Le Bloc-Notes vous donne des nouvelles du Diocèse d'Avignon
« Ça me tient vraiment à cœur que l’Esprit-Saint puisse avoir toute sa place dans ma vie, et j’ai besoin d’entendre que je suis bien aimée ».
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Nous voilà au terme du Temps Pascal, ces cinquante jours qui nous ont donné d’accueillir le déploiement de l’annonce de la Résurrection et d’en recevoir le renouvellement. Au fil des jours et des dimanches, nous avons médité les échos nombreux des témoins de la Résurrection, ces femmes et ces hommes qui ont reconnu Jésus Vivant et se sont partagé les uns aux autres la force de cette expérience.
La liturgie quotidienne et dominicale nous a donné de relire le livre des Actes des apôtres, qui nous permet de conserver ce témoignage précieux des hommes et des femmes qui ont accueilli cette Bonne Nouvelle, ont donné corps aux toutes premières communautés chrétiennes et ont déployé, dans un élan missionnaire, l’annonce de cette nouvelle bouleversante dans tout le pourtour de la Méditerranée.
Ainsi, de la célébration de la nuit pascale à celle de la Pentecôte, il nous est donné de goûter de manière renouvelée au trésor de notre foi, grâce à celles et ceux qui en sont les témoins, grâce aussi aux sacrements, tout particulièrement l’eucharistie et la confirmation, qui nous signifient l’aujourd’hui de cette Bonne Nouvelle pour nos vies, et pour notre Église. La liturgie de l’Église nous accompagne ainsi et nous donne d’accueillir l’actualité de cette Bonne Nouvelle et d’en être nourris.
Le samedi 27 mai, en la veille de Pentecôte, nous avons eu la joie de célébrer la confirmation de 39 adultes de notre diocèse. Ils venaient de bien des lieux du Vaucluse, divers par leur âge, leur histoire, leurs sensibilités, mais tous remués par une rencontre renouvelée avec le Seigneur au cœur de leur existence, et désireux d’être enracinés dans le don de la foi par l’accueil de l’Esprit, et confirmés dans cet amour de Dieu qui fonde nos vies.
« Ça me tient vraiment à cœur que l’Esprit-Saint puisse avoir toute sa place dans ma vie, et j’ai besoin d’entendre que je suis bien aimée ». Cette phrase d’une femme recevant le sacrement de la confirmation exprime sans doute cette attente profonde qui les habite, qui nous habite tous, comme elle ‘travaille’ l’humanité de chacun.
Oui, nous sommes aujourd’hui encore, les témoins bouleversés de cette Nouvelle qui redresse nos vies et les conforte.
Et si maintenant nous sommes entrés dans le temps ‘ordinaire’, comprenons-le comme l’espace dans lequel nous sommes invités à laisser se déployer les effets de cette nouvelle, et comme l’invitation à en être acteurs dans l’ordinaire de nos vies et de nos liens.
Ces jours de juin vont être l’occasion, dans chacun des doyennés du diocèse, de vivre une nouvelle rencontre et de partager la restitution de la réflexion faite par les personnes qui se sont retrouvées autour de la lettre pastorale. De nombreuses équipes se sont constituées. Leur apport manifeste le désir qui est le nôtre de suivre aujourd’hui le Christ, et l’enjeu d’en être témoin auprès de ceux et celles avec qui nous partageons le quotidien.
Nous savons l’exigence de cela, comme la difficulté dans le temps qui est le nôtre. Mais nous savons que l’Esprit nous est donné et qu’il nous précède dans la vie de beaucoup.
Puissions-nous vivre dans la confiance ce temps où nous cherchons à renouveler notre manière de faire communauté, de nous rassembler, d’être envoyés et de prendre chacune et chacun notre juste place dans la vie ecclésiale.
+ François Fonlupt
Archevêque d’Avignon
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Un Amour immense m’a envahie !
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Marie-Hélène est veuve consacrée à Venasque. Elle a six grands enfants ; son époux est décédé d’un cancer voilà maintenant 30 ans.
