Enfant, Marie-Hélène allait à la messe tous les dimanches mais elle avoue que c’était plus par convention sociale et davantage pour une éducation morale. « A l’époque, tout le monde ou presque allait à la messe , mais on n’a jamais prié en famille. Plus tard, je me suis mariée à l’église car tout le monde se mariait à l’église et puis ensuite j’ai eu une vie de famille heureuse. On a continué à aller un peu à la messe... C’était encore une habitude sociale, comme d’aller au marché ou de faire sa lessive tel jour. Finalement, ça n’avait pas de sens pour nous »
En 1989, son mari tombe malade. En 1993, juste avant Noël, souffrant d’un cancer de la gorge, il se lève en toussant et s’inonde du sang de sa carotide rompue ; il répond à Marie-Hélène :
« Ce n’est rien, c’est le début de ma guérison, ça va s’arrêter. »
Et quand le Samu arrive, effectivement l’hémorragie s’est arrêtée. Transporté aux urgences, on demande à Marie-Hélène d’aller chercher des vêtements car son mari allait être transporté dans un autre établissement de Dijon (car à l’époque, ils vivaient là-bas).
Ainsi, Marie-Hélène va dans leur chambre pour récupérer quelques habits. « Je n’étais absolument pas en train de prier et en passant près d’un mur où était accrochée la petite croix offerte par ma grand-mère le jour de ma communion, je me suis retrouvée à genoux, sans que ce soit de ma volonté. Comme Saint Paul, je crois que j’ai été terrassée, et là, un amour immense m’a envahie.
Je n’ai pas eu de vision, je n’ai pas eu de voix mais j’ai été saisie par cet amour infini et en deux secondes,
j’ai eu une joie infinie, j’ai tout compris (même si le verbe comprendre ne recouvre pas la vérité). J’ai eu alors une paix immense, je me suis sentie toute petite et en même temps avec une force incroyable. Et je n’avais plus peur. Je me sentais comblée ; il n’y a pas de mot pour l’exprimer. »
« Quand je suis rentrée dans sa chambre pour lui donner ses vêtements, on s’est regardé, on ne s’est rien dit, mais on a compris qu’on avait tout compris. Et on s’est mis à pleurer de joie, on est descendu à l’oratoire et on est tombé sur la si belle prière de Charles de Foucauld : Mon Père, je m’abandonne à toi... Et tous les jours on a dit cette prière pendant 1 mois jusqu’à la mort de mon mari. Un mois d’éternité avec mon mari et le bon Dieu, et c’était extraordinaire ! »
« On n’a jamais parlé ensemble de ce qui s’était passé : ce n’était pas la peine, on priait, on était branchés avec le bon Dieu ! Peu importe qu’il meure ou ne meure pas, c’était un moment de béatitude : on n’a plus besoin de paroles car on est unis par l’Amour. Et quand il est mort, j’ai compris que l’amour ne meurt pas et cette plénitude est toujours là, 30 ans après. »
Après cet éblouissement, Marie-Hélène se rapproche de l’Église par l’intermédiaire d’un moine qui l’initie à reprendre l’Eucharistie, car ne sachant que faire de tout ça, elle éprouve le besoin de se fortifier. Même si après le décès de son époux, Marie-Hélène connait des moments difficiles, ses enfants étaient encore jeunes, elle reconnaît un appel très fort du Seigneur à prier, à vivre de l’Eucharistie et finalement à devenir veuve consacrée.
Ses enfants en seront d’ailleurs très inquiets, ce à quoi elle leur a répondu : « Je ne mets ni le voile, ni les voiles, je reste celle que je suis et je vous aimerai encore mieux »
Et comme Marie-Hélène prie pour la conversion de sa famille, trois d’entre eux ont déjà reçu eux aussi la grâce fulgurante de l’Amour de Dieu !
Résumé d’un entretien avec Martine Racine pour l’émission « Pourquoi le Taire » sur RCF Vaucluse
par Sylvie Testud