Pour tous ceux qui œuvrent et militent depuis des années (voire des décennies) pour une Église plus évangélisatrice, la récente réforme de la curie – Praedicate Evangelium - est accueillie dans une grande action de grâce et sonne comme un certain tournant missionnaire de l’institution elle-même : l’évangélisation, la « prédication de l’Évangile » comme elle est dénommée, devient désormais la priorité institutionnelle et donc pastorale du Vatican, et en cela, de toute l’Église, du pape jusqu’aux simples baptisés, en passant par tous les évêques du monde.
Cette priorité existait certes bien clairement au plan théologique, pastoral et spirituel avec Paul VI (avec son exhortation L’Évangélisation dans le monde moderne en 1975), avec Jean -Paul II (avec son exhortation La Mission du Rédempteur en 1990 et la nouvelle évangélisation tout au long de son pontificat) puis François (avec l’exhortation La Joie de l’Évangile en 2013, texte-programme de son pontificat).
Benoît XVI n’a pas été en reste puisqu’il instaura en 2010 le Conseil Pontifical pour la Nouvelle Évangélisation (ce qui conduira notre diocèse à créer en 2011 un service diocésain de la même dénomination) puis convoqua le fameux « Synode pour la Nouvelle Évangélisation » en 2012, la Joie de l’Évangile apparaissant aux yeux de tous comme le texte post-synodal de mise en œuvre programmatique.
Ainsi le seul vrai mandat (ou tout cas le principal) que Jésus donna à ses disciples : « Allez dans le monde entier annoncer l’Évangile, enseignez ce que je vous ai appris, faites des disciples, baptisez les au nom du Père du fils, et du Seigneur » se traduit désormais au plan institutionnel dans l’Église du XXI° siècle. Nous vivons cette étape près de 60 ans après l’ouverture de Vatican II qui se voulait avant tout un concile missionnaire, « pour mieux dire Jésus au monde » disait Jean XXIII : le « renouveau de la vitalité missionnaire de l’Église est le plus beau fruit du Concile » disait pour sa part Benoît XVI.
Ainsi, la réforme mise en place traduit au plan structurel ce que tous nos papes post-conciliaires ont dit et re-dit : toute l’activité de l’Église doit se rapporter à l’évangélisation, que ce soit la doctrine, la liturgie, la pastorale, toute la sphère de la charité, … rappelant en cela un mot cher à François : « l’Église n’est pas une ONG ».
Désormais, ce n’est plus une option pastorale ou spirituelle propre au goût de chacun, cela devient une obligation générale qui s’applique à tous. S’il y a pu y avoir chez certains des questionnements quant aux priorités réelles de François (le pape étant jésuite, son propos peut parfois s’interpréter de bien des manières…), ce texte est d’une grande clarté et ambition ; il engage et engagera sans doute l’Église et les successeurs de François pour quelques décennies.
Dès à présent, dans nos diocèses, dans nos paroisses, nous devrons remettre en premier l’évangélisation, la prédication convaincante et rayonnante de l’Évangile, notamment auprès de ceux qui ne viennent pas ou plus à l’Église. C’est là un grand chantier de la conversion pastorale et missionnaire de nos églises locales, et notamment de notre diocèse d’Avignon ; cette réforme du Vatican va grandement nous y aider, accélérer ce qui va dans ce sens, quelque peu interpeller et remobiliser ceux qui y rechignent ou sont découragés. Pour tous, nous y voyons l’impulsion d’un grand élan pastoral et missionnaire. Deo Gratias.
Alex et Maud LAURIOT PREVOST
Délégués épiscopaux à la Nouvelle Évangélisation du diocèse d’Avignon