Enfant, Marie-Hélène allait à la messe tous les dimanches mais elle avoue que c’était plus par convention sociale et davantage pour une éducation morale. « A l’époque, tout le monde ou presque allait à la messe , mais on n’a jamais prié en famille. Plus tard, je me suis mariée à l’église car tout le monde se mariait à l’église et puis ensuite j’ai eu une vie de famille heureuse. On a continué à aller un peu à la messe... C’était encore une habitude sociale, comme d’aller au marché ou de faire sa lessive tel jour. Finalement, ça n’avait pas de sens pour nous »
En 1989, son mari tombe malade. En 1993, juste avant Noël, souffrant d’un cancer de la gorge, il se lève en toussant et s’inonde du sang de sa carotide rompue ; il répond à Marie-Hélène :
« Ce n’est rien, c’est le début de ma guérison, ça va s’arrêter. »
Et quand le Samu arrive, effectivement l’hémorragie s’est arrêtée. Transporté aux urgences, on demande à Marie-Hélène d’aller chercher des vêtements car son mari allait être transporté dans un autre établissement de Dijon (car à l’époque, ils vivaient là-bas).
Ainsi, Marie-Hélène va dans leur chambre pour récupérer quelques habits. « Je n’étais absolument pas en train de prier et en passant près d’un mur où était accrochée la petite croix offerte par ma grand-mère le jour de ma communion, je me suis retrouvée à genoux, sans que ce soit de ma volonté. Comme Saint Paul, je crois que j’ai été terrassée, et là, un amour immense m’a envahie.
Je n’ai pas eu de vision, je n’ai pas eu de voix mais j’ai été saisie par cet amour infini et en deux secondes,
j’ai eu une joie infinie, j’ai tout compris (même si le verbe comprendre ne recouvre pas la vérité). J’ai eu alors une paix immense, je me suis sentie toute petite et en même temps avec une force incroyable. Et je n’avais plus peur. Je me sentais comblée ; il n’y a pas de mot pour l’exprimer. »
« Quand je suis rentrée dans sa chambre pour lui donner ses vêtements, on s’est regardé, on ne s’est rien dit, mais on a compris qu’on avait tout compris. Et on s’est mis à pleurer de joie, on est descendu à l’oratoire et on est tombé sur la si belle prière de Charles de Foucauld : Mon Père, je m’abandonne à toi... Et tous les jours on a dit cette prière pendant 1 mois jusqu’à la mort de mon mari. Un mois d’éternité avec mon mari et le bon Dieu, et c’était extraordinaire ! »
« On n’a jamais parlé ensemble de ce qui s’était passé : ce n’était pas la peine, on priait, on était branchés avec le bon Dieu ! Peu importe qu’il meure ou ne meure pas, c’était un moment de béatitude : on n’a plus besoin de paroles car on est unis par l’Amour. Et quand il est mort, j’ai compris que l’amour ne meurt pas et cette plénitude est toujours là, 30 ans après. »
Après cet éblouissement, Marie-Hélène se rapproche de l’Église par l’intermédiaire d’un moine qui l’initie à reprendre l’Eucharistie, car ne sachant que faire de tout ça, elle éprouve le besoin de se fortifier. Même si après le décès de son époux, Marie-Hélène connait des moments difficiles, ses enfants étaient encore jeunes, elle reconnaît un appel très fort du Seigneur à prier, à vivre de l’Eucharistie et finalement à devenir veuve consacrée.
Ses enfants en seront d’ailleurs très inquiets, ce à quoi elle leur a répondu : « Je ne mets ni le voile, ni les voiles, je reste celle que je suis et je vous aimerai encore mieux »
Et comme Marie-Hélène prie pour la conversion de sa famille, trois d’entre eux ont déjà reçu eux aussi la grâce fulgurante de l’Amour de Dieu !
Résumé d’un entretien avec Martine Racine pour l’émission « Pourquoi le Taire » sur RCF Vaucluse
par Sylvie Testud
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Demeure, de François-Xavier Bellamy
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« Il nous faut retrouver notre Ithaque »…
ainsi finit cet essai passionnant au cours duquel son auteur fait le procès de l’idéologie du mouvement. En effet, il s’agit pour l’homme moderne d’être « en marche », mais ce moyen, pris comme une fin en soi, lui fait oublier le port et le contraint à l’errance.
Ainsi, il avance au gré des modes, il est « dans le vent », persuadé que ce qui doit advenir sera forcément meilleur.
Tendu vers ce futur idéalisé, toute valeur héritée du passé tenue comme dépassée, tout désir assouvi en appelant aussitôt un autre, il s’enfonce dans une crise de sens dans tous les domaines : morale, politique, économique, écologique, anthropologique…
La morale se trouve réduite à accepter sans discernement tout ce que la technique rend possible.
La politique est réduite à administrer la transition de l’ancien au nouveau sans se poser la question de la direction à prendre en vue du Bien Commun.
L’économie, réduite au mouvement de l’échange où tout est relatif, se retourne finalement contre elle-même : il faut détruire pour remplacer indéfiniment.
