-aimés du Père. De toute éternité, nous avons fait le merveilleux projet de donner la vie à des êtres qui pourraient partager notre propre vie divine. L’amour n’a qu’un désir, celui de se répandre et de se communiquer ! La vie ne s’achève pas dans la mort, la vie ici-bas n’est qu’un apprentissage, elle nous est donnée comme un cadeau merveilleux pour nous ouvrir au projet de Dieu notre Père, trouver la vie dans son Fils au souffle de l’Esprit, et apprendre jour après jour le Chemin de la Vie, le Chemin de l’Amour, en vivant dans le Fils bien-aimé avec tous mes frères. Je découvre que l’autre est le Christ, et qu’ensemble nous devons construire, comme le disait saint Jean-Paul II, la civilisation de l’Amour !

Aujourd’hui, je contemple le nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire, et je me laisse instruire par Lui. Je découvre qu’il est le pauvre par excellence ; il n’a rien, mais éternellement il reçoit tout de son Père. Et si je veux entrer dans sa propre vie divine, je dois me dégager de tout et recevoir tout de mon Père du ciel, d’instant en instant et pour toujours. Quel merveilleux projet de vie pour nous tous, avec l’aide de l’Esprit Saint bien sûr !

Je voudrais aussi vous dire adieu, car en raison de mon âge, j’ai présenté ma démission au Saint Père, et j’attends, je pense pour les premiers jours de janvier, son acceptation et la nomination d’un administrateur en attendant l’arrivée d’un nouvel archevêque. Je rends grâce pour tout ce que j’ai vécu avec vous toutes ces dernières années. Mon seul désir maintenant est de commencer mon noviciat du ciel et de devenir un priant au service de l’Église à l’école de “saint” Charles de Foucauld et du bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant Jésus, dont j’ai été le disciple, en attendant le jour où il me sera donné d’entrer dans la VIE.

Je vais me retirer dans le diocèse de Bayonne, à Pontacq à 10 km de Lourdes. Je ne vous oublierai pas, et dans ma prière je continuerai à intercéder pour vous tous, pour que vous deveniez des saints, voilà même le vœu que je formule pour vous en ce début d’année.

 + Jean-Pierre Cattenoz
 Archevêque d’Avignon

Paroisses en créations > Loué sois-Tu pour la nouvelle année !

La nouvelle année incite à faire des listes de projets ou de résolutions, plus ou moins basées sur une relecture de l’an passé, et souvent peu assujetties à la loi des 24 heures disponibles par jour, pas une minute de plus. C’est aussi le moment d’envoyer nos vœux à nos proches. L’inspiration peut nous venir en pensant aux vœux que nous ferions pour nous-même. Ces deux traditions ne sont pas si éloignées l’une de l’autre, et il n’est pas totalement incongru de souhaiter à nos proches la réalisation des projets de leur liste, le développement de leurs talents, un peu plus de temps à consacrer à la beauté et à la découverte !


Dans cette belle tradition, à mon tour,

Je nous souhaite de nous émerveiller chaque jour du don de la Création que Dieu a fait à l’Homme, dans sa grande majesté comme dans ses petits détails. Que la Sainte Vierge, Reine de la Création et Pleine de Grâce, éclaire d’une lumière nouvelle notre regard quotidien, afin que nous soyons attentifs à la beauté et la vulnérabilité de la Création, emplis de curiosité et de bienveillance.

Et devant les blessures qui sont infligées à la Création et que nous ne manquerons pas de voir, je nous souhaite de ne pas détourner les yeux, mais de regarder vraiment, dans une volonté de rechercher la Vérité. Que l’Esprit Saint, Souffle Créateur, nous aide à relire nos vies pour y déceler les offenses faites à la Création de Dieu par nos actions et notre incapacité d’agir. Qu’Il nous conduise sur un nouveau chemin afin que nous devenions des artisans d’un monde plus juste et plus fraternel.

Je nous souhaite de prendre part à l’Amour, à la Paix et à la Joie que la naissance du Sauveur nous apporte. Je nous souhaite de devenir des chercheurs et des veilleurs, afin qu’avec tous nos frères humains, nous puissions œuvrer pour préserver la dignité de chacun et le bien commun qui nous a été confié.

