Cette cinquantaine pascale laisse se déployer en nous la joie du Vivant, désormais revenue de toute peur et qui nous entraîne. Et cette joie déborde largement dans les pages du Nouveau Testament.
Ces derniers jours m’ont conduit sur le chemin de Saint-Jacques du côté du Puy-en-Velay, pour quelques heures partagées avec des jeunes collégiens et lycéens de Saint-Jean-Paul II à Avignon. Avec aussi de nombreux adultes permettant que ces jours soient possibles.
Puis, j’ai rejoint à Lourdes des collégiens et jeunes lycéens d’autres établissements du Vaucluse vivant des journées de pèlerinage à l’école de Marie et de Bernadette. Là encore, bien des adultes dont des prêtres vivaient ces moments avec eux.
Je reçois ce jour, par ses proches et nombreux amis, l’annonce du décès d’un prêtre de 90 ans, serviteur du Christ et de son Église dans un autre diocèse. Il aura été jusqu’au bout, présent à beaucoup, actif, engagé à la rencontre, à la proximité et au soutien de bien des personnes. « Notre ami s’en est allé aujourd’hui : où encore ? Toujours par monts et par vaux… les portes là-haut sont grandes ouvertes comme son cœur à lui. Mais le nôtre est tout meurtri ».
Au soir de ce jour, alors qu’il a été garni de bien des choses heureuses et douloureuses, je m’arrête quelques instants pour repenser à lui, à sa longue vie, à ses années de ministère. Je le connaissais principalement par l’estime que d’autres lui portaient. Estime qui n’était qu’un modeste rejaillissement de sa vie avec eux, de son attention, de sa présence, de ses liens… de Celui qui l’animait.
Au soir de ce jour, je repense et relie simplement ces événements. Ce sont des moments de la vie de jeunes, d’adultes, de personnes plus âgées, tous éclairés par l’accueil de plus grand que soi.
Je me dis que la foi, nous allons la puiser dans les Ecritures, ces témoignages premiers et fondamentaux qui nous parlent de la Rencontre de Jésus avec des hommes et des femmes de son temps, de sa vie de sa mort, de son amour livré… pour que tous aient la vie.
Je me dis que la foi jaillit au cœur de celles et de ceux qui ont su le reconnaître Vivant au-delà de la mort, et se sont aidés les uns les autres à accueillir l’étonnant de cette Nouvelle.
Je me dis que la foi aujourd’hui encore demeure appuyée et appelée par ce mouvement : nous croyons à la Parole de témoins, nous l’accueillons des uns et des autres, et ainsi nous en vivons et en devenons signes et témoins pour d’autres.
Au cœur des nouvelles du jour, il y avait encore et encore les drames de notre terre, la violence du monde, les rejets des personnes, et de manière plus proche : la fragilité de notre Eglise et de ses responsables, la défaillance de tel ou tel.
Ainsi va notre vie, notre terre, notre monde… ainsi va notre Eglise… bien fragile, ébranlée, incertaine… mais au cœur des fragilités porteuses de cette inouï d’un amour donné qui transperce la mort.
Ainsi, témoigner de la foi, en accueillir la nouveauté, c’est constamment se laisser éclairer, entraîner par d’autres, déplacer… pour percevoir cette puissance qui nous rejoint, nous relève, nous appelle.
La foi n’est pas isolée, elle n’est pas une option, elle est ce mouvement qu’il nous est donné d’accueillir et qui nous entraîne.
Merci à tous ceux et celles qui en ces jours ont accueillis avec d’autres cet élan de la foi et l’ont partagé avec d’autres, pour d’autres…
Merci aux adolescents et aux jeunes se laissant entraîner dans une confiance pour leur vie.
Merci aux adultes baptisés, religieux, prêtres, goûtant de manière renouvelée la fraîcheur de cette annonce.
Merci à G… Il est un aîné parmi nous, il précède nombre d’entre nous de bien des années… Sa vie, il l’a mise au service de bien des personnes. C’est ainsi qu’il l’a donnée. Jusqu’au bout il en a été vivant.
Avec lui nous accueillons nous mesurons un peu mieux la force du Vivant.
Il est beau, le Temps Pascal. Ne passons pas à côté de son parfum.
+ François Fonlupt
Archevêque d’Avignon