De même, à force d’avoir mis les ressources de la terre au service de ses désirs,
il a mis en péril l’équilibre de la nature, et la technique n’arrive même pas à refaire ce qu’elle a défait.
Enfin, l’homme devenu lui-même objet de la technique, convaincu que celle-ci lui donnera les moyens de s’affranchir de ses limites naturelles, vit dans l’espoir d’un avenir radieux où la mort serait enfin détruite.
Mais dans un monde de vieillards immortels, ce ne serait pas la mort de la mort, mais la mort de la vie.
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L’Enseignement catholique en pèlerinage à Lourdes avec plus de 300 jeunes du diocèse
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Des nombreux collégiens et lycéens des établissements de notre diocèse sont partis avec d’autres jeunes de la Pastorale de Jeunes du diocèse en pèlerinage au Sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes. L’un des animateurs nous livre ici un témoignage de ces jours qui ont marqué les jeunes de nos établissements.
Le lundi 17 avril 2023, des jeunes de notre établissement se sont retrouvés pour partir avec d’autres jeunes du diocèse en pèlerinage à Lourdes. Pour la majorité d’entre eux, c’était une première, pour quelques-uns des retrouvailles avec ce lieu, mais pour tous, au retour, de très bons souvenirs. Dans leurs cœurs, de très beaux moments riches en émotions qu’ils ne sont pas prêts d’oublier et une folle envie d’y retourner pour renouveler cette formidable expérience.
Cinq jours intenses, avec un programme bien rempli sur les pas de Bernadette. Des journées rythmées par des temps de prière, des messes, des chants, des temps conviviaux de partage avec des veillées et des temps de jeux. Une semaine pour vivre des expériences fortes : la procession mariale aux flambeaux, le geste de l’eau, le chemin de croix en petits groupes et des temps animés par les jeunes de l’équipe des staffs. Des moments très forts où des jeunes ont parlé aux jeunes.
Cinq jours rythmés par des rencontres pour vivre la Présence de Celui qui se tient au milieu de nous. Cinq jours pour aller à Jésus, par Marie. Cinq jours pour répondre à l’invitation de la Vierge Marie et se rapprocher de Dieu.
Cinq jours aussi très denses et très riches pour les animateurs, avec des jeunes pleins de vie et d’énergie qui bousculent et parfois dérangent. Des jeunes qui posent beaucoup de questions, qui jouent et s’expriment bruyamment, qui parfois parlent pendant la messe. Des jeunes qui donnent l’impression d’être loin des pratiques religieuses conventionnelles. Pourtant, leur foi n’est pas plus petite que la nôtre, ils ont juste besoin d’être encouragés, d’être épaulés, de sentir la confiance mise en eux, de savoir qu’ils peuvent le faire. Et c’est exactement, ce qu’ils ont vécu lors de ce pèlerinage à Lourdes et qui leur a fait prendre conscience d’une chose essentielle : ils ne sont pas l’avenir de l’Église, ils font partie de l’Église, pas celle de demain, mais celle d’aujourd’hui. Alors laissons-les nous bousculer, acceptons d’être bousculés, car ce pèlerinage à Lourdes nous a montré que cela en valait la peine.
On a vu ces jeunes oser la rencontre avec Marie, oser la rencontre avec les autres, se mettre au service de l’autre, vivre des temps de spiritualité avec une foi profonde, partager leur joie d’être ensemble, vivre pleinement la fraternité.
Valérie Demogue,
Adjointe du Directeur pour la Pastorale au Collège La Salle - Saint Charles
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Il y a 100 ans dans le diocèse
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Autrefois dans le diocèse d’Avignon – juin 1873
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L’abbé Moyne, chanoine-honoraire de la Métropole d’Avignon, en religion, P. Marie-Benoit
Dans son édition du 21 juin 1873, l’abbé Bruyère portait à la connaissance des lecteurs la lettre qu’il avait reçue du monastère de la Melleray, annonçant le décès du Père Marie-Benoit le 16 mai de la même année à la Trappe de Gethsemani, au Kentucky, en Amérique.
Né à Sarrians le 7 janvier 1819, Louis Joseph Théodore était le fils François, cultivateur, et de Marie-Rose Geneviève Blanchard son épouse. « Richement doté de la providence, les qualités de l’esprit et du cœur qui distinguent les hommes de vrai mérite s’étaient réunies dans cette nature privilégiée ».
Après avoir appris le latin avec l’abbé Saïn, alors curé de Sarrians, il poursuivit sa formation au Petit-Séminaire de Sainte-Garde avant d’entrer au Grand-Séminaire de Saint-Charles. Après avoir enseigné brièvement la rhétorique au Petit-Séminaire d’Avignon, il fut ordonné prêtre le 23 décembre 1843 en même temps que l’abbé Cortasse de Joucas. En janvier 1844, il était vicaire à Saint-Siffrein de Carpentras, puis aumônier du collège de la ville en octobre de la même année, avant d’être pendant une dizaine d’années aumônier du collège royal d’Avignon à partir de 1847. « Il s’acquit partout et de tous l’estime et l’affection par la distinction de son esprit et de son cœur. Avec un caractère jovial, causeur, un aimable laisser aller, un certain besoin de l’air du monde, il ne laissait soupçonner à personne qu’il fût appelé à vivre à la Trappe… »
Entré à la Trappe Notre-Dame de Melleray dans le diocèse de Nantes en 1856, il y fut maître des novices et chroniqueur de l’Ordre. Ses qualités ont conduit le Chapitre Général à lui demander de partir comme prieur au monastère de Gethsemani, en Amérique. Il écrivit à l’époque à l’abbé Bruyère « Savez-vous que tel que vous me voyez ou me lisez pour mieux dire, je suis à la veille de partir pour l’Amérique. Le chapitre général du mois de septembre a jugé à propos de m’envoyer à une maison fille de la nôtre, une fondation que nous avons faite, il y a une vingtaine d’années aux États-Unis, … je serai là-bas ce que je suis à la Melleray ; j’y ferai ce que je fais, seulement avec un peu plus de misère […] C’est là qu’on m’envoie et que je vais avec la bénédiction de l’obéissance, n’ayant rien à faire de mieux que cela. » Et il se confie ainsi « c’est pourquoi vous m’aiderez par une prière plus assidue et plus prolixe avec mes bons amis d’Avignon. Vous m’apparaitrez ainsi tous comme l’ange qui vient fortifier le Sauveur, non pas en lui retirant le calice, mais en lui donnant du courage pour boire jusqu’à la lie, et vous m’obtiendrez la grâce de le suivre, jusqu’à la fin, partout où il voudra me conduire… ».
Ces mots laissent transparaître son « amitié tendre et délicate, ingénieuse dans les épanchements de ses affections pour ses amis », et combien, malgré la distance et le temps, il restait fidèle à Avignon et ses amitiés.
L’abbé Moyne, alors aumônier du collège royal d’Avignon, avait composé deux livres, dont un, une monographie de l’abbaye de Sénanque, lui valut les éloges du comte de Montalembert : « peu de volumes relatifs à l’histoire monastique m’ont donné plus de satisfaction que ce petit volume. Il est écrit avec une justesse de vues tout-à-fait remarquable, et à l’abri de ces déclamations superficielles que signalent tant de productions religieuses ».
(Malheureusement, nous n’avons aucun portrait de l’abbé Moyne)
Abbé Bruno Gerthoux
Archiviste
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Avignon : les confidences d’un balcon
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Si vous avez cette charmante habitude de flâner dans Avignon le nez en l’air pour mieux vous imprégner du décor - habitude que le ministère de la Culture devrait rendre obligatoire - vous ne pouvez manquer de remarquer les jolies ferronneries de ces balcons :
Prenez votre temps, car ces balcons sont bigrement bavards ! Du moins, avec moi… Sortez vos petites jumelles de théâtre - que tout flâneur se doit d’emporter avec lui - et regardons de plus près le balcon de la « maison aux ballons » 18 rue Saint-Étienne :
« Bon sang ! Mais c’est bien sûr ! » comme disait naguère le commissaire dans les séries télévisées : Ce sont des montgolfières ! Des montgolfières à Avignon ? Écoutons plutôt le balcon.
Nous sommes au XVIIIe siècle, rue Saint-Étienne, un quartier bouillonnant, grouillant d’activité en bordure du port fluvial, avec ses échoppes de menuisiers, de cordiers, de charretiers. En 1780, Avignon comptait 27 imprimeurs dont les livres étaient exportés en contrebande vers le Royaume de France : il suffisait de passer le pont…notamment des livres protestants interdits en France et édités ici, en terre papale, revêtus de fausses adresses en Hollande ou à Genève…
Qui dit imprimeur dit papier, et les papetiers y ouvrent bureaux et succursales. C’est justement le cas de Pierre Montgolfier, papetier à Annonay en Ardèche depuis presque deux siècles, à la tête de 11 enfants et de 300 ouvriers. Joseph, le second fils, passionné de chimie, de physique et de mathématiques en est le directeur technique… son père l’envoie ouvrir un bureau commercial à Avignon. Nous sommes en 1780, Joseph a 42 ans et en profite pour s’inscrire à l’Université d’Avignon où il décroche ses diplômes en théologie et en philosophie.
C’est l’époque de l’Encyclopédie où chacun se pique de science. Justement, à l’Université d’Avignon, Joseph Galien - dominicain et professeur de théologie - vient de publier chez Ignace Fez imprimeur Rue de la Bancasse, en 1735 un « Mémoire sur la formation de la grêle » suivi d’un « Amusement Physique et Géométrique sur la possibilité de Naviguer dans l’Air à hauteur de la Région de la Grêle »…
Joseph n’a pu manquer de le lire… Il séjourne à ce moment 18 rue Saint-Étienne à Avignon chez un de ses client et ami. C’est le soir, devant un verre de Porto, ils discutent du siège de Gibraltar que les Anglais occupaient et qu’assiégeaient les Français et les Espagnols. Joseph s’amusa à dire à ses hôtes : imaginez un navire aérien qui atterrirait sur le Rocher en débarquant nos troupes… tout en parlant, il faisait sécher sa chemise dans la cheminée de ses hôtes, quand soudain, gonflée d’air chaud, elle s’échappa de ses mains et se mit à monter dans l’âtre : ce fut pour lui ce que la pomme fut à Newton. Le lendemain, il construisit une grosse boîte carrée avec du taffetas et du papier d’un mètre cube environ, et dans le jardin, la mit au-dessus d’un brasero et devant les assistants enthousiastes, ce premier engin volant rudimentaire s’éleva d’une bonne vingtaine de mètres et Joseph le baptisa « aérostat »…
Quelque temps plus tard, il réitéra avec un nouvel aérostat - sphérique cette fois - dans la cour d’honneur de l’Hôtel particulier des Villeneuve-Martignan, l’actuel Musée Calvet, puis il fit un nouvel essai à Annonay en décembre 1782 :
« Ils la firent (la montgolfière) en plusieurs pièces en toile d’emballage revêtue intérieurement de trois doublures de papier cousues ensemble. À savoir, un dôme et trois ceintures dont celle du milieu était la plus large. Les pièces s’attachaient ensemble par mille huit cents boutonnières. L’extrémité inférieure était terminée par quatre tringles de bois de huit pieds chacune qui, se joignant par les bouts, formaient une ouverture de soixante-quatre pieds carrés (20 mètres carrés), plusieurs cordes, partant du haut du dôme et attachées tout du long, contribuaient à la solidité... Le premier jour pris pour l’essai, les inventeurs furent contrariés par un grand vent et, peu accoutumés à la manier, craignant d’ailleurs de la perdre, on ne la laissa s’élever que de trois ou quatre cents pieds (120 mètres), ayant toujours la précaution de la faire retenir par quatre hommes robustes. Le même essai fut répété ; mais on donna un peu de jeu au globe en laissant couler les cordes. Deux des personnes qui le retenaient, dans l’étonnement que leur causèrent les effets de la nature, cessèrent de le retenir : il enleva les autres à deux ou trois pieds (3 m) de terre ; et, comme ils ne se trouvaient pas disposés à faire le voyage en l’air, ils lâchèrent aussi leur corde. Le globe, livré à lui-même, parcourut un espace d’une demi-lieue en longueur et d’environ mille toises (deux mille mètres) en hauteur perpendiculaire » :
Puis le 19 septembre 1783, ce fut l’apothéose : à Versailles devant Louis XVI et sa Cour, un aérostat en coton collé entre deux feuilles de papier, mesurant 18 m de haut sur 13 m de large et pesant 400 kg. Il se nomme « Le Réveillon », car son ami Jean-Baptiste Réveillon, directeur de la Manufacture royale de papiers peints, l’a entièrement décoré : un fond bleu azur aux chiffres du roi – deux « L » entrelacés et dorés. Saluée d’un coup de canon, la nacelle avec un mouton, un canard et un coq s’élève de 600 m et parcourt trois kilomètres… jusqu’à Vaucresson :
C’est ainsi, murmura le balcon en baillant, qu’avec mes ferronneries je suis désormais le dernier témoin de cette aventure extraordinaire qui fit de la cité des Papes le berceau de la conquête des airs.
Et comme la nuit tombait, le balcon s’endormit.
François-Marie Legœuil
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