Je nous souhaite d’être des témoins dans nos communautés chrétiennes, et par ces mêmes communautés, je nous souhaite d’être témoins d’une conversion matérielle et spirituelle qui replace en cohérence notre foi et notre agir dans l’Amour Créateur de Dieu.

Je nous souhaite de cheminer ensemble dans une nouvelle relation à Dieu, à soi, aux autres et au monde, à la suite de Celui qui fait toutes choses nouvelles.

Belle et Sainte année 2021 !

Marie-Anne MOLLE

Portrait> Léo

Léo est né le 02.02.2020, date qui est un palindrome parfait.

Parfait car non seulement la lecture peut se faire de gauche à droite et de droite à gauche, mais aussi parce que l’ordre d’affichage des jour/mois/année n’en change pas la rare et amusante lecture.

L’année 2020 se pliant à ce jeu palindromique serait-elle une année parfaite ? Bigre ! L’expérience commune de l’humanité en proie à la pandémie semble étouffer cet attribut de perfection, d’autant que cette expérience commune de l’humanité a très vite commencé par des gestes et des attitudes barrières, barrières au virus mais, de fait, barrières à l’humanité.

 Léo est né le 2 février 2020. Le mois de mars arrive et Léo est le bébé le plus heureux du monde :

Le confinement lui a donné de prolonger la communion dans le sein maternel d’avant sa venue au monde, en découvrant aussi une communion élargie à son papa et son grand frère.
On dit souvent que lorsqu’un nourrisson commence à sourire, il sourit aux anges.Sûrement, mais il est certain que Léo a souri en cherchant le regard de sa maman, et en reconnaissant la voix de son papa l’incitant au dialogue de la tendre ouverture à la vie.
Le déconfinement, pour lui, a été un choc : il a découvert de nouveaux visages, de nouveaux bras aimants et il a fallu faire connaissance pour que les pleurs de l’inconnu fassent place aux sourires de la réciprocité relationnelle.
En 2020, Léo a découvert qu’il pouvait être nourri et soigné jusqu’à la béatitude, qu’il pouvait se cacher dans le cou de sa maman et y vocaliser de bonheur ; il s’est aperçu qu’il pouvait tendre les bras pour être porté, pour être chéri, et même pour être consolé ! Il a aussi découvert que la relation à ceux qui l’aiment pouvait le faire rire aux éclats et que son corps était fait pour aller vers les autres !
La vie c’est ça : être assoiffé de relation, et s’ouvrir au monde dans l’amour et la confiance !


Force est de constater, que ce qui nous aura manqué le plus en 2020, c’est d’être et de vivre avec ceux qu’on aime... et même ceux qu’on aime moins !

Acculés à ce manque, c’est comme si on perdait le sens de la vie, car, sans l’autre, je ne suis rien.
Et si en 2021, le vaccin apparaît comme notre planche de salut, encore faut-il pour que le remède soit efficace, que tous ensemble, nous acceptions d’être vaccinés. C’est drôle : même le vaccin nous dit qu’on ne pourra pas s’en sortir sans fraternité !


Au fait, Léo est né le 2 février, jour de la présentation de Jésus au temple par ses parents !

Quel jour parfait pour nous exhorter à présenter tous les jours, nos enfants au Seigneur ; rendons grâce à Dieu pour le don de la vie en eux, pour qu’à l’instar de Léo, notre vie soit confiante en Dieu !
Espérons que 2021 soit une année parfaite, car nous aurons su, dans l’action de grâce, nous mettre à l’école des jeunes pousses de 2020, à l’école des plus petits !

Il paraît même que le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent ! (Luc 18, 16)

Sylvie TESTUD

Le livre du mois> Du Fanatisme - Quand la religion est malade, Adrien Candiard

C’est en tant qu’islamologue et chrétien - prêtre de surcroît - qu’Adrien Candiart aborde la question, ô combien actuelle, du fanatisme religieux ...en en soulignant le caractère paradoxal.

Si ce fanatisme a toujours existé dans toutes les religions y compris dans le christianisme, ce concept ayant été forgé en son temps par les philosophes des Lumières, il est bien entendu davantage question ici du fanatisme islamique.

A l’instar de ces philosophes du XVIIIe siècle, on tente d’ailleurs trop souvent d’expliquer aujourd’hui ce phénomène par des approches uniquement sociologiques ou psychologiques.

Ce n’est pas totalement faux, mais ce n’est pas suffisant :

En effet, on n’administre pas pendant plusieurs années un vaste territoire en faisant la guerre au monde entier tel que l’a fait Daesh, avec pour seule ressource, "une poignée d’imbéciles en proie à un délire collectif..."

Il ne suffit pas d’avoir "des paumés manipulés par des cyniques, il faut aussi des croyants" : des gens qui ont une vision du monde cohérente et rationnelle en adéquation avec le réel .

Pour combattre ce fanatisme, il faut en réalité lui opposer un discours théologique

(domaine malheureusement ignoré, parce que trop souvent perçu comme vain et dogmatique), le seul pourtant qui puisse être entendu par des croyants, parce qu’il est justement un discours raisonné et critique sur la foi et sur Dieu.

Pour tenter d’expliquer le fanatisme islamique , l’auteur nous entraîne dans l’étude du Hanbalisme (Ecole fondée au IXe siècle par Ibn Hanbal, dont le salafisme se réclame aujourd’hui )....cette théologie met au centre de son approche l’absolue transcendance de Dieu dont on ne connaît pas la nature - puisqu’elle est transcendante -, mais la seule volonté.

Dieu est d’ailleurs tellement transcendant qu’il en devient absent !...remplacé finalement par le culte de la Loi, qui, de moyen, devient une fin en soi, c’est à dire une idole.

Pour les tenants de ce « pieux agnosticisme », avoir la foi n’a donc pas du tout le même sens que dans un Occident formé par des siècles de christianisme.

Pour le christianisme, avoir la foi c’est une relation d’amour personnelle avec Dieu...

les œuvres sont les conséquences de cette relation d’amour.

Pour l’islam, aimer Dieu c’est faire ce qu’il veut, c’est obéir à sa loi.

Il n’est pas question d’intériorité mais d’action : pour l’islam, faire c’est être.

On comprend mieux ainsi l’engouement de l’Islam contemporain pour toutes ces questions d’ordre alimentaire ou vestimentaire.

Dans le cas du christianisme, le but est de faire connaître et aimer Dieu : la contrainte dans ce cas est irrationnelle (et contre-productive).

Dans le cas de l’islam, le but est d’agir de telle sorte que la volonté de Dieu soit respectée : la contrainte est alors rationnelle .

Ainsi, on le voit, les moyens que la société propose face au fanatisme, telle la déradicalisation, se révèlent alors bien dérisoires, tant il est vrai que ce phénomène repose sur une croyance dont il est nécessaire avant tout de comprendre la logique propre .

Les seuls remèdes que l’on peut envisager se situent par conséquent davantage sur un plan spirituel :

il faut déjà remettre le discours théologique à l’honneur dans notre société (laïcité ne signifiant pas laïcisme) et encourager par ailleurs un dialogue inter-religieux qui n’est ni confrontation stérile, ni renoncement à la vérité chrétienne, ni syncrétisme, mais qui consiste à savoir écouter et parler de Dieu avec une extrême chasteté c’est à dire sans chercher à se L’approprier .

Il faut donc retrouver une vie spirituelle, tant au niveau de la société qu’au plan personnel, en renouvelant notre vie de prière, car

c’est en priant que l’on apprend à connaître et aimer Dieu.

Or, aimer Dieu c’est fuir les certitudes confortables pour s’engager dans une aventure spirituelle avec quelqu’un qui ne se laisse pas enfermer dans nos images rassurantes et réductrices, mais qui est le seul à pouvoir combler notre désir d’absolu.

En tout cas, on ne détournera pas du fanatisme en proposant de l’eau tiède, mais en offrant la vitalité d’une eau vive jaillissant en vie éternelle.

Claudine DUPORT

Il y a 100 ans dans le diocèse> Autrefois dans le diocèse d’Avignon - Janvier

Saint François de Sales à Avignon

Saint François de Sales,
collection privée

Le 24 janvier, nous célébrons la mémoire de saint François de Sales. S’il est décédé le 22 décembre 1622 à Lyon, le jour de la fête des saints Innocents, il est fêté le 24 janvier, au jour anniversaire de la translation de son corps de Lyon à Annecy, en 1623. Dans le calendrier de la forme extraordinaire du rite romain, il est célébré au 29 janvier.

Le pape Alexandre VII (1599-1667) écrivait à un membre de sa famille qui était prêtre : « Faites toujours, je vous en prie, de François de Sales vos amours et vos délices, soyez son lecteur assidu, son fils obéissant, son imitateur fidèle…c’est qu’à l’exemple du Sauveur, il a commencé par faire et ensuite à enseigner, de sorte qu’il semble qu’on lise sa vie en considérant ses conseils, et que, l’ayant vu d’abord donner l’exemple, on trouve ses préceptes plus faciles à pratiquer… »

Gravure de César de Bus tirée de l’ouvrage
la Vie du vénérable César de Bus,
par le RP Pierre Du Mas, Paris 1703
(Bibliothèque patrimoniale des archives)

Or, en novembre 1622, saint François de Sales, un mois avant sa mort, était de passage à Avignon. L’abbé Paulin Giloteaux dans son ouvrage Le vénérable César de Bus (Le Scorpion, 1961) évoque une anecdote concernant son séjour.

En effet, saint François de Sales avait une grande vénération et estime pour le père César de Bus. Or, ce dernier est mort le 15 avril 1607 et fut inhumé dans l’église de Saint-Jean-Le-Vieux (sur l’actuelle place Pie). Saint François de Sales voulut célébrer la messe à l’intention de César de Bus. Comme il était convenable, il aurait dû revêtir des ornements noirs pour la messe des défunts, or il refusa ceux qu’on lui présentait et en demanda des blancs - que l’on utilise pour les fêtes, et en particulier celles des saints qui ne sont pas martyrs. Il aurait dit : « Je veux dire la messe des Confesseurs (de la foi) ! Le Père César de Bus était un saint et je tiens à remercier le Seigneur des grâces qu’il lui a accordées ».

L’œuvre de Saint François de Sales

Lorsqu’on parcourt les fonds d’archives paroissiaux, apparait souvent dans les registres des œuvres, la mention de celle de Saint François de Sales.

Dans son manuel de piété à l’usage des fidèles d’Orange édité en 1897, l’abbé Siméon Bonnel, prêtre de Notre-Dame-de-Sainte-Garde, consacre le chapitre II de la troisième partie aux œuvres de charité, et à celle qui nous intéresse à partir de la page 381.

Page de couverture, collection privée

Cette œuvre est née en 1857, par la volonté du Pape Pie IX, avec pour but de « préserver, de conserver, de ranimer la foi partout où elle est menacée par l’hérésie ou l’impiété » et selon les mots mêmes du pape cité dans l’ouvrage « une sorte de la propagation de la foi à l’intérieur ». La nécessité de cette œuvre est soulignée par le fait que « tout s’unit pour déraciner ou au moins ébranler la foi et dans nos villes et dans nos campagnes ». Quelle actualité !

L’œuvre se donne quatre moyens d’action :

  • la fondation et le soutien des œuvres d’éducation ;
  • la fondation et le soutien de bibliothèques paroissiales ;
  • faire prêcher des missions et retraites populaires dans les villes et les campagnes ;
  • soutenir les pauvres églises de campagne pour en éviter la fermeture et assurer le culte public.

Dans chaque diocèse, un directeur de l’œuvre est désigné, qui œuvre avec les sous-directeurs dans les doyennés, et les directeurs paroissiaux. Ces derniers désignent des zélateurs chargés de promotion de l’œuvre. Un bulletin mensuel est publié.

Pour faire partie de l’œuvre, il faut d’une part s’acquitter d’une cotisation d’un sou par mois (en 1897), et réciter chaque jour aux intentions de l’œuvre un ave Maria et l’invocation « Saint François de Sales, priez pour nous ! »

Mgr Bouchex et Saint François de Sales

Le 9 mai 2010, Mgr Bouchex nous quittait. On m’avait suggéré d’attendre l’anniversaire des 10 ans pour évoquer sa mémoire. Le temps passe, mais je profite de la date anniversaire de sa naissance, le 25 janvier 1927, et de la proximité de cette date avec celle de la fête de saint François de Sales, pour les associer dans un même élan. Il aurait eu 93 ans cette année.

L’abbé Raymond Bouchex, professeur

Après son décès, les archives personnelles de Mgr Bouchex ont été déposées aux Archives historiques. Ce sont celles qui l’ont suivi et qu’il a conservées jusqu’au bout. Elles sont essentiellement constituées de textes, manuscrits ou dactylographiés, qui rendent compte du riche ministère d’enseignement et de prédication de cet ancien professeur de séminaire devenu évêque. Parmi les souvenirs, et grâce à d’autres fonds, notamment celui du chanoine Jean-Noël Roux, quelques photos originales ou inédites sont intéressantes.

Domaine de Guerre Mgr Mestre,
Mère Anne-Sophie Veyrier, R.M. Rose-Joseph Tabardel,
Mgr Bouchex

De 2002 à 2009, ce savoyard sera aumônier du Monastère de la Visitation, et si l’on trouve dans ses archives quelques textes spécifiques qui parlent de saint François de Sales, une série de conférences évoque cette figure, au cours de cette période : Saint François de Sales pasteur ; Saint François de Sales, un pasteur avant tout ; Saint François de Sales, Maître spirituel ; Saint François de Sales, humaniste, maître spirituel, pasteur ; Saint François de Sales parfait humaniste ; Saint François de Sales, maître spirituel.

Il écrit :

« Ne nous faisons pas d’illusion sur saint François de Sales, maître spirituel. Il est doux, mais de la douceur forte des béatitudes. Il est optimiste, mais de l’optimisme fondé sur la Croix du Christ. Il est humain, et même humaniste, mais de l’humain dont la grandeur vient de ce qu’il est à l’image de Dieu. Il sait aider les hommes à marcher à leur pas, mais pour qu’ils aillent toujours de l’avant. Il est exigeant, mais sans écraser ni briser. Il est docteur de l’amour, mais de l’amour qui ne se paie pas de mots. Il veut que tous les baptisés soient des mystiques, mais de la mystique des œuvres et de la vie, comme il le dit. Il accepte qu’il y ait des extases, mais au-dessus des extases de la contemplation et de l’affection, il place l’extase de l’existence quotidienne vécue dans l’amour ».

Les armoiries de Mgr Bouchex, au franc-canton aux armes de Savoie.

Abbé Bruno GERTHOUX
Archiviste

Nouvelle évangélisation> Un temps pour changer

« La covid est notre moment de Noé, ne le gâchons pas »

« As-tu lu le dernier livre du Pape ? Non pas encore, mais bien sûr je vais le lire ! Je n’ai pas encore eu le temps d’aller l’acheter. »
Discussion banale, sauf que la question est posée par ma soeur, non croyante. Alors quelle ne sera pas ma surprise de découvrir l’ouvrage dans mes souliers !
« Ce pape est vraiment incroyable » ajoutera-t-elle.

« Un temps pour changer » une invitation née de conversations de notre saint Père avec le journaliste anglais Auten Ivereigh (auteur notamment de la biographie François le réformateur)

Ce temps pour changer est découpé en trois parties : un temps pour voir, un temps pour choisir, un temps pour agir.

Au risque de vous surprendre ou de vous décevoir, je ne vais pas vous raconter le livre : il est bien écrit, clair et concret, se lit vite, ce que je vous invite à faire !

En ce début 2021, les propositions de bilan, projections et autres intentions à poser pour l’année qui vient fleurissent. Qu’à cela ne tienne, je vous en fais une de plus : lire un livre par mois pour avancer. Et celui-ci ferait un bon départ. Le lire et se poser trois questions :

  • Qu’est-ce que j’ai appris ?
  • Pour quoi je rends grâce ?
  • Et enfin, qu’est-ce que je fais de ce que j’ai lu ?

Le livre se termine par ce poème que le pape François a lu pendant le confinement :

ESPÉRANCE

Quand la tempête sera passée
les routes apprivoisées
Nous serons les survivants
D’un naufrage collectif.

Avec le coeur en sanglots
Et une destinée de glaces
Nous serons heureux
Simplement d’être en vie.

Et nous serrerons dans les bras
Le premier étranger
Et nous remercierons le sort
D’avoir gardé un ami.

Et puis nous nous rappellerons
Tout ce que nous avons perdu
Et nous apprendrons enfin
Tout ce que nous n’avions pas appris.

Nous n’envierons plus
Car nous aurons souffert
Et l’oisiveté, nous ne l’aurons plus,
Mais bien la compassion.

Le bien commun aura plus de valeur
Que tout ce que nous aurons obtenu
Nous serons plus généreux
Et tellement plus engagés.

Nous comprendrons la fragilité
D’être vivants.
Nous exsuderons l’empathie
Pour celui qui est resté et celui qui est parti.

Le vieil homme nous manquera
Qui mendiait une pièce sur le marché
Dont le nom restera un mystère
Et qui toujours était à tes côtés.

Et peut-être que le vieillard miséreux
Était mon Dieu dissimulé.
Jamais tu n’as demandé son nom
Tant tu étais pressé.

Et tout deviendra miracle
Et tout deviendra héritage
Et la vie sera respectée
La vie que nous avons gagnée.

Quand la tempête sera passée,
Je Te demande, Dieu, du fond de la honte,
Que tu nous rendes meilleurs,
Ainsi que tu nous as rêvés.

Alexis Valdés Esperanza, 2020

Ce livre, au delà de nous intéresser, peut être l’occasion d’un cadeau, ou même d’un simple échange avec un ami.
Un temps pour changer nous invite à réfléchir :

« Des millions de personnes se demandent où est Dieu dans la crise que nous traversons.
Ce qui me vient à l’esprit, c’est le débordement. Un grand fleuve qui gonfle, puis éclate et se déverse.
La Covid, c’est notre moment de Noé. Ne le gâchons pas. 
 » Pape François

Véronique MARGUET

Patrimoine> Orange : une crèche ? Oui ! Mais où ?

L’emplacement d’une crèche est une question réfléchie. L’autre jour, j’écoutais Michel Berger, curé d’Orange, expliquer pourquoi il avait choisi cette année la chapelle sainte Anne.

C’est parce qu’ici, trois tableaux, le vitrail, la statue, tout évoque l’attente, la naissance, la famille, l’enfance, l’éducation. Toute naissance commence par une longue attente : à gauche, le grand tableau représente le Prophète Daniel, celui de l’exil à Babylone. L’ange Gabriel lui montre le Ciel en pointant du doigt un phylactère déroulé par deux

Daniel

angelots. Daniel regarde, abritant d’une main ses yeux du soleil. Sur le bandeau, le zoom de l’appareil de photo permet de déchiffrer deux mots : « Hebdom. 62… » Ces 62 semaines se réfèrent au Livre de Daniel où est prophétisée la naissance du Messie : Daniel 9.25 « Sache et comprends ! Depuis l’instant où fut donné l’ordre de rebâtir Jérusalem jusqu’à l’avènement d’un messie, un chef, il y aura sept semaines. Pendant soixante-deux semaines, on rebâtira les places et les remparts, mais ce sera dans la détresse des temps. » Il s’agit de semaines d’années… 434 de nos années… un très long temps d’attente symbolique pour la naissance du Messie.

Tobie

Sur le tableau d’à côté, nous retrouvons l’Ange Gabriel avec Tobie revenu chez son père en compagnie de sa jeune épouse Sarah qui joue avec son petit chien. Le jeune homme applique le fiel du poisson sur les yeux du père aveugle pour le guérir… Cette histoire, souligne Michel Berger, est « un manuel de la piété filiale et d’amour conjugal pour marcher courageusement dans les épreuves de la vie… »
Au centre de la chapelle, la statue d’une grand-mère - sainte Anne, vieille dame debout montrant un livre ouvert… sans doute l’évangile apocryphe de Jacques qui raconte la naissance merveilleuse de sa fille Marie : « Anne, le Seigneur Dieu a exaucé ta prière. Tu concevras et tu enfanteras, et on parlera de ta postérité dans le monde entier. » Un vitrail éclaire la chapelle. Registre inférieur, sainte Anne apprend à lire à sa fille Marie, registre supérieur, saint Joseph travaille sur son établi, l’Enfant Jésus joue avec une petite croix, jouet sans doute fabriqué par Joseph, Marie file sa laine… scènes de vie familiale simples et douces…

Synagogue

Dernier tableau : Jésus dans la synagogue, ayant faussé compagnie à ses parents, souligne de son doigt levé un point de doctrine aux docteurs de la Loi qui l’écoutent subjugués… « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » (Luc 2-49) 

Très bon choix que cette chapelle, il ne reste plus qu’à y loger la crèche, déjà mentionnée dans la Bible chez le Prophète Isaïe : « le bœuf connaît son possesseur et l’âne, la crèche de son maître. » (Is. 1. 3) 

François-Marie LEGOEUIL