Nous entrons ce dimanche dans une nouvelle année liturgique, nous accueillons un nouvel horizon pour nos vies, pour notre Eglise, pour notre terre.
Nous allons le célébrer de manière renouvelée avec la nouvelle édition du missel romain que peu à peu nous allons nous attacher à mettre en œuvre.
Un temps nouveau s’ouvre à nous.
Temps d’attente pour réveiller l’espérance qui demeure enfouie en nous, pour discerner Celui qui vient ouvrir des horizons à nos vies.
Attente de vie renouvelée, de guérison, de renouvellement…
Nous en avons besoin au sein même de notre Eglise qui va d’ébranlement en ébranlement, de notre terre dont la fragilité semble de plus en plus criante, de nos vies fatiguées et de notre vivre ensemble fragilisé.
De quoi sommes-nous en attente ?
Quelle Espérance est à réveiller en nous ?
Au début de ce mois de novembre, avec l’ensemble des évêques de la CEF, nous étions rassemblés à Lourdes pour notre assemblée habituelle d’automne. Celle-ci revêtait un caractère bien particulier quelques jours après la publication du rapport de la CIASE et ses révélations impressionnantes et lourdes sur le nombre possible de victimes d’agressions commises par des prêtres, des religieux, des laïcs, au sein de l’Eglise, au cours des soixante-dix dernières années. Il importait pour nous de nous confronter avec courage lucidité et responsabilité à ce constat que nous avions demandé et qu’il nous fallait assumer.
Mais comment allions-nous vivre ce temps de d’échange, de réflexion, de conversion, de décision ? Nous ne le savions pas vraiment.
En fait, au long de ces jours, c’est à une écoute en profondeur que nous avons été entraînés.
Écoute des personnes victimes, au cours de la première journée,
Écoute des personnes plus pauvres invitées pour nous partager leur souffrance et leur blessure, confrontées qu’elles sont, les premières, aux conséquences de la clameur de la terre.
Cela a demandé du temps pour que la parole de chaque personne se formule, s’exprime, pour que cette parole rejoigne chacun, pour que, ensemble, nous puissions en recevoir et ré-exprimer quelque chose.
Ecoute également et recherche avec les nombreux invités présents pour préciser avec nous des chemins de renouvellement et d’engagement.
Au cœur de cette écoute, de cette recherche entre nous, il s’agissait bien de nous rendre disponibles à l’Esprit-Saint qui seul pouvait nous donner de risquer des chemins justes et qui nous engagent.
Au fil de ces jours, alors que des tensions pouvaient s’exprimer et des ruptures demeuraient possibles, peu à peu nous avons vu s’ouvrir un chemin de communion et se préciser un horizon.
Ce temps nous a ainsi donné de lâcher en nous des craintes, des peurs, des volontés de protection…
De nous laisser rejoindre par la blessure et la souffrance de frères et de sœurs…D’éprouver ainsi que ce sont les plus pauvres et les blessés qui nous ouvrent un chemin.
Il me semble que nous avons fait un pas de plus en acceptant de lâcher des assurances et des sécurités, pour mieux servir les personnes et les plus blessées proches de nous.
Ces journées de Lourdes auront été particulières et nous auront donné d’éprouver une communion entre nous nécessaire pour nous engager ensemble.
Si tout le chemin n’est pas parcouru, il est précisé, orienté, et désormais balisé de manière solide.
Le temps de l’Avent dans lequel nous entrons vient nous inviter à poursuivre ce chemin et proposer à quiconque de s’y associer. Laissons se creuser en nous notre capacité d’écoute… pour déceler comment se réalise la proximité de Celui qui vient nous dire l’amour du Père.
Car c’est toute notre Église qui est appelée à reprendre le chemin de la confiance, de l’Espérance.
Notre Dieu vient. Il ne remet pas en cause sa promesse.
Et l’Église nous offre cet espace pour laisser se creuser en nous l’attente qui habite nos vies, comme celle de nos frères.
+François FONLUPT
Archevêque d’Avignon