Évidemment, la pandémie que nous traversons n’est pas sans incidence sur sa mission. Soeur Carine espérait bien repartir pour le Sud Soudan, mais pour l’heure, l’accès aux camps est impossible, et les écoles y sont fermées. Cependant, la porte s’est ouverte pour des camps de réfugiés en Grèce, et c’est donc là-bas qu’elle va partir très prochainement.
Dans le Soudan du sud, pays tout jeune, en proie à la guerre, Carine a vécu des choses extraordinaires.
Les sœurs salésiennes qui l’ont accueillie sur place, ont été intéressées par le partage de sa mission pour les écoles dont elles ont la charge.
Ainsi, il y a plusieurs pôles de mission :
« D’abord les camps de réfugiés où on a pu déployer des oratoires et des visites de malades ; on était également en train de mettre en place l’adoration du Saint Sacrement dans les chapelles du camp. Un autre pôle était le contact avec des enfants des rues, dans un foyer mais aussi directement dans la rue. Enfin, un autre pôle de mission se passait dans les écoles tenus par les Salésiens. »
Qu’entend–on par oratoire ?
« Ce n’est pas du catéchisme, mais ça vient compléter un catéchisme classique : on fait en sorte de proposer aux enfants de faire une rencontre avec Jésus Vivant dans leur cœur, avec trois temps forts :
Premier temps fort : la prière du cœur : les enfants ont les yeux fermés et se laissent visiter par le Seigneur. Deuxième temps fort avec la Parole de Dieu. Troisième temps : les différentes manières de prier.
L’oratoire est aussi un lieu où l’enfant va se reconstruire ; et il trouve un chemin de guérison à travers cet oratoire. Il est étonnant de voir que les enfants les plus perturbés, traumatisés, reviennent de manière instinctive à l’oratoire, en courant. Ils voient qu’il y a Quelqu’un qui est là, qui les aime, qui les attend, et c’est du roc, du solide. Dieu parle vraiment à leur cœur !
Ainsi la mission, c’est « apporter un soutien spirituel, c’est-à-dire une présence complètement gratuite dans l’amitié ; c’est leur donner de l’espérance, de l’écoute, de la consolation, de la joie ; c’est arriver à être au milieu d’eux et leur donner l’élan de la force de la Résurrection pour les aider à re-choisir la vie. Quand on est au fond du trou, c’est voir qu’il y a quelqu’un qui est prêt à venir, être là, donc vraiment travailler sur cette dimension humaine et spirituelle, voire psychologique « selon les cas ».
Carine aime évoquer comment le Seigneur travaille les cœurs dans ce contexte de grande détresse humaine. Et les exemples fusent : dans un camp de réfugiés, le visage d’une mourante pacifié par la prière, ou encore les enfants de rue drogués qui se laissent toucher par la prière, etc…
Au Soudan du sud, les enfants ne parlent pas ...
« Au Soudan du sud, les enfants ne parlent pas ; ils ont peur de l’adulte. Du coup, ce qu’ils vivent, ils vont l’exprimer non avec des mots mais avec des comportements, par les yeux, avec la paix qui revient sur leur visage.
Je n’ai jamais vu dans d’autres camps de réfugiés dans le monde, des visages d’enfants aussi durs qu’au Soudan du sud. Il y a une extrême pauvreté, beaucoup de trafic humain, de maladies, de violences.
Voir combien le Seigneur donne sa grâce est ma plus belle récompense ! »
Pour aider Carine, rendez-vous sur son site : www.naimesperance.diocese-avignon.fr
Résumé d’un entretien avec Martine Racine pour l’émission « Pourquoi le taire » sur RCF Vaucluse, par Sylvie